De l'actualité politique nationale beaucoup animée ces temps-ci, les médias nationaux et internationaux en font évidemment leurs choux gras. En pareilles circonstances, les médias burkinabè ont toujours su jouer leur partition en adoptant le ton impersonnel de la neutralité entre les acteurs. Il faut le reconnaître, la presse nationale a plusieurs fois été couverte de lauriers pour son professionnalisme dans le traitement de l'information en des moments sensibles de l'actualité. Les médias burkinabè sont couramment cités en exemple parce qu'ils arrivent à se mettre au-dessus des chapelles politiques. Mais depuis un certain temps, cette belle époque semble se refermer. C'est bien visible, certains médias se défont davantage du principe sacro-saint de l'éthique et de l'équité pour servir des intérêts partisans. Ce qui devrait être le métier, l'est de moins en moins. C'est vrai que le Burkina est à une période importante de son histoire politique avec le débat qui achoppe sur des sujets hautement sensibles ; mais ceci doit-il expliquer cela ?
Une catégorie de médias a décidé de prendre parti notamment en prenant fait et cause pour les pourfendeurs du pouvoir en place. Se substituant parfois aux acteurs politiques, des journaux ou radios sont en train de se dresser en principal adversaire du régime en place. Des émissions radio d'expression directe aux manchettes de journaux, le contenu, la virulence du ton, l'orientation donnée aux débats etc., donnent l'impression que des hommes de médias se sont donné le mot pour tirer à boulets rouges sur le pouvoir. Le mot d'ordre semble «il faut en finir avec le système COMPAORE». Ainsi, des journalistes, engagés dans ce jeu de massacre, tentent par tous les moyens en leur disposition de diaboliser les hautes personnalités de l'Etat. Si l'on ne se fait le relais de la rumeur, on adopte un point de vue subjectif, forcément partial, sur les événements rapportés. On gonfle, intentionnellement, les faits quand l'opposition pose un quelconque acte de bon sens tout en minimisant les actions d'envergure du parti au pouvoir pour lesquelles, du reste, on ne résiste pas à la tentation de chercher la petite bête qui permettrait de jeter le bébé avec l'eau du bain. Une telle presse mue par son alignement sur une obédience politique ne peut que travailler dans le sens de cette caricature de Alfred de VIGNY : «La presse est une bouche forcée d'être toujours ouverte et de parler toujours. De là vient qu'elle dit mille fois plus qu'elle n'a à dire et qu'elle divague souvent et extravague». Est-ce à l'honneur des métiers de la presse que les choses se passent ainsi ?
C'est connu de tous, principal pilier de la démocratie, les médias jouent un grand rôle dans la formation de l'opinion publique. Hommes politiques, opinion publique et médias forment ce triptyque qui donne vitalité, dynamisme à la démocratie, à la société. Les médias reflètent autant qu'ils forment les phénomènes de société. En ce qui concerne le Burkina Faso, la presse qui s'est longtemps illustrée comme professionnelle et attachée aux valeurs républicaines, est en passe de perdre cette notoriété par le fait de certains acteurs (presse écrite, radios ou toile) qui, sortant de leur rôle de contre-pouvoir, s'illustrent clairement contre le pouvoir. Il faut le dire, le pouvoir ainsi que ses animateurs n'ont jamais été aussi régulièrement malmenés dans les médias à travers la manipulation de l'opinion publique, la calomnie ou la diffamation. Si on n'y prend garde, on court le risque de se laisser exploiter à des fins politiciennes évidentes par des hommes politiques. Ce qui pourrait conduire à des situations dommageables comme on l'a vu dans certains pays. Fort heureusement, il demeure des acteurs dans le monde de la presse qui ont pour leitmotiv la déontologie et l'éthique du métier. Il faut espérer que leur action irradie sur ce monde afin de nous éviter le pire.
Drissa TRAORE
zedcom