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Trafic de Drogue : Les adeptes de la marijuana en nette progression au Burkina

| 11.09.2014
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le commissaire de police Salif Yembi Soudré (chef de l’Unité Anti Drogue)
© DR / Autre Presse
le commissaire de police Salif Yembi Soudré (chef de l’Unité Anti Drogue)
Selon des observateurs, l'Afrique de l'Ouest constitue une plaque tournante pour le trafic de drogue. Le Burkina Faso quoiqu'ayant une législation des moins complaisante avec les trafiquants des stupéfiants à l'intérieur de ses frontières, n'a cependant pas échappé à cette réalité. Chaque année, de grosse quantité de drogue et de médicaments prohibés sont saisis par les agents de force de l'ordre. Les statistiques montrent une nette progression du nombre de personnes impliquées dans le trafic de drogue parmi lesquelles des élèves.

La consommation et le trafic des stupéfiants prennent des allures très inquiétantes au Burkina Faso. Face aux forces de défenses et de sécurité qui mènent une lutte acharnée contre les trafiquants et autres revendeurs des stupéfiants, ces derniers ne font qu'innover leurs stratégies de trafic rendant leur circuit encore difficile à contrôler. Du coup que ce soit les drogues dites douces (le cannabis encore appelé Marijuana ou chanvre indien), les drogues dures (l'héroïne et la cocaïne) et les amphétamines (le tramadol par exemple) circulent au Burkina. Les boites de nuit, les bidonvilles, les sites d'orpaillage et même les établissements d'enseignement constituent des milieux où pullulent ces stupéfiants.

Le Burkina, pays de transit

Selon le commissaire de police Salif Yembi Soudré (chef de l'Unité Anti Drogue), le Burkina Faso du fait de sa situation géographique est un pays de transit des narcotrafiquants. Bien qu'il y ait des contrôles au niveau des frontières, les trafiquants dissimulent leurs stupéfiants (la drogue dure notamment) dans les marchandises, dans les véhicules de transport de bois et même dans les engins à deux roues. Certains trafiquants même procèdent par des pratiques inimaginables en enfouissant la drogue dans leurs organes digestifs notamment dans le rectum. Cependant, si la cocaïne et l'héroïne se retrouve sur nos marchés, c'est parce que lors du passage certains trafiquants à court d'argent vendent une petite partie de leur drogue pour pouvoir continuer l'aventure. Autrement dit, le Burkina Faso n'est pas une destination privilégiée des narcotrafiquants, parce que la drogue dite dure est très chère.

Une fois à l'intérieur du pays, les trafiquants prennent contact avec des dealeurs qui à travers leurs réseaux procèdent à l'écoulement des stupéfiants. Pour échapper à la vigilance des agents de sécurité, ces drogues subissent des conditionnements. Ainsi la cocaïne est conditionnée en ''dose'' et l'héroïne en ''ligne''. Pour ce qui est du chanvre indien, cet espèce de drogue est même cultivé au Burkina par certains indélicats. Moins toxique lorsque la plante est jeune, le chanvre indien devient très toxique lorsqu'elle commence à fleurir. Ses feuilles séchées sont fumées ou préparées avec le thé. Ses graines sont transformées en pâte. Mais généralement pour sa commercialisation, le chanvre indien est compressé en plaquette enrobée dans des sachets pour masquer l'odeur et la saveur. Selon le chef de l'unité anti drogue, la dose de cocaïne, d'un poids pratiquement nul, est vendue à 3000 FCFA et la ligne pour ce qui est de l'héroïne coûte 1250 FCA.

Quant à la période où on retrouve le plus les stupéfiants sur le marché, le commissaire Salif Y Soudré, nous confie que c'est généralement à la fin des récoltes que le chanvre indien circule le plus alors que la famille des drogues dures et les amphétamines circulent permanemment toute l'année.

Une progression de plus de 70 par rapport à 2013

Selon les statistiques que nous avons recueillies auprès de l'unité anti drogue de la police, le niveau de consommation de la drogue connait une réelle progression au Burkina. En 2013, 242 personnes ont été prises dans les mailles de la police avec à la clé 13, 229kg de cocaïne, 729 boules d'héroïne et 1, 042 tonnes de médicaments prohibés saisis. De janvier à septembre 2014, le nombre de personnes interpellées est passé à 415 personnes. Avant même la fin de 2014, on enregistre une progression de plus de 70% du nombre des personnes interpellées par les forces de sécurité, soit 173 personnes de plus qu'en 2013. Quant à la quantité de stupéfiants saisis, 29,051 Kg et 1551 boules de cannabis ont été saisis tandis que 242 lignes d'héroïne et 209 doses de cocaïne ont été prises. Quant aux médicaments de rue, une opération conjointe menée par la police, la douane et les forestiers, appuyé par Interpol a permis de saisir 4,049 tonnes de ces produits prohibés.

L'école comme espace d'affaire pour les dealers

Dans ce lot de personnes interpelées, on retrouve des élèves impliqués les uns que les autres à des niveaux différents. Sur ces 415 interpellés, au moins 32 sont des élèves. A en croire le commissaire Soudré, les élèves contrairement aux autres personnes appréhendées et déférées dans des centres de détention, sont aussitôt remis à leurs parents après les avoir enregistré dans un fichier. Les investigations ont permis aussi de découvrir que certains élèves commencent à fumer la drogue dès la classe de 6e, et d'autres à partir de la 3e. Selon toujours notre source, les consommateurs du chanvre indien sont situés dans la tranche d'âge allant de 10 ans et plus alors que les accros de l'héroïne ou de la cocaïne sont dans la fourchette de 18 ans et plus.

Si nous forces de sécurité doivent redoubler d'efforts pour empêcher au mieux la circulation des stupéfiants au Burkina, il convient de noter que la lutte contre le trafic des stupéfiants incombent aussi la population.


Max Junior

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