Cette répression s'est poursuivie dans la soirée et a fait plusieurs blessés graves parmi les manifestants.La dégradation de la situation dans la paisible ville de Djibo n'est que la conséquence d'une démission des pouvoirs publics face un calvaire vécu par les habitants depuis plusieurs années. Comment peut-on concevoir que dans un pays proclamant sa quête de l'émergence en tout temps et en tout lieu, une province comme le Soum, qui constitue l'un des plus grands marché à bétail de la sous région, ne soit jusque-là reliée à la capitale par le goudron ? Depuis combien de temps le bitumage de l'axe Djibo-Kongoussi long de seulement 96 km a été annoncé, rappelé et chanté aux populations ? Tous ont encore en mémoire les propos du ministre en charge des infrastructures monsieur Jean Bertin OUEDRAOGO le 26 janvier 2013 lors d'une tournée du premier ministre Luc Adolphe TIAO dans la région du centre Nord : « Le bitumage démarrera dans un bref délai ».Près de vingt mois après, le seul acte qui a été entendu est un rapport adopté en conseil des ministres du 16 avril 2014 relatif au prêt de 23.9 milliards pour le financement du projet. Pendant ce temps, la province se meurt à petit feu. Plusieurs compagnies de transport public, en dehors d'un seul, ont décidé d'éviter simplement l'enfer de l'axe Djibo-Kongoussi en arrêtant leur desserte du Chef-lieu du Soum malgré sa richesse pastorale et minière. Aujourd'hui les populations à forte tradition agro pastorale sont rongées par la misère et en ont assez de se battre contre la redoutable adversité de la nature du sahel. Après tant d'illusions savamment entretenues et de promesses jamais tenues, les populations ne croient plus en rien, s'installent dans le fatalisme et mènent des actions désespérées de revendications.
Au lieu de servir le gaz lacrymogène qui n'apportera pas l'émergence, le gouvernement doit plutôt écouter le cri d'alarme de la population et réaliser immédiatement les promesses tant attendues. Quand on veut organiser à tout prix un référendum coûtant des milliards pour assouvir les ambitions d'un homme, on ne doit plus invoquer la non disponibilité des fonds pour sauver une population en détresse. De ce qui précède, le PAREN tout en souhaitant un prompt rétablissement aux blessés, exige :
L'arrêt immédiat de la répression violente des populations ;
L'engagement d'un dialogue sincère avec les personnes ressources de la région sur les modalités pratiques et immédiates du bitumage de l'axe Djibo-Kongoussi ;
Le PAREN demande à la population de rester mobiliser pour faire triompher ses droits au développement et au bien être face à un régime aveuglé par son obsession à confisquer par tous les moyens le pouvoir. « Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas » pour paraphraser De Gaulle.
Tahirou BARRY
Président du PAREN