Mais c'était l'éléphant du roi, l'éléphant du Roi Pang-Soba.
Les habitants du village étaient inquiets : "L'éléphant du roi causera notre ruine. Si nous ne faisons pas quelque chose pour arrêter le désastre, nous périrons tous avant la prochaine saison, sauf le roi bien sûr." Ils admirent tous qu'il était impérieux de se débarrasser de l'éléphant du roi.
Ils se réunirent secrètement et concoctèrent un plan. Ils iraient ensemble au palais du Roi et lui diraient que son éléphant était devenu prédateur, et que pour le bien de ses sujets, il devrait s'en débarrasser. Mais qui allait être le porte-parole ? Là était la question. Personne ne voulait jouer ce rôle. Même les plus bavards, les plus critiques et les plus véhéments fondirent dans la foule quand vint l'heure de choisir le porte-parole. Un jeune homme maigre, avec un regard menaçant offrit d'assumer ce rôle. Les habitants du village le surnommaient 'le plus rusé', en raison de son habileté à se sortir des situations difficiles.
Mais 'le plus rusé' avait ses exigences : "Une fois devant le roi, si je dis ' Pang-Soba', vous répétez après moi ' Pang-Soba. ' Je dirai ensuite ' Pang-Soba, votre éléphant '. Vous direz tous ensemble la même chose après moi. »
Ce faisant, pensait 'le plus rusé', ils diront ensemble et d'une même voix au roi que son éléphant causera une catastrophe irréparable dans le village. Ils se dirigèrent alors vers le palais, l'air résolus et spirituellement unis.
Quand ils y arrivèrent, ils s'assirent dans la cour où les sujets d'importance sont d'habitude traités. Le porte-parole dévisagea ses complices. « Pour une fois au moins », se dit 'le plus rusé', « ils semblent tous déterminés et décidés à dire au roi leurs profonds sentiments au sujet de son éléphant. » Quelque temps après le roi fit son apparition, précédé de six de ses généraux armés de gourdins, d'arcs et de flèches. Il était accompagné d'une dizaine de ses ministres.
Quand il se fut assis, un de ses ministres salua la foule et demanda la raison de cette visite matinale. "Nous sommes ici juste pour dire bonjour à notre roi," répondit le porte-parole par souci de convenance. D'un geste de la tête, le roi accepta l'explication mais sans en être satisfait.
'Le plus rusé' se racla la gorge, et comme convenu, s'adressa au roi :
"Pang-Soba..."
Il n'y eut aucune réaction de la part de ses complices. Il respira longuement puis poursuivit :
"Pang-Soba, votre éléphant..."
Il attendit quelques secondes mais n'entendit que l'écho du silence.
"Qu'y a-t-il avec mon éléphant ? " le roi l'interrompit d'un ton menaçant.
'Le plus rusé se redressa cette fois, baissa la voix et dit : "Pang-Soba, votre éléphant semble malheureux. Il souffre de solitude. Comme ce doit être incommodant pour votre éléphant de marcher toujours seul pendant des heures à travers vergers et jardins ! Puisque votre éléphant est mâle, nous avons pensé qu'il vaudrait mieux lui trouver une femelle pour lui tenir compagnie. C'est le message que le village tout entier m'a chargé de soumettre à l'attention de votre auguste majesté. Nous avons déjà choisi deux parmi nous pour la mission de recherche. Pour avoir effectué beaucoup de voyages, ils connaissent, mieux que quiconque, votre contrée."
Il se tourna ensuite vers la foule et désigna deux parmi les personnes qui s'étaient montrées les plus véhémentes et intraitables lors des réunions secrètes. Il regarda à nouveau le roi et conclut en ces termes : "Plaise à Dieu et à votre majesté que nos souhaits s'accomplissent! »
Enfin 'le plus rusé' demanda congé au roi au nom de ses compères. Le roi les remercia et ordonna que les 'heureux élus' restent au palais pour les préparatifs du voyage.
Mamadou SAWADOGO
Conseiller pédagogique de l'Enseignement secondaire
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Tél. : 78114276
