Samedi 3 mai 2014. Impossible de trouver un car pour Lomé. Les cars reliant notre pays à la capitale togolaise quittent généralement Ouagadougou, les jeudis et dimanches. Ainsi, faute de compagnie de transport en commun en direction de Lomé, nous empruntons une autre aux environs de huit heures à destination de Tenkodogo. Après près de trois heures de trajet, nous sommes dans la province du Boulgou. Nous réitérons le même scénario à Tenkodogo, cette fois-ci, à bord d'un minicar communément appelé « Dyna » jusqu'à Cinkansé, ville frontalière du Togo. A ce niveau, des jeunes (des Burkinabè pour la plupart) juchés sur leurs engins couramment appelés des « zémidjan » se proposent de nous amener de l'autre côté de la frontière distant d'à peine trois kilomètres moyennant 300 F CFA, afin que nous puissions emprunter, en territoire togolais, un car pour Lomé. Occasion que nous avons vite fait de saisir. Chose curieuse, aucun agent de la douane togolaise n'est posté à ce niveau. Seul un policier règlementant la circulation pour faciliter les travaux de bitumage de la voie. Selon, le jeune homme qui nous a conduit à moto, les douaniers togolais sont là les jeudis et les dimanches parce qu'il y a beaucoup de voyageurs ces jours-là.
Nous arrivons un peu tard à la gare de la compagnie de transport que nous devrions emprunter pour Lomé. En effet, le car de 15 heures à destination de Lomé est déjà plein bien avant 13 heures, heure à laquelle nous sommes arrivés. L'impératif d'être à Lomé le dimanche nous oblige à emprunter de nouveau un « Dyna ». Les apprentis de ce véhicule nous accostent. « Il reste une place seulement et on démarre », nous lancent-t-ils. Que nenni ! En réalité, les apprentis se prenant pour des passagers s'amassent derrière un véhicule en position de départ. Et lorsqu'ils font venir un client, après avoir récupéré les frais de transport, ils le font monter dans le véhicule, ils l'enferment et disparaissent. Quand ils reviennent avec un autre client, cette fois-ci, ils mettent le moteur en marche et disparaissent de nouveau jusqu'à ce que toutes les places soient prises. C'est cette misère que nous avons dû vivre avant de démarrer enfin pour Lomé aux environs de 15 heures. Le voyage s'est fait sans couac, mis à part les petits arrêts, soit pour prendre du carburant, soit pour donner « la part » du douanier comme ce fut le cas à Sokodé. Le sommeil et la fatigue aidant, nous traversons, sans le savoir, la ville d'Atakpamé où des commerçants burkinabè ont perdu la vie au cours d'un accident, dans la nuit du 14 avril 2014. Plus loin, nous assistons à un autre accident, cette fois-ci survenu à une centaine de km de Lomé où un camion-remorque obstruant le passage a obligé un « Dyna » à descendre sur le bas côté de la voie. Celui-ci s'est finalement renversé avec des passagers à bord. Fort heureusement, il y a eu plus de peur que de mal. Grâce au coup de main des uns et des autres, le véhicule a été remis sur les quatre roues. Après cet épisode, à 2 heures 40 minutes du matin, notre véhicule stationne à un poste de police à 15 kilomètres de Lomé. Nous sommes sommés de passer la nuit en ces lieux et de reprendre le trajet à six heures. La raison, suite à l'accident survenu à Atakpamé, les autorités togolaises ont pris des mesures interdisant les véhicules gros porteurs et transports en commun de circuler après 18 heures. Mais contre toute attente, nous obtenons l'autorisation de l'agent de police de poursuivre notre chemin après une vingtaine de minutes de négociation du fait de la présence d'un passager malade dans notre « Dyna ». C'est finalement à 3 heures 35 minutes que nous déposons le pied dans la ville de Lomé, une ville presque endormie.
Paténéma Oumar OUEDRAOGO