«Ils doivent être inquiets et soucieux pour le peuple burkinabè. S'ils mettent le Sénat en place, ils vont en assumer l'entière responsabilité. Ils sont têtus, cela ne signifie pas qu'ils sont intelligents. On va obliger Blaise Compaoré à faire marche arrière. Nous sommes debout, alors nous n'avons plus qu'à marcher ». Le calme de cimetière qui a régné un moment dans la salle après ces propos tenus par Hubert Bazié, Président du parti Espoir, est le signe que le ciel politico-social du Burkina est bien nuageux. En plus des consignes qu'il a données pour la marche-meeting du dimanche 28 juillet prochain, le CFOP, Zéphirin Diabré, a expliqué, d'entrée de jeu, les raisons de ce dernier rassemblement. « Les Burkinabè constatent désormais que l'opposition avait raison de dire que le Sénat servira à réviser l'article 37. Que faire face à un pouvoir arrogant qui n'écoute pas son peuple, qui veut dépenser 36 milliards pour nourrir des sénateurs au lieu de doter l'hôpital Yalgado en médicaments, et qui veut réviser l'article 37 pour régner à vie ? C'est de lutter, lutter et encore lutter, car trop, ça devient trop ! », déclarera-t-il avec fermeté. Et de poursuivre pour préciser le slogan de cette marche-meeting qui est « Non au Sénat ! Non à la révision de l'article 37 ! Non à la politique du gouvernement qui ignore la misère du peuple ! ». Pour le CFOP, cette expression refait surface car jusque-là, le pouvoir n'a pas donné de réponse à la lettre de revendication à lui adressée le 29 juin dernier, date de la dernière marche de l'opposition. C'est pourquoi, cette fois, ce dimanche, il n'y aura plus de message. La récente déclaration des évêques, exprimant leur désaccord quant au Sénat a été saluée lors de cette rencontre avec la presse. « L'église a des exigences qui lui donnent le droit de se prononcer sur des problèmes majeurs du pays. Cette déclaration rejoint beaucoup de nos points de vue et nous en sommes réjouis, car nous savons que personne ne peut demander à l'église de se plier dans un sens ou un autre », a estimé Hubert Bazié. Le CFOP a donc saisi l'occasion pour traduire un certain réconfort dans sa position actuelle. « L'opposition se porte très bien, beaucoup mieux qu'elle ne s'est jamais portée. On dit que le pouvoir et le Congrès pour la démocratie et le progrès(CDP), ne dorment plus. Nous, au CFOP, ce n'est pas le cas », a-t-il indiqué. Dans la même veine, Zéphirin Diabré a fait savoir que sur 43 partis membres du CFOP, 35 ont déjà signé la déclaration de boycott du Sénat.
Zeph répond à Tolé : « Je suis néo-libéral »
A ceux qui traitent Zéphirin Diabré de néo-libéral, ce dernier a été clair : « Je suis néo-libéral, car le monde actuel nous appartient, nous l'avons conquis et acquis. Moi Zéphirin, je suis capable d'aller chercher ailleurs pour aider le Burkina Faso à se développer », a-t-il déclaré. Certains journalistes ont, en effet, rebondi sur la question du Sénat qui prend déjà forme alors que l'opposition ne fait qu'aligner les manifestations de rue. « Nous luttons, mais le Sénat peut être mis en place. Mais chez nous, le combat continuera. Au Sénégal, Macky Sall s'était opposé au Sénat de Wade. Il a été mis en place. Mais dès son arrivée au pouvoir, Sall l'a simplement annulé. La même chose peut se faire ici au Burkina. Nous construisons la montagne de sable pour l'alternance », s'est défendu Zéphirin Diabré. Aussi, l'on se rappelle que le secrétaire exécutif national du CDP, Assimi Kouanda, avait déclaré, lors de la dernière conférence organisée par son parti, que les opposants qui contredisaient le pouvoir le jour allaient prendre des enveloppes la nuit. Et bien, Zéphirin Diabré n'est pas passé par quatre chemins pour réagir. « Le CDP a fabriqué des opposants. Le pouvoir a fabriqué des partis politiques conçus depuis les laboratoires de Kossyam. C'est bien normal que ceux-ci aillent prendre leurs perdiems, puisque ce sont les enfants de Assimi Kouanda. En notre sein, je lui demande de citer un nom », a –t-il défié le président du CDP. Et de poursuivre en ces termes : « Moi, je suis chef de file de l'opposition parce que mon parti a plus de sièges à l'assemblée nationale. Donc, je veux désormais m'adresser au vrai chef du CDP et non à une personne maniable, manipulable, sans personnalité », a-t-il martelé. Pour revenir sur les dispositions pratiques de la prochaine marche, l'itinéraire a été précisé et le CFOP a rassuré quant à la sécurité qu'il dit, devoir être renforcée car, finira-t-il : « Tous ceux qui viennent à la marche ne sont pas de bonne foi... » .
Par Serge EKRA DELAFAURCE