« Renforcement des capacités opérationnelles de la RTB à l'ère de la Télévision numérique de terre : enjeux et défis », a été le thème central de la rentrée 2013-2014 de la Radiodiffusion–Télévision du Burkina(RTB).L'événement a été aussi un cadre de réflexion, via un panel à l'hôtel Djamou de Tenkodogo, localité située à 185 km au Centre-Est de Ouagadougou. L'importance de la communication pour la région du Centre-Est, la contribution des médias dans la consolidation de la paix et l'avenir de la RTB dans le contexte de la Télévision numérique de terre(TNT). La première communication a été faite par Philippe Kahoun, ingénieur des techniques de communications radio et télévision, sur le thème « La RTB à l'ère de la Télévision numérique de terre : enjeux et défis ».Cette nouvelle technologie va bouleverser le fonctionnement des télévisions au Burkina Faso (publiques et privées) en permettant, selon le conférencier, à toutes les chaînes d'être vues sur toute l'étendue du territoire national. « Le monopole de la couverture télévisuelle territoriale par la RTB pourrait être brisé, il faudra pouvoir s'adapter à cette nouvelle ère de la télévision », a-t-il dit. La particularité de la TNT est qu'elle permet la diffusion de 20 chaînes de télévision, sous forme de bouquets, à travers un même émetteur et une seule fréquence. L'avantage pour les téléspectateurs est considérable car ils peuvent recevoir des chaînes de télévision à la fois publiques et privées avec des images et des sons de qualité. Mais, a prévenu M.Kahoun, à condition que les télévisions soient équipées de normes DVB-T2 et MPEG-4. Les télévisions non équipées (analogiques) pourront fonctionner grâce à une antenne et un décodeur TNT. La RTB pourrait, selon le conférencier, en tirer plusieurs avantages de cette technologie révolutionnaire. Parmi lesquels figure l'allégement des coûts de fonctionnement de la RTB en transférant les charges de ses 30 centres d'émission à la Société burkinabè de télédiffusion (SBT). Quant aux inconvénients de la TNT, il a entre autres recommandé à la RTB, comme réponse, « le développement de la télévision de proximité à travers la mise en œuvre et l'opérationnalisation effective des RTB 2-régions ». C'est à la conférence régionale de l'Union internationale des télévisions(UIT), en juin 2006 à Genève(Suisse), que l'on doit l'avènement de la TN. A cette rencontre, a expliqué M. Kahoun, un accord baptisé GE06 a prévu « une période de transition à l'issue de laquelle la télévision analogique actuelle sera supprimée et remplacée par la télévision numérique de terre, appelée TNT. Selon les termes de cet accord, la période de transition court depuis 2006 et prendra fin le 17 juin 2015 à 01H00, pour ce qui concerne la bande UHF ».
Le Burkina Faso, 1er dans l'espace UEMOA
Conscient des exigences de cette nouvelle technologie, le Burkina Faso a pris des dispositions pour réussir la transition numérique avant le 17 juin 2015.Ces mesures ont permis d'obtenir une loi(N°0022-2013/AN du 22 mai) « portant réglementation de la radiodiffusion sonore et télévisuelle de terre au Burkina et sa promulgation par décret N°2013-094/PRES du 24 juin 2013 ». Un autre symbole de l'engagement des autorités burkinabè est la création de la Société burkinabè de la télédiffusion(SBT).Ce qui confère, selon les experts de l'UEMOA, au Burkina Faso, la position de leader dans le processus de transition vers la télévision numérique de terre. Ce passage au numérique coûtera au "pays des Hommes intègres" 35 milliards FCFA. En Afrique, seuls sept pays ont, a précisé l'exposant, en partie réalisé leur passage au numérique : Madagascar, le Kenya, l'Ouganda, l'Afrique du Sud, l'Algérie, la Tunisie et le Maroc.
Le deuxième exposé a été assuré par le professeur Serge Théophile Balima, directeur de l'Institut panafricain d'études et de recherches sur les médias, l'information et la communication(IPERMIC), sur le thème « Médias de proximité et construction de la paix sociale ». Le professeur a invité les médias de proximité à devenir « d'excellents leviers pour la promotion de la paix sociale dans les régions ». Cela passe, a-t-il expliqué, par un accent sur le développement humain dans ces médias. Par exemple, a-t-il proposé, un programme sur la lutte contre la pauvreté, les pratiques sociales rétrogrades, à la promotion de la femme. « Etre un relais pour la diffusion des opinions et avis des hommes et des femmes sur le processus du développement local ;favoriser le dialogue entre les acteurs en vue d'aboutir à un large consensus sur ce qui sert le mieux les intérêts de la région dans un cadre national bien compris ;offrir aux acteurs locaux et régionaux l'opportunité d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur les risques d'exclusion et d'inégalités sociales, sur les risques de dérives de toutes natures susceptibles de nuire à l'équilibre social et à la paix, etc. »,sont, a-t-il ajouté, des valeurs à défendre par ces organes de presse de proximité. Aux animateurs, M.Balima a conseillé d'« éviter les pratiques et comportements de corruption ; éviter de faire de la propagande ; éviter les publicités mensongères et attentatoires aux bonnes mœurs... ». Un énoncé qui a permis au ministre de la Communication, Alain Edouard Traoré, de parler des « enjeux et défis de la communication dans la région du Centre-Est ». Pour lui, un Burkinabè mal informé ne peut adhérer à la construction de la nation. « Une nation, c'est d'abord la communication », a-t-il dit. Des dispositifs ont été pris, a rassuré le ministre, pour pallier les insuffisances de communication afin de transmettre des valeurs aux Burkinabè. C'est pourquoi, il a salué la collaboration entre les médias publics(RTB) et les promoteurs privés des 14 des radios de proximité de la région du Centre-Est. Dans les échanges, les préoccupations des participants étaient relatives à la TNT. Le ministre a rassuré de la mise en œuvre effective du numérique au Burkina Faso. Une campagne de communication est, a-t-il annoncé, prévue sous l'égide du CSC pour mieux informer les Burkinabè sur le numérique. Une réglementation est aussi en cours pour interdire l'importation des télévisions sans normes TNT. Quant aux 35 milliards FCFA nécessaires au financement, il a annoncé que 10 milliards ont été mobilisés.
Alassane KERE