L’on a coutume d’imputer les retards des calendriers des universités publiques du Burkina aux grèves des étudiants. Mais à y regarder de plus près, les enseignants y sont aussi pour quelque chose. Ce qui se passe actuellement à l’Ecole normale supérieure-Université de Koudougou (ENS-UK) en est une preuve parlante. De fait, l’année des élèves CAPES (Certificat d’aptitude pédagogique de l’enseignement secondaire) et des CAP-CEG (Certificat d’aptitude pédagogique à l’enseignement dans les collèges d’enseignement général) a officiellement débuté en octobre 2013. Le programme des cours était bel et bien établi avec évidemment des noms d’enseignants affectés à chaque matière. Mais, beaucoup de ces enseignants ne répondaient pas à l’appel de cette université au moment où l’on avait vraiment besoin d’eux. Ils monnayaient leurs compétences ailleurs. L’ENS pouvait donc attendre. C’est une école publique. Ce n’est donc pas le champ au papa de quelqu’un, comme on aime le dire de plus en plus au pays des Hommes intègres. On voyait les élèves de cette école poiroter à Ouagadougou d’octobre jusqu’en fin avril. « On programme des enseignants qui ne viennent jamais », les entendait-on dire. C’est finalement en fin mai, lorsque beaucoup d’écoles privées ont fermé leurs portes que ces enseignants « gomboistes » se sont bousculés aux portes de l’ENS pour négocier leur programmation. Ils ne veulent rien rater sur leur passage. Les textes de l’ENS stipulent qu’on peut arrêter les cours et envoyer les élèves en stage lorsque le taux d’exécution atteint 75%. C’est dire donc que les chances de certains enseignants de rattraper leur « gombo » sont minces vers la fin de l’année. Mais ces derniers savent toujours user des stratégies. Ils vont jusqu’à faire des courbettes auprès des élèves pour qu’on les programme. Un délégué de classe que nous avons eu raconte que plusieurs enseignants l’ont supplié de convaincre la classe d’accepter de faire son cours. Mais là n’est pas le vrai problème. Cette année par exemple, les cours seront prolongés jusqu’en fin août à cause de ces enseignants « gomboistes ». Cela implique des dépenses supplémentaires et non moins faramineuses à l’Etat. Au fait, l’administration doit fonctionner. Les infrastructures sociales également. On ne parle pas des élèves qui n’auront pratiquement pas de vacances. Car leur présence sur le terrain des stages est obligatoire en mi-septembre. Soit 15 jours seulement après leurs cours à l’ENS. « C’est ainsi que fonctionne l’ENS depuis la nuit des temps », nous a confié un agent de l’administration, visiblement mécontent.
Source : reporterbf.net