Débat : Pour plus d'opportunités d'emplois pour les jeunes, pourquoi ne pas revenir sur l'âge de la retraite?

| 08.01.2015
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Débat : Pour plus d'opportunités d'emplois pour les jeunes, pourquoi ne pas revenir sur l'âge de la retraite?
© DR / Autre Presse
Débat : Pour plus d'opportunités d'emplois pour les jeunes, pourquoi ne pas revenir sur l'âge de la retraite?
L'ors de son discours à la Nation à l'occasion du nouvel an, le Chef de l'Etat Michel KAFANDO a, entre autres, annoncé plusieurs chantiers comme faisant partie des priorités de la transition. Il a dit en substance, concernant la jeunesse : « Nous n'avons pas oublié nos engagements en faveur des jeunes. En plus de l'inscription au budget national d'une ligne de crédit, nous comptons mobiliser des ressources additionnelles pour jeter les bases de notre programme pour l'emploi des jeunes. J'ai bien précisé qu'en raison de la durée de vie de la transition, nous tracerons au moins les sillons, à charge pour ceux qui viendront après nous de les parfaire »


D'entrée de jeu, nous sommes de ces personnes qui pensent que, quels que soient les exploits que les organes de la transition auront réalisés au cours de leur mandat d'un an, ils auront échoué s'ils ne parviennent pas à organiser des élections libres, inclusives, justes et transparentes afin de ramener le pays sur les rails d'un Etat de droit véritable, synonyme de retour à l'ordre constitutionnel normal. Si en plus de cette principale mission et des questions quotidiennes de survie et de sécurité les organes de la transition arrivent à poser les jalons d'autres chantiers afin que ceux qui prendront la relève puissent les poursuivre et les parfaire, c'est tant mieux. Pourvu que cela ne soit pas préjudiciable à la réalisation de la mission pour laquelle ils ont été mis en place.

La question de l'emploi des jeunes, ceux là même qui ont été une des pièces maitresses de la révolution d'octobre, nous interpelle tous. Elle a toujours été en bonne place lors de sorties des plus hautes autorités de la transition, comme l'atteste le discours du Président du Faso cité ci-haut. Nous allons donc jeter le pavé dans la marre, en posant la question suivante : Si tant est que la question des opportunités d'emploi pour les jeunes constitue une préoccupation de premier ordre, pourquoi ne pas revenir sur l'âge de la retraite et le revoir à la baisse ?

Il est vrai que depuis près d'une décennie sinon plus, dans les pays membres de l'UEMOA, la tendance a été la généralisation de l'âge moyen de la retraite à 60 ans, certaines catégories de salariés pouvant cesser activité une (1) à quatre (4) années en moins ou trois (3) années de plus. Au Burkina Faso, le Décret No 2005-024/PRES/PM/MTEJ/MFB du 31 janvier 2005 fixe l'âge de départ à la retraite des travailleurs salariés comme suit : 56 ans pour les ouvriers et assimilés ; 58 ans pour les employés et assimilés ; 60 ans pour les agents de maitrise, les cadres et assimilés ; 63 ans pour les médecins et enseignants du supérieur officiant dans le privé.

Au Burkina Faso comme dans les différents pays concernés, des arguments ont été développés de part et d'autre, soit pour décrier ou pour applaudir la mesure. Pour les uns, « la retraite à 60 ans risque de pénaliser les jeunes qui sont de plus en plus nombreux sur le marché du travail ». Pour d'autres, « cette opération permettra de renflouer la Caisse de la Sécurité Sociale, les employés qui travailleront plus longtemps cotiseront davantage avant de jouir de leurs économies» Selon les défenseurs de la mesure donc, « certains agents passent plus de temps en position de retraite qu'en temps d'activité. Alors que notre système est celui par répartition qui veut que les recettes techniques soient suffisantes pour prendre en charge les pensions de retraite»

Nous sommes en face de deux argumentaires qui tiennent tous la route, dans le contexte actuel où d'une part les cotisations sont insuffisantes pour prendre en charge les pensions de retraite, alors que d'autre part le taux de chômage des jeunes ne fait que grimper vertigineusement.

Notre préoccupation dans le présent article, c'est le chômage croissant des jeunes et nous nous demandons si revenir sur l'âge de la retraite dans le sens de sa révision à la baisse ne contribuerait pas à résorber de façon significative cette question, dans la durée.

Quels ne seraient les gains pour la jeunesse et partant pour la nation entière si l'âge de la retraite des salariés des deux dernières catégories par exemple, était réduit respectivement d'un (1) et de deux (2) ans pour ceux qui devraient aller à la retraite a 60 et 63 ans ?

Dans nos campagnes et villages, les personnes d'un certain âge (55 ans et plus) sont généralement déchargées des travaux champêtres quand elles ont de grands enfants pour prendre la relève. Il en est de même des femmes de la même tranche d'âge sinon moins qui, en plus, sont déchargées des tâches ménagères quand elles ont des belles filles pour les soulager de ces travaux. Pourquoi cette valeur cardinale de respect, de soutien et de prise en charge des personnes âgées ne pourrait-elle pas s'appliquer concernant les salariés d'un certain âge ?

Si le problème réside en ce que les cotisations sont insuffisantes pour prendre en charge les pensionnés, pourquoi ne pas penser à revoir ces cotisations à la hausse ? Nous ne pensons pas que les personnes en activité (les travailleurs), et en prime la jeunesse pour qui l'on aura créé des opportunités pour augmenter son accès à l'emploi, rechigneraient à accéder à cette exigence. Ce ne serait ni plus ni moins qu'une contribution à une prise en charge plus décente des personnes âgées, et de soi-même quand viendra de moment de jouir de sa retraite.

Comme nous l'avons dit plus haut, c'est un pavé que nous jetons dans la mare pour susciter la réflexion et le débat, à charge pour les spécialistes de la question de nous enrichir par leurs avis et apports.

Cynthia Benao
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