La drogue : autre ingrédient à prendre en compte dans les dérives, vindictes populaires, lynchages publics et incivismes

| 07.06.2017
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La drogue : autre ingrédient à prendre en compte dans les dérives, vindictes populaires, lynchages publics et incivismes
© DR / Autre Presse
La drogue : autre ingrédient à prendre en compte dans les dérives, vindictes populaires, lynchages publics et incivismes
C’est connu ! Cohabiter avec un dépendant de drogue, c’est courir le risque de toutes sortes de surprises, d’abus et d’humiliations. Car par nature, l’abus de drogue a cet effet sur son consommateur, de détruire la personnalité connue, d’annihiler tout ce qui est censure d’ordre moral, religieux et l’observation de la légalité: feux tricolores, hiérarchies sociales, administratives, scolaires, bref, incivismes et immoralités ne sont plus filtrés. Vu l’ampleur visible de la drogue dans notre société, les analyses des violences publiques, de certaines formes de criminalités et d’incivismes ne devraient plus ignorer ou négliger l’ingrédient drogue qui conduit aussi aux mêmes conséquences nuisibles.

C’est quoi donc la drogue ?

La drogue désignée par l’exemple est un fourre-tout comprenant des substances autorisées et illicites. Ce sont notamment les alcools frelatés, la cocaïne, la marihuana, les colles, les dissolutions et les tramadols de rue (tremadols), etc. Absorbées, ces substances modifient les fonctions naturelles nerveuses, psychiques et psychologiques de la personne. Leurs consommation fréquentes et abusives créent la dépendance et altèrent les fonctions sus-citées tout en portant atteinte grave à l’équilibre de l’individu, de sa famille, de sa société, donc de l’espace public.

Difficile cohabitation avec la drogue

Toute la société ne saura indéfiniment fuir le dépendant de drogue pour difficile cohabitation. Il y a toujours un exutoire quelque part pour décharger les effets de la drogue! Comme le dit le célèbre physicien : « rien ne se perd, tout se transforme ». Si ce n’est donc pas à domicile, ce sera devant la porte du domicile, sinon dans le grand espace public que l’effet de drogue s’il y a lieu, finira par se manifester. Un seul individu dans un état second sous l’effet de la drogue au milieu d’une foule saisie par la rumeur et des interrogations, peut faire radicalement basculer la tournure des évènements, passant du compréhensible au drame incommensurable.

Une simple rumeur non vérifiée de vol d’un bébé devient chez l’individu à l’état second, une affaire personnelle, pour laquelle il faut s’arroger tout droit, y compris l’effacement du droit d’autrui poussant jusqu’à vouloir commettre un délit encore pire que ce que l’on reproche à son vis-à-vis. Démesure, quand elle nous tient !

Cette démesure il faut la condamner avec la dernière énergie! Dans l’affaire de Adja Divine (oh quel beau nom !), si rien ne nous permet de faire des affirmations avec certitude, il semble prudent de ne pas négliger l’effet possible de stupéfiants chez certains. Il en est de même pour les excès observés dans la localité de Logobou chez les scolaires, excès poussés jusqu’à réduire les enseignants et mettre les couleurs nationales en pièces sans aucun égard ! Bien d’autres exemples de violences et de violation de droits humains alimentant l’actualité sous nos yeux peuvent être cités à ce titre d’excès et de démesure également...

L’ampleur et l’identité de la drogue dans notre société aujourd’hui

L’ampleur de la consommation de la drogue dans notre société se mesure empiriquement par le nombre explosif de lieux de vente de toutes sortes de frelatés et autres psychotropes. A chaque bout de quartier, poussent comme des champignons, des kiosques de vente de toutes sortes de stupéfiants échappant au contrôle des autorités.

La drogue est une réalité qui a atteint des proportions inquiétantes dans notre société, aussi bien rurale qu’urbaine. Si autrefois elle s’identifiait à de délinquants désœuvrés, aujourd’hui, la drogue n’a plus a priori d’identité spécifique et toute la société y est exposée d’autant plus que ses adeptes se recrutent de plus en plus en nombre significatif dans les milieux scolaires et étudiants. L’école qui fut avant un bouclier anti-drogue, devient de plus en plus, un nid de développement de ce cancer. Ce ne sont pas les statistiques éloquentes des services de répressions et de lutte contre la drogue qui manquent pour le témoigner :

  • (au titre de 2016) selon les résultats d’études publiées, sur 30 familles vivant près des écoles à Ouagadougou, 21 d’entre elles pensent que la drogue est une réalité et 5 refusent d’en parler ;
  • quant à celles vivant le long de barrage ou canal, 7 sur 10 estiment qu’il faut faire quelque chose pour sauver les enfants. En milieu scolaire et étudiant, 28 élèves et étudiants sur 30 affirment que c’est une réalité ;
  • jusqu’à 1975 enfants et jeunes en difficulté avec la loi pour toxicomanie ont été reçus dans les services de l’action sociale.

Au regard de ces constats, notre hypothèse est la suivante : si la drogue a atteint nos écoles qui furent jadis des temples, des ambassades anti-drogue, c’est qu’elle a atteint largement notre société avec évidemment aussi ses effets néfastes généralisés - comme peut le l’attester également les importants tonnages de drogue saisis fréquemment par les forces de contrôles.

Que faire ?

La solution à de telles préoccupations sociales mérite des réflexions soutenues assorties de propositions concrètes que cette seule tribune ne saurait suffire à détailler. Mais il est clair que l’attitude bien répandue consistant souvent à tout rejeter sur l’Etat est une approche de facilité et de raccourci aussi évasif qu’infertile. Sous nos tropiques, le sens même de l’Etat concret ne demeure-t-il pas à expliquer pour la grande masse ? En d’autres termes, l’Etat c’est qui ? Tout le monde et personne à la fois (Pierre Bourdieu).

Les dirigeants politiques ont certes une responsabilité structurelle lourde et de premier plan notamment dans l’orientation de l’éducation sociale et de l’école mais chacun de nous - dans sa famille et dans l’espace public- a absolument une responsabilité significative à assumer en intégrant le principe de base suivant: ne fais pas à la fille d’autrui, ce que tu ne veux pas qu’on fasse à ta sœur ! « Ne fais pas à autrui, ce que tu ne veux pas qu’on te fasse ! »

Idrissa Diarra
Politoloque
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06 juin 2017.

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