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Habitudes vestimentaires : Les fantômes en plein jour

| 15.12.2014
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Habitudes vestimentaires : Les fantômes en plein jour
© DR / Autre Presse
Habitudes vestimentaires : Les fantômes en plein jour
Dans toute la ville, la rumeur s'était très vite répandue, tel un feu de brousse pendant l'harmattan. Les habitants de la ville étaient terrifiés, comme ils l'ont toujours été en entendant parler de fantômes. Selon la rumeur, la ville était infestée de créatures étranges. Elles prenaient des formes humaines. Elles apparaissaient la nuit et disparaissaient tôt le matin. La croyance populaire disait que ces créatures venaient dans l'intention de nuire à leurs ennemis ou pour épouvanter les vivants.


1 500Selon les personnes âgées, il y a toujours quelque chose de particulier avec les fantômes. Quand ils apparaissent sous la forme d'un chat ou d'un chien, ils sont généralement noirs. Mais sous la forme humaine, ils sont généralement d'une beauté surnaturelle. Ils errent dans les rues à la recherche de proies masculines pour les fantômes 'femmes' et de proies féminines pour les fantômes 'hommes'.

Ainsi, depuis que la rumeur a commencé à circuler, la ville devenait presque vide la nuit. Chacun faisait tout pour être à la maison au coucher du soleil et n'en ressortait que le matin suivant. C'était dans cette atmosphère de frayeur et de terreur que Bilal et son ami Sambo les avaient rencontrés : les fantômes en plein jour.

Un dimanche après-midi, Bilal et Sambo étaient en partance pour le jardin public. Devant eux, ils virent deux personnes venir dans leur direction. A première vue, Bilal et son ami les prirent pour des européens. Le garçon portait un costume foncé et la fille, un léger gilet sans manches et une jupe dont la longueur restait juste au-dessus des genoux. Une fois dans le jardin, Bilal et son ami s'étaient assis sur un banc. Les créatures arrivèrent et prirent place juste en face. La fille tomba presque, quand elle voulut s'asseoir. Sa jupe était si courte et si serrée que s'asseoir même était une épreuve ; ce qui attira davantage l'attention de Sambo. La fille portait sous sa jupe un sous-vêtement gris. Ses cheveux touchaient presque le sol. Son visage était blanc, ses bras bruns est ses jambes noires foncées. Sambo sentit son cœur battre. Il se tourna vers Bilal qui jusqu'alors n'avait pas noté le malaise de son ami : "N'a-t-on pas dit qu'ils apparaissent seulement la nuit ? "

"Qui ? " s'enquit Bilal.

"Ne vois-tu pas que nous sommes assis avec des fantômes en plein jour ? "

Quand Bilal leva les yeux, il vit la fille sortir de son sac à main, un miroir et quelque chose d'autre qu'elle mit dans la main droite. Elle se peignit les lèvres en rouge et les sourcils en noir. Au plus profond de lui-même, Bilal ne pouvait pas croire que ce visage, ces bras et ces jambes appartenaient à une seule et même personne. Cependant, juste devant lui était l'évidence, aussi claire que l'eau de roche. Il se tourna à son tour vers Sambo : "Je suis confus. Je n'ai jamais entendu parler de fantôme apparaissant à une heure pareille "

2 500La fille parlait beaucoup. Le garçon paraissait silencieux. Il se contentait juste de répondre par « oui » ou par « non » ou par un geste de la tête. Quand la fille se mettait à parler, elle gesticulait beaucoup. Elle fermait et rouvrait les yeux comme un crocodile émergeant de l'eau. Elle s'exprimait en français et elle bégayait presque, en essayant désespérément d'imiter les français. Bilal et Sambo pensèrent que quelque chose n'allait pas chez le garçon. Comment se faisait- il que la fille fût la seule à parler tout le temps ? Soudain, ils constatèrent que le garçon disait quelque chose à la fille.

"Mais qu'est-il arrivé au tien ? " demanda la fille, et le garçon marmotta quelque chose comme le sien étant ... déjà humide. La fille ouvrit son sac à main, prit un mouchoir qu'elle lui remit. Il le prit, s'essuya le visage et le cou. Alors les deux amis comprirent. Le garçon était silencieux parce qu'il était occupé à combattre la chaleur. Il avait un problème à résoudre et ce problème était plus important que du simple bavardage.

Bilal secoua la tête : "Je pense que le garçon est fou. Dans ce pays à la chaleur torride, regarde comment il est vêtu : une chemise blanche comme dessous, un morceau de tissu au cou, le tout couronné par une lourde veste et un pantalon étouffant. Même s'il avait une douzaine de mouchoirs, ils seraient tous trempés. "

La sueur dégoulinait de son visage telle l'eau d'une forte pluie déversant d'une maison couverte de tôles ondulées. Sambo rompit le silence : "Je pense que ce sont des êtres étranges. Ce ne sont pas des fantômes. Je me souviens que mon ami Karim m'a parlé de deux jeunes gens arrivés de la France il y a une semaine. Il a dit que quand il a rencontré la fille pour la première fois, il l'a prise pour une sorcière. Il a même ajouté que la fille irait en Chine très bientôt pour prendre part à une conférence internationale sur les cultures nationales. "

"Alors notre créature nous reviendra un vrai caméléon," dit Bilal d'un air moqueur.

"Tu as tort," Sambo ironisa, "le caméléon prend seulement des couleurs du milieu. Il est soit bleu, jaune, vert ou toute autre couleur selon son milieu. Il n'est pas multicolore comme l'est notre créature : des lèvres rouges, des sourcils noirs sur un visage blanc, le visage blanc en équilibre sur un tronc brun, le tout inconfortablement porté par les jambes noires foncées. Si elle ajoute la couleur jaune des chinois, peut-être nous reviendrait-elle une parfaite monstruosité."

Mamadou SAWADOGO
Conseiller pédagogique de l'Enseignement secondaire
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