Après la rencontre Blaise-Majorité-Opposition : La météo politique demeure indéchiffrable

| 24.09.2014
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Après la rencontre Blaise-Majorité-Opposition : La météo politique demeure indéchiffrable
© DR / Autre Presse
Après la rencontre Blaise-Majorité-Opposition : La météo politique demeure indéchiffrable
Nous l'avons déjà écrit (cf : A Rebrousse-poil du 24 avril 2014) qu'il fallait poser balle à terre, et dans cet éditorial, nous ne croyons pas si bien dire, en écrivant qu'il fallait que le chef de l'Etat rencontre les protagonistes vis-à-vis, sans intermédiaire, quitte à en camper le décor avant de déléguer.

C'est toujours un grand pas vers l'entente, rien que de se retrouver ensemble autour d'une table. Partout, il est de bon ton d'entonner l'hymne du dialogue, lorsque les fils d'un pays se chamaillent, mais, il commence par un face-à-face. Ainsi, semble avoir disparu le ton comminatoire des uns, si ce n'est la morgue des autres, preuve que le fracas des tambours des violences que d'aucuns annonçaient, prélude au chaos semble s'éloigner. Il reste d'ailleurs à trouver le format approprié pour la suite des débats, qui s'annoncent denses et ardus. Le cadre, que doit donc mettre en place Blaise, est très attendu.

Côté fond : Certes, ce n'est qu'un début, mais à écouter les uns et les autres, les positions sont clairement tranchées, ce qui n'est pas nouveau et apparemment, aucun camp semble ne vouloir lâcher du lest.

De ce fait, lorsque le chef de file de l'opposition lâche au sortir de l'audience que «c'est l'occasion pour nous aussi en tant qu'opposition de dire et redire nos positions sur les points qui divisent le pays, à savoir la question du Sénat et de la révision de l'article 37. A ce sujet, nous sommes fortement opposés à toute révision de la Constitution qui ferait sauter la durée des limitations des mandats présidentiels. Nous sommes opposés aussi à la mise en place du Sénat».

Or, Hermann de son côté laisse entendre que «Dès lors qu'on accepte d'aller à un dialogue, on accepte d'avancer, et c'est antinomique et incompréhensible d'accepter un dialogue et de rester campés sur des positions. Ce serait un dialogue de sourds». Plus donc que le cadre, ce sont ces postures sur le référendum et l'article 37 qui devront être discutées. Or, pour discuter de ces Sujets à débat sans fin (SDF), devenus crisogènes pour le Burkina Faso, il faut le contenant, mais surtout un FACILITATEUR. On se rappelle que l'ex-président, Jean-Baptiste Ouédraogo, sa bonne foi en bandoulière, avait essayé de colmater les brêches. Malheureusement, non mandaté officiellement, et une des parties (majorité) n'ayant pas été dûment envoyé par le président du Faso, le médecin-commandant avait dû ranger ses scalpels et bistouris, l'opération chirurgicale s'avérant vouée à l'échec. Il aura eu le mérite d'avoir tenté cette réconciliation.

A ce détour du problème burkinabè, il n'y a pas à l'évidence pour le chef de l'Etat, mille façons de dérouler ce dialogue : en effet, dans le registre des arbres à palabre, il est bien payé pour savoir qu'on ne peut pas être juge et partie à la fois. L'un des points chauds le concerne au premier chef en l'occurrence l'article 37. Blaise qui est l'initiateur de ces pourparlers est bien disposé à les présider, mais le pourra-t-il de façon à ne pas être taxé de partialité ? Il lui faudra absolument, un facilitateur, de préférence externe. Et pourquoi pas Alassane Ouattara de la Côte d'Ivoire, car malgré son tropisme pro-Blaise, le président ivoirien pourrait faire l'affaire. On peut aussi dénicher l'oiseau rare ailleurs, et ce serait même tout bénef, notamment s'il a l'aval de la communauté internationale (France, USA, Europe). Très souvent, un tel facilitateur adossé aux tuteurs puissants a de la poigne pour taper du poing sur la table, en cas de besoin.

Les deux camps antagoniques du Burkina, le savent bien, instruits qu'ils sont par des précédents de cadre de concertation ou de commission qui ont fait long feu. En outre, au regard des positions tranchées et des égos surdimensionnés, maladie infantile des politiciens, sans un facilitateur compétent, la montagne pourrait ne pas accoucher.

Dans l'attente que Blaise déroule sa «méthode» qui a fait ses preuves ailleurs, la météo politique du Burkina demeure toujours indéchiffrable et chacun y va de ses supputations : il y aura crachin, orage, tsunami... et même pas une goutte du tout.

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