Âge de départ à la retraite et opportunités d'emploi pour les jeunes : Poursuivons la réflexion

| 25.01.2015
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Âge de départ à la retraite et opportunités d'emploi pour les jeunes : Poursuivons la réflexion
© DR / Autre Presse
Âge de départ à la retraite et opportunités d'emploi pour les jeunes : Poursuivons la réflexion
En début janvier 2015, comme contribution à la réflexion sur l'accroissement des opportunités d'emploi pour les jeunes, je publiais un article intitulé : « Pour plus d'opportunités d'emploi pour les jeunes, pourquoi ne pas revenir sur l'âge de la retraite ? » L'article en question a été publie le 7 janvier par les journaux en ligne lefaso.net et zoodomail.com, respectivement sous le titre « Emploi de jeunes : agir sur l'âge de la retraite ? » et « Emploi : pour plus d'opportunités, pourquoi ne pas revenir sur l'âge de la retraite ? ». Le journal en ligne bayiri.com l'a publié le 8 janvier sous le titre « Débat : pour plus d'opportunités d'emplois pour les jeunes, pourquoi ne pas revenir sur l'âge de la retraite ? » L'article avait aussi été envoyé à trois quotidiens en papier de la place, mais aucun n'en a fait échos. J'ai également noté que dès le 9 janvier, il avait disparu des contenus de deux des journaux en ligne qui l'avaient publié.


En résumé, l'article posait une question, à savoir si la réduction de l'âge de départ à la retraite n'offrirait pas plus de places au profit des jeunes dans leur quête d'insertion professionnelle. En réponse, j'ai posé une question sous forme de suggestion : « Quels ne seraient les gains pour la jeunesse et partant pour la nation entière si l'âge de la retraite des salariés des deux dernières catégories (60 ans pour les agents de maîtrise, cadres et assimilés d'une part et 63 ans pour les médecins et enseignants du supérieur d'autres part) par exemple, était réduit respectivement d'un (1) et de deux (2) ans ? »

Lire aussi : Débat : Pour plus d'opportunités d'emplois pour les jeunes, pourquoi ne pas revenir sur l'âge de la retraite?

En effet je ne doute pas un seul instant que la seule revue à la baisse de l'âge de départ à la retraite ne saurait constituer la panacée à la problématique de l'emploi des jeunes. Comme je l'avais du reste souligné dans mon article, en jetant le pavé dans la mare, j'ai juste voulu remettre sur la table une question qui nécessite des réflexions plus poussées, desquelles pourraient surgir des tentatives de solutions rénovées sinon novatrices. Je ne me faisais pas non plus d'illusion sur l'accueil qui en serait réservé par bon nombre de mes compatriotes, les salariés des secteurs public et privé en particulier. D'importants intérêts sont en jeu. Je ne doute pas non plus que la révision à la hausse de l'âge de départ à la retraite (Décret No 2005-024/PRES/PM/MTEJ/MFB du 31 janvier 2005), a été l'aboutissement d'une des revendications des travailleurs, ce qui fait que si le problème est mal posé, il ne peut que créer la polémique et rencontrer un fin de non recevoir auprès de bon nombre de mes compatriotes. Ce rappel, c'est pour permettre aux lecteurs et aux autorités en charge de la question de l'emploi de me suivre dans ces nouveaux développements. Je ne reviendrai donc pas sur l'argumentaire qui avait sous-tendu ma proposition dans l'article précédent. Cet article reste toujours accessible en utilisant un des titres susmentionnés avec un moteur de recherche.

J'avoue que j'ai été tellement édifiée par les différentes réactions que j'ai reçues à travers les commentaires et apports tant des internautes que par courriel, que j'ai jugé opportun d'en partager la synthèse.

1- Quelques arguments contre la revue à la baisse de l'âge de la retraite

  1. On ne lutte pas contre le chômage des jeunes en réduisant l'âge de la retraite mais en créant des emplois ;
  2. Il faut plutôt développer la formation, favoriser l'auto-emploi afin que les jeunes ne comptent pas uniquement sur le service public ;
  3. Contrôler la démographie galopante qui est en inadéquation avec le rythme de création d'emplois ;
  4. Revoir les cotisations à la hausse comme proposé dans l'article, ce serait diminuer les salaires, à moins que cela ne se fasse concomitamment avec une hausse substantielle du salaire ce base ;
  5. Si d'aventure des mesures sont prises pour réduire l'âge de la retraite croyant aider les jeunes, ce sont les mêmes jeunes qui réclameront un jour le départ à la retraite a 75 ans, parce que n'ayant encore rien réalisé avec leur salaire de fonctionnaire ;
  6. Il faut que l'Etat diligente plutôt un audit des personnels de tous les ministères et services publics afin de libérer pour quelques diplômés, les places occupées par les retraités en position de contrat (CDD).

2- Quelques arguments en faveur de la revue à la baisse de l'âge de la retraite

  1. Cette mesure offrira plus de places aux jeunes et favorisera le développement économique ;
  2. A partir de 55 ans déjà, les gens deviennent improductifs et trop absents ;
  3. Il vaut mieux aller à la retraite quand on est encore solide. On libère la place pour ses enfants et on peut encore se consacrer à autre chose comme l'élevage, l'agriculture, la pêche ...
  4. L'Etat devrait plutôt négocier et soutenir, par des moyens conséquents, des départs à la retraite anticipée pour créer plus de postes à pourvoir ;
  5. Oui pour un plafonnement de l'âge de départ à la retraite à 60 ans, mais sous réserve d'une revalorisation du salaire afin de permettre aux salariés d'être à l'abri de certains soucis et besoins fondamentaux (santé, logement, éducation des enfants...) et de bien préparer leur retraite.

3- Autres pistes de réflexion possibles

  1. Il faut plutôt une meilleure répartition de l'emploi à travers une séparation nette entre le secteur privé et le secteur public. Par exemple, si certaines catégories de travailleurs remplissent leur volume horaire dû et abandonnent les heures de vacation dans le privé (enseignement, santé ...), leurs rendements seront meilleurs parce qu'ils se concentreront mieux sur leur travail, les bénéficiaires et usagers de leurs services seront mieux traités, et il y aura en bonus beaucoup de places pour les jeunes. On observe dans notre pays des travailleurs consultants, certains exerçant deux ou trois métiers pendant que d'autres n'en ont pas ;
  2. Il faut plutôt que l'Etat songe à créer sinon à rouvrir des usines pour transformer nos matières premières (karité, tomates, mangues, ...), que BRAFASO redémarre et que la STFL (usine de transformation de fruits et légumes de Loumbila) démarre. (Je pense que l'auteur de cette réflexion faite le 8 janvier doit se féliciter de la visite effectuée par le Gouvernement à l'unité industrielle BRAFASO le 21 janvier dernier et pour la décision prise d'œuvrer à sa relance)

Certaines personnes ont proposé la conduite d'une étude diagnostique sérieuse qui permettrait d'appréhender la question sous tous ses aspects. Je conviens avec elles qu'une étude sérieuse pourrait mettre en évidence l'impact de que pourrait avoir la réduction de l'âge de départ à la retraite telle que proposée dans mon article précédent, non seulement sur la question du chômage des jeunes mais aussi la vie des pensionnés. Cette étude pourrait aussi, d'abord j'allais dire, se préoccuper de la création d'opportunités d'emplois, tant dans les domaines de l'agriculture, dans le privé que dans l'informel. Si j'ai tenu à poursuivre la réflexion dans le présent article, c'est pour deux principales raisons, du reste relevées dans certaines des réactions :

  1. Rien qu'à faire le tour des services publics aux heures de service, les retards et l'absentéisme sont légion et sont devenus presque la règle. Pourtant, c'est nous qui clamons haut et fort que rien ne doit être comme avant. Qu'est-ce que chacun de nous fait individuellement pour ne plus se comporter comme avant, afin que les choses ne soient plus comme avant ?
  2. Mener la réflexion dans le sens de proposer des dispositions à prendre pour réduire le chômage des jeunes serait contribuer à poser les bases d'un véritable développent solidaire, et non solitaire comme ce semble être le cas aujourd'hui ou chacun se bat plus pour préserver ses intérêts immédiats, sinon pour accroitre ses émoluments et ses avantages.

Enfin, qu'est-ce que nous perdons si nos parents de 59 ans et plus libèrent des places pour nos fils et filles afin de les responsabiliser plus tôt et guider leurs premiers pas ? Si dans l'ensemble je conviens qu'une étude diagnostique peut être menée sur la question, à l'evidence certaines mesures peuvent déjà être prises et mises en œuvre, en attendant.

Cynthia Benao
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