En cette matinée de dimanche, est dégarnie la voie menant à la mairie de l'arrondissement 1 (secteurs 1, 2, 3, 4, 5 et 6) de la ville de Ouagadougou, face à l'aéroport international. A l'entrée, quelques policiers en faction, de même qu'à l'intérieur. Loin, on entend la clameur des militants de l'opposition en provenance de la principale avenue de Koulouba. Dans le bureau de vote de cette mairie, règne cependant un calme reposant. Boureima Bougouma et Edgard Compaoré sont venus pour voter. Le premier est candidat (il est d'ailleurs tête de liste) et le second est le maire de l'arrondissement.
A les écouter, il n'y a rien à signaler. Tout se déroule bien et les manifestations antisénat qui ont lieu au même moment le long de certaines artères de la ville ne les offusquent en aucune manière. «Nous sommes dans un pays où règne la démocratie ; c'est donc normal que certains choisissent de marcher aujourd'hui. Il n'y a aucun problème, l'essentiel étant que personne ne gêne l'autre. L'important est de laisser chacun faire son choix», a lâché Boureima Bougouma, celui qui fut dans une autre vie gouverneur de la région du Centre. Dans cet arrondissement, le bureau a ouvert ses portes à 6 heures (heure légale) et au moment où nous passions en ces lieux, 14 votants ont déjà été enregistrés. Tous membres du CDP (parti au pouvoir) naturellement, les conseillers de l'UPC (au nombre de 8) ayant boycotté l'élection suivant le mot d'ordre de leur parti. «Pour le moment, aucun n'est venu. Peut-être qu'ils sont en route», a dit par ironie le maire Edgard Compaoré.
Du côté du quartier Nagrin, sur la route de Saponé, à la mairie de l'arrondissement 7 qui comprend le secteur 30, 31, 32 et 33, c'est presque le même tableau qui s'est dessiné : aux environs de midi, sur les 18 conseillers que compte le Conseil municipal de cette zone, 14 (tous du parti majoritaire) avaient rempli leur devoir civique. 4 (relevant de l'opposition) manquent à l'appel.
C'était la même ambiance qui régnait à quelques kilomètres de là, plus précisément à l'arrondissement 12 (secteurs 52, 53, 54, 55), du côté de la Patte d'Oie. Foi du président de ce bureau de vote, Mahamadi Koanda, tout se passe comme sur des roulettes. Tous les conseillers CDP ont voté, exception faite d'un qui est en mission. Aucun des cinq conseillers de l'UPC n'avait jusque-là pointé le nez. Et que pense le président de ce bureau de vote des manifestations antisénat ? Grand débatteur devant l'éternel, Mahamadi Kouanda fulmine. «Ceux qui marchent contre le Sénat ne sont pas dans leur droit. C'est une attitude anticonstitutionnelle, antidémocratique et irresponsable. Le Sénat fait partie des différentes réformes politiques prises au Burkina Faso. C'est grâce à ces mesures, notamment la proportionnelle au plus fort reste, que les «petits partis» siègent à l'Assemblée nationale. Sans ça, certains n'allaient pas être chefs de file de l'opposition aujourd'hui».
Issa K. Barry