5 élèves-inspecteurs des douanes, 11 élèves-inspecteurs du trésor, 12 des impôts, 11 élèves-administrateurs des services financiers, 6 élèves-conseillers en économie et développement, 13 en aménagement du territoire, ils sont 58 fonctionnaires-élèves sur 71 du cycle A de première année, qui ne pourront plus poursuivre leur formation à l'ENAREF. Ils ont été exclus de l'établissement en raison des manifestations jugées illégales par les autorités. La décision qui a été notifiée individuellement aux intéressés depuis le 29 octobre 2014 ne passe pas. Alors que l'administration leur reproche comme griefs, refus de suivre les cours, absence non motivée, manifestation dans l'enceinte de l'école sans autorisation préalable, défi à l'autorité, non-respect des instructions données par le formateurs, refus de comparaître devant le conseil de discipline, articles 22, 25, 30, 37 du règlement intérieur de l'ENAREF, violés. Ils avaient réclamé l'harmonisation de la durée de la formation de 30 à 18 mois comme c'est le cas dans certaines grandes Ecoles à l'image de l'école nationale de la magistrature (ENAM). Une requête que l'administration se dit incapable de satisfaire cette année, selon les explications du directeur général de l'ENAREF, Dr Nébila Amadou Yaro. «Ramener une formation de 30 mois à 18 mois requiert qu'on réfléchisse à son contenu et à la qualité. Toute révision doit suivre une procédure», dit-il. Dr Nébila Amadou Yaro ajoute que ces élèves, en postulant au concours de l'ENAREF savaient que la durée de la formation était de 30 mois. Donc, à son sens, ils ne peuvent pas exiger une formation de 18 mois. «Je peux comprendre que c'est légitime parce qu'ils veulent qu'on ramène la formation à 18 mois. Mais le fait de se réunir dans la cour de l'école sans autorisation n'est pas légale», fustige le directeur général.
L'importance des 30 mois
Du côté des exclus, la pomme de discorde vient du fait qu'ils ne comprennent pas la disparité de temps de formation qui existe entre leur école et les autres centres de formation. «Nous sommes recrutés sur les mêmes bases par la Fonction publique que les élèves de l'ENAM. Il n'y a pas de raison qu'ils fassent 18 mois de formation pour sortir être reclassés en catégorie A et que nous fassions 30 mois pour être reclassés dans la même catégorie. Il y a une injustice depuis 2007», fait observer Prosper Oubda, un élève fonctionnaire exclu. A cet argument des élèves exclus, l'administration répond : «A la création de l'école, il y avait les inspecteurs qui étaient formés en France et ceux qu'on formait ici. Déjà, sous la Révolution, on avait catégorisé un certain nombre de personnes : Des inspecteurs parce qu'ils ont fait un an et demi à Paris et à Clermont-Ferrand ont été ramenés en A2. Et comme nous ne voulions pas que nos élèves subissent cela à l'époque, la durée de la formation a été ramenée à 30 mois». Avant d'ajouter : «si on doit scrupuleusement appliquer les textes, les fonctionnaires cycle A qui ont fait 18 mois de formation seront reclassés en A2. Les écoles où la formation dure 18 mois, sont en réalité dans l'illégalité».
Les fonctionnaires-élèves frappés de sanction justifient leur acte par le fait que les démarches entreprises auprès des autorités administratives ont été vaines. «Dès que nous avons effectué notre rentrée, nous avons approché la présidente du conseil d'administration, le bureau des élèves de l'ENAREF, la coordination des écoles et centre de formation professionnelle et bien d'autres structures, pour leur demander de travailler à réduire la durée de notre formation de 30 à18 mois comme dans d'autres écoles. Nous sommes allés jusqu'à demander à rencontrer l'ex-Premier ministre Tiao sans succès», a déploré M. Oubda. N'ayant pas obtenu de réponse satisfaisante, ils ont décidé le 11 octobre 2014 de suspendre les cours pour attirer l'attention de l'administration.
Ce que le DG Yaro trouve inadmissible car un élève ne peut décider de suspendre les cours. Et le 13 octobre 2014, ils ont profité de la présence de l'ex-Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, à la cérémonie organisée pour la rentrée des écoles professionnelles pour brandir des banderoles portant la mention «pour une même Fonction publique il ne peut pas y avoir une politique de 2 poids 2 mesures». De l'avis du premier responsable de l'ENAREF, le fait de dérouler les banderoles et de distribuer les tracs sans l'autorisation préalable de l'administration au cours de la cérémonie est un acte d'indiscipline, toute chose contraire au statut et règlement intérieur de l'ENAREF. Ils ont donc selon le directeur général, reçu individuellement des avertissements avant d'être traduits en conseil de discipline. Et c'est à l'issue du conseil qu'ils ont été exclus.
Le délégué de la classe A1, Ahmed Zampaligré, lui aussi, renvoyé de l'ENAREF souhaite comme tous les autres que la décision soit annulée afin de leur permettre de retourner en classe. «Je ne peux pas annuler la décision du ministre. Ce n'est plus de mon ressort», fait savoir M. Yaro, tout en indiquant qu'il reste malgré tout ouvert au dialogue. A l'entendre, tout ce que les élèves peuvent faire, c'est d'attaquer la décision devant le tribunal administratif ou de demander pardon.
Somborigna Djélika DRABO