Tous les orateurs de la soirée étaient unanimes: c'est dans les pays où on s'y attend le moins que ce genre de tragédies survient. D'où l'importance de la sensibilisation et l'importance de placer la jeunesse au centre des activités de prévention. Invité à «dire ce que le système des Nations Unies fait au Burkina Faso pour prévenir un [éventuel] génocide», Emile Kaboré révèlera qu'au «Burkina Faso, il existe un programme mis en œuvre contre le génocide dans le sens large du terme, avec quelques illustrations prises sur des cas concrets dont celui du Rwanda».
Et d'expliquer ensuite que c'est le Cinu, basé à Ouagadougou, qui est chargé de la mise en œuvre de ce programme dont le premier axe et le plus important est, d'après lui, la sensibilisation et la prévention. «Dans cette optique, nous avons travaillé avec les responsables des établissements secondaires du Burkina Faso pour qu'un module sur le génocide soit porté à l'attention des élèves. Dans la démarche, ce n'est pas une obligation. C'est un module proposé en début d'année et les établissements qui veulent traiter de la question cochent ce module parmi d'autres que nous leur proposons. Et sur cette base, nous faisons la mise en œuvre du programme dans ces établissements. Rien qu'à Ouagadougou, nous avons une trentaine d'établissements qui participent à ce programme sur le génocide» révèle Emile Kaboré.
Question extrêmement sensible
En 2010, lors du 16e anniversaire du génocide au Rwanda, et cette année, il a été demandé aux élèves de ces établissements d'adresser des messages aux enfants du Rwanda. «Nous voulions savoir si réellement, ils avaient compris la portée du génocide», explique le chargé du bureau du Cinu au Burkina Faso. Un recueil, «Messages pour le Rwanda», en a été tiré. «C'est un recueil de messages d'enfants du Burkina Faso à l'intention de leurs amis du Rwanda. La version électronique du recueil a été transmise au siège des Nations Unies, qui l'a remis au représentant du Rwanda avant la commémoration des 20 ans du génocide», assure M. Kaboré.
En dehors des établissements d'enseignement secondaire, les organisations de la société civile et les associations de promotion des droits humains sont également consultées, pour «voir dans quelle mesure la problématique du génocide peut être introduite dans le plaidoyer et la sensibilisation de ces organisations».
La question étant extrêmement sensible, toutes ces actions se font sur la base d'un guide, dont le contenu a été élaboré au siège des Nations Unies, pour garantir «une communauté de compréhension du concept.»