Ne nous étonnons donc point, qu'une Licence, censée se boucler au bout de trois années naturelles, se prolonge à 6 ans, soit 3 années supplémentaires de gâchis ! Trois ans, ça fait beaucoup dans la vie d'un jeune ! Ce temps fait le cumul de trois dettes FONER annuelles superflues... Au bout de trois ans aussi, un enfant qui naît, marche, apprend à parler et même, peut être inscrit à la maternelle... C'est une façon de dire qu'on ne fait pas l'université pour l'université elle-même. Au contraire, l'étudiant s'inscrit à l'université pour construire sa vie ! Ce message doit passer une bonne fois pour toute !
On pourrait rétorquer que cette observation est du déjà connu, donc un truisme ! Si les choses sont si évidentes que cela, les étudiants disposent donc d'arguments suffisants, pour traduire devant les juridictions, « pour négligence de la vie d'autrui, obstruction du progrès des jeunes générations et compromission de l'avenir et du développement de la nation burkinabè ». Qui traduire de droit, devant les juridictions nationales et/ou communautaires de l'UEMOA ? Il n'est pas nécessaire de chercher loin. Il faut tourner le regard vers les décideurs qui ont choisi de nous empêtrer dans ce système, en connaissance de cause, sans pour autant mettre en œuvre, les dispositions opérationnelles de son accompagnement.
Douter que ces décideurs pussent ignorer que la machine LMD allait se gripper immédiatement, ce n'est point leur faire honneur... Chacun doit rendre compte - de façon transparente -, de sa gestion, surtout si elle affecte la vie de milliers de citoyens, en particulier, l'avenir de toute la nation. C'est une haute exigence de la démocratie, à laquelle nous tenons tant, si l'on s'en tient aux discours officiels. L'enjeu principal de cette démarche, est moins de sanctionner que de situer les responsabilités individuelles et collectives, afin de tirer les leçons futuristes. Encore que dans le cas d'espèce, même un non-lieu médiatique est bon comme signal fort, pour dire qu'au-delà du Burkina, le monde est en pleine mutation continue et que la très vieille citation - « plus rien ne sera comme avant » -, reste en vigueur !
Voyons comme c'est paradoxal ! L'université, habile à inventer des années, haut lieu des théories-solutions, creuset du savoir, pôle d'intelligence par excellence, se trouve engluer dans des contraintes organisationnelles et structurelles, qui semblent bien loin de se désamorcer, même dans les prochaines années, si rien d'audacieux n'est fait ...
Pourtant, en empruntant à l'économiste Samir Amin une expression, la solution est possible dans ce qu'on pourrait appeler « la déconnexion » ...
(1) Bianchini Pascal
- (1997), Crises de la scolarisation, mouvements sociaux et réforme des systèmes d'enseignement en Afrique noire : le cas du Sénégal et du Burkina Faso (1966-1995), Université de Paris III, Thèse de doctorat 3ème cycle de sociologie, tomes I et II, 803 p.
- Ecole et politique en Afrique noire : Sociologie des crises et des réformes, Karthala, Google Livres, visité le 19 juillet 2012.
Ouagadougou, le 13 mai 2015.
Idrissa Diarra
Géographe, politologue.
Secrétaire exécutif du Mouvement de la
Génération Consciente du Faso (MGC/Faso).
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