L'on est tout de même bien content d'apprendre que la croissance sera encore au rendez-vous. Seulement, il se trouve que la vague des chiffres débités annuellement par cette structure se fracasse la plupart du temps sur le roc de cette affreuse réalité : les chiffres de la croissance sont loin d'engraisser les plus pauvres, si bien que la ménagère a toujours désespérément attendu l'incidence de cette annonce sur son panier. Du reste, comme pour leur donner raison, la coanimatrice de la vidéoconférence a regretté que la croissance de l'Afrique n'arrive pas à réduire la pauvreté, notamment dans sa partie subsaharienne. Elle a bien raison ! Les services de base (eau, électricité, éducation, santé) ayant toujours fait défaut ; et elles ne sont pas forcément majoritaires, ces populations du continent noir qui arrivent encore à se garantir les trois repas quotidiens.
D'aucuns ont même qualifié cette croissance africaine de paradoxe. Quelles en sont les causes ? Elles sont multiples et multiformes : ce sont, entre autres, la natalité galopante, l'instabilité politique, la faible création d'emplois, l'exportation brute des matières premières ou des ressources naturelles, pas pourvoyeuse d'emplois, la corruption, l'évasion fiscale, les pots- de-vin et surtout la fuite des capitaux vers l'étranger. Les débats sur les chiffres de la croissance ont tout aussi le mérite de ramener en surface les polémiques provoquées par d'autres études, notamment celles du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à travers son Rapport annuel sur le développement humain durable. S'il y a un rapport très décrié par les Etats concernés, c'est bien celui-là. Foi des plaignants, les critères choisis pour faire le classement seraient loin d'être pertinents. Pendant qu'on y est, au niveau national déjà, ne sont-ils pas nombreux les administrés à avoir les yeux révulsés d'entendre l'autorité brandir des statistiques mirobolantes, dont l'authenticité reste à vérifier, pour attester l'Etat parfaite santé du pays ?
Issa K. Barry