Les burkinabé ont vécu les menaces à l'encontre du premier ministre militaire et des autres militaires « invités-forcés » aux instances de la Transition. Des circonstances atténuantes à ce crime? le prétexte que c'est une affaire de militaires. Dans une République digne de ce nom, que signifie UNE AFFAIRE DE MILITAIRES ? Et les voilà qui en rajoute en exigeant la démission de l'imposé-premier ministre à défaut d'en faire le président de la République. Le RSP cesserait-il donc d'être cette composante, cet outil que s'est donné la REPUBLIQUE pour se métamorphoser en une entité autonome à-même de s'auto-définir en dehors de l'Etat? Si oui, la situation est plus-que des plus dramatiques : quand une des houes de la charrue en vient à donner des ordres au laboureur, s'en débarrasser devient vital quitte à sacrifier l'âne qui la tire.
1) DE LA GRAVITE DE L'HEURE
Un sms qui dit "... de VENIR à Kosyam (et non d'ALLER à Kosyam) pour déloger le RSP... c'est ce que dit avoir reçu un citoyen, le professeur Luc Marius Ibriga, de surcroît un civil qui à ce que je sache ne connait rien au maniement des armes. Les porte-paroles du RSP qui ont tenté ces derniers jours de justifier la nécessité pour la république de s'encombrer de leur organisation doivent s'en mordre les doigts, sonner la nullité de leur argumentaire et avouer que le démantèlement reste la seule alternative à la machine devenue folle. La langue française nous apprend que démanteler un corps, ce n'est pas abusivement licencier ceux qui le composent, encore moins les considérer comme paria; pour autant, il ne faudrait pas en profiter pour distribuer une prime à l'impunité en ne traduisant pas devant les tribunaux ceux qui hors de l'exercice de leur fonction, ont utilisé et utilisent les moyens dévolus à cette fonction pour inquiéter, blesser ou tuer d'innocents citoyens désarmés. Ces derniers jours - ironie du sort, nous sommes en pleine transition après une insurrection - défilent sous nos yeux les preuves que le RSP ne mesure pas à sa juste valeur la gravité de ce que lui-même est devenu. C'est normal mais c'est dramatique. Blaise s'étant interdit l'humilité nécessaire pour se soumettre à la loi fondamentale du peuple, "son" RSP également est incapable de faire le sursaut nécessaire pour s'auto-démanteler à la requête de ce peuple. Quand on décide de se comparer allègrement au GIGN français pour revendiquer son existence on ne devrait pas omettre de se convaincre qu'à AUCUN moment, AUCUN "élément" du GIGN, sous AUCUN prétexte, n'a fait ce que ces éléments du RSP "ont fait et y'a rien" ; on devrait a-minima accepter que son existence pose un problème à la société et opter pour le suicide si aucune transformation n'est possible. Sont-ce les analphabètes du RSP qui ont menacé les militaires invités dans la transition ou sont-ce encore eux qui menacent maintenant des citoyens désarmés? A ce que nous constatons, les menaces sont un comportement inné, génétique au RSP mais pas au GIGN. Je serai burkinabé que je ne pourrai plus fermer l'oeil, ni le jour ni la nuit. Pour avoir échappé dans le passé à plusieurs reprises jusqu'à une visite de deux éléments du RSP chez moi, l'arme posée sur mon guéridon (ce fut la première fois que je voyais un tel "joujou" de si près), je me dis que le miracle (mon voisin, Pierre, est juste rentré par hasard à temps pour me dire bonjour, ce qui me sauvât la vie) ne se répéterait plus pour moi, citoyen burkinabé lambda qu'on a raté « de faire » pour une raison que j'ignore. J'ai donc cru que l'insurrection survenue c'est vive la République et à mort la terreur ; Bon Dieu fasse que je ne me sois pas réjoui trop tôt ou que je ne me sois pas trompé.
2) DEMANTELER LE RSP, UN RISQUE OU UN SALUT POUR LA REPUBLIQUE?
Le plus grand risque pour une République est le coup d'Etat et la plus grande menace est qu'elle héberge en son sein qui peut faire un coup d'Etat. Les arguments des écrits de nos frères et amis du RSP est que le démantèlement du RSP nous expose à des menaces sur la République. Ah, bon ? Noté !
a) Dans l'hypothèse où nos amis seraient de bonne foi ils devraient nous dire alors qui peut menacer la République au point que cela nécessite l'intervention d'une force aussi suréquipée et aussi sur-formée que le RSP? Qui peut le faire si ce n'est un autre RSP? Et comme y'a pas deux RSP au Burkina, LE COUP D'ETAT EST ET RESTERA POSSIBLE QUE SI ET SEULEMENT SI LE RSP EST TOUJOURS VIVANT. Si on démantèle le RSP, la menace de coup d'Etat devient faible et de fait de simples forces de sécurité suffisent à assurer la protection des institutions de la république contre quelques éventuels malfrats mal armés et mal formés (proposition du Collège des Sages, des OSC actuels et du citoyen lambda). Si, comme nos amis se défendent, Boko Haram en profiterait pour menacer l'institution présidence de la république, croyez-vous que le RSP nous serait d'une quelconque utilité? Le RSP attendrait donc sagement que Boko Haram traversât les frontières et arrivât à Kosyam avant d'agir? Je n'y crois guère parce que cela signifierait que Boko Haram serait déjà dans le RSP ou peut-être serait devenu le RSP, s'il ne l'est déjà.
b) Si au contraire, nos amis sont de mauvaise foi, les burkinabé doivent comprendre que "son RSP" menace de détruire la République si jamais la République souhaite s'en débarrasser, comme l'ont écrit publiquement les porte-paroles de ce régiment, noir sur blanc; une menace de mort en belle et due forme quoi! Alors, une plainte nationale et internationale devrait être immédiatement diligentée pour menace de mort sur la personne de la République et citoyens de la République. Il est alors du droit de la République de mobiliser les ressources nationales et internationales nécessaires pour venir à bout de ces êtres poseurs de bombes infiltrés dans la civilisation. Citoyens! Permettez-moi de déduire donc que le NON-DEMANTELEMENT DU RSP CONSTITUE LA FAUTE LA PLUS LOURDE A LA REPUBLIQUE QUE LA TRANSITION PUISSE SE LE PERMETTRE.
3) ENTRE LA REPUBLIQUE ET L'ETAT D'EXCEPTION, LA TRANSITION DOIT SONNER LA RUPTURE
A quoi nous aurait servi la Transition si ce n'est pour la République et à quoi aurait servi l'Insurrection d'Octobre si nous devons pactiser avec l'Engeance(1) d'Anta (puisque forcément les élections vont nous donner des excroissances modulées de l'Engeance, des gouvernants et un président (MPP, UPC, ...) qui auraient forcément été formatés par elle). Alors, comment voulez-vous que ce gouvernement-là utilise autrement ce RSP qui aura survécu à l'insurrection qu'à la manière habituelle, coutumière? Ceux qui tambourinent l'amalgame entre être pour la dissolution du RSP et être pour le soutien à Zida-rsp sont de mauvaise foi, font une analyse superficielle voire tendancieuse et malhonnête de la volonté populaire et veulent à dessein noyer l'insurrection dans des considérations purement égoïstes. S'il n'y avait pas eu cette menace du RSP sur le devenir de la transition, Zida-rsp aurait-il été appelé? Doit-on oublier ces tractations et ces nuits blanches pour la conception de la charte de transition rédigée dans l'objectif de réduire autant que faire se peut la mainmise du RSP sur la transition? Le collège des sages qui a demandé le démantèlement du RSP jouait-il donc pour Zida qui n'était pas encore là? Aujourd'hui, que Zida et le RSP s'auto-diluent dans l'armée nationale et le peuple n'aurait rien à redire et la république s'en porterait oh combien mieux. Si déjà la Transition est incapable de résoudre ce problème pratique comment pourrait-elle « PREPARER ET CIMENTER NOTRE AVENIR POLITIQUE afin qu'aucun individu ou groupe ne vienne, au prétexte d'avoir été élu démocratiquement, "nous pomper l'air ici" (comme l'aime écrire notre ami Kôrô Yamyellé(2)). Je viens de lire la campagne d'un parti politique annonçant que s'il gagne le régime sera semi-présidentiel, l'armée rentrerait dans les casernes, les émoluments des députés seront réduits, etc. Il ne faut SURTOUT PAS laisser faire çà par un parti politique; les réformes politiques incombent à la Transition qui bénéficient de l'impersonnalité, de la neutralité, de la représentativité et dont les ouvriers sont payés en conséquence ; dans le cas particulier de la crise RSP, si la Transition ne peut démanteler le RSP alors notre insurrection est vaine. Peut-on avoir côtoyé de près l'Engeance sans avoir peur du RSP? Ce serait irresponsable d'enfouir la tête sous le sable en attendant que le temps passe avec l'espoir que tout se déroulera bien et que la patate chaude fusse alors refilée aux futurs autorités. LE DILEMME QUE NOUS POSE LE RSP AUJOURD'HUI DOIT ETRE DEFAIT ICI ET MAINTENANT OU A JAMAIS. Transitions, campagnes électorales avant l'heure, moralisation de la vie publique, états généraux par-ci, états généraux par-là... Peine perdue si l'épée de Damoclès qui plane au-dessus de nos têtes reste suspendue. Seuls des goujats assoiffés de pouvoir et d'argent, seuls qui préfèrent manger et se taire, pourraient s'accommoder d'un tel système organisationnel après en avoir chassé le géniteur : une consécration du "OTES-TOI QUE JE M'Y METTE" quoi? L'amorce du déclin d'une insurrection quottée à l'International.
Recommandations :
Comme Rodrigue (cf. LE CID), Aux âmes bien nées la valeur n'attend point le nombre de galons et comme tout autre que son père, le peuple le prouverait-il sur l'heure ? Un affront certes qui ne saurait se laver que dans le sang? Et pourquoi pas ? Seulement le peuple exige que pour l'honneur, le duel soit à armes égales ; et puis, attention, l'illusion n'est-il pas de croire que la kalachnikov est plus destructrice que la spatule ? Qu'on ne m'obligeât donc point à marcher avec un crayon et/ou un clavier accroché au cou criant « je pense donc j'ai droit à la vie... je pense... » ou que le professeur Ibriga, un pistolet sur la tempe, soit contraint de porter sur ses genoux un fagot de « cours préparés de droit » récitant « je suis constitutionnaliste... seulement constitutionnaliste... ». S'il existe au sein du RSP des "éléments/protégés" incapables de croiser le fer à armes égales, admettons donc que les frères Kouachi et Amedy Coulibaly (cf. assassins de Charlie Hebdo) ont ressuscité au Burkina et que Kosyam est la Représentation du Califat de Boko Haram. A la Transition alors d'actionner l'alerte « VIGIPIRATE » !
Dans l'attente de compiler prochainement les flèches et les fleurs qui me parviendront au cas où ces lignes véhiculeraient plus que des élucubrations, je souhaite formuler quelques recommandations aux protagonistes ou partenaires de la scène politique :
- à la Transition, je juge la situation suffisamment grave pour qu'elle prenne ses responsabilités, mette fin à l'Etat d'Exception et engage la République sur la voix de l'Etat de Droit. A défaut que nos députés nommés acceptent d'endosser collectivement et individuellement la forfaiture.
- au RSP, si l'obéissance est la sève vitale d'une armée, qu'il comprenne que CHACUN DE SES ELEMENTS DOIVE OBEISSANCE PASSIVE ET IMMEDIATE A LA REPUBLIQUE parce qu'au sommet de la hiérarchie trône le maréchal République asservie par le législatif (le CNT), le judiciaire et l'exécutif (gouvernement). A défaut il faudrait rendre les armes à son propriétaire (la République), démissionner de l'armée et rembourser les coûts de formation au Trésor public.
- aux compatriotes intègres, aux assoiffés de justice, de liberté et de dignité, aux inconditionnels de la démocratie, « na lara, n'sara » disait le professeur Ki-Zerbo, que l'on pourrait traduire par « surgo ergo sum » (je suis debout donc j'existe).
- Hic et Nunc : Ici et Maintenant
- De facto : de fait
- Engeance : nébuleuse mafieuse d'abrutis agglutinés autour du régime déchu. Concept de Anta dans les forums.
- Kôrô Yamyellé : membre des pionniers de l'insurrection avant l'heure.
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Surgo-ergo-sum (1/x)
Marcel BAKAYOKO
IT specialist
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Tél. 74003158 (à partir du 8 mars, de 20h00 à 23h00)