Comme un pied de nez à l’histoire. Dix-sept ans jour pour jour après leur dernier face à face en CAN (1er février 2000 à Kano avec une victoire 4-2 pour l’Egypte), les Etalons avaient l’opportunité de rendre la monnaie de la pièce aux Pharaons. Ils avaient les armes et les hommes pour. Conscients de leur qualité athlétique et technique, les Burkinabè abordent la partie sans complexe, sans se soucier des 7 titres continentaux des Pharaons, ni même de leur invincibilité record de 23 matchs. Ils élaborent un football fait de possession et de décalage. Mais ils ne parviendront pas à trouver la solution pour fissurer le mur dressé par les Pharaons. Une équipe qui sait faire le dos et souffrir s’il le faut en abandonnant volontairement le cuir à l’adversaire. Avec plus de 65% de possession de ballon, les Burkinabè quadrillent bien le terrain mais viendront buter régulièrement sur le rideau dressé par la défense devant l’expérimenté goal-keeper Al Hadary. Le bloc égyptien était même content du jeu produit par les poulains de Paulo Duarte car il manquait de verticalité. Devant cette muraille infranchissable, les Etalons procèderont par des tentatives de shoot à distance. Abdou Razack Traoré (4e et 39e), Blati Touré (8e), Préjuce Nakoulma (35e) feront briller tour à tour le quadragénaire égyptien. C’est sur un score nul et vierge que l’arbitre sénégalais Malang Diedhiou enverra les acteurs pour la période d’oxygénation. Au retour des vestiaires, les Etalons sont encore maître du ballon. Le virevoltant Bertrand Traoré est cette fois le premier à chauffer les gants d’Al Hadary. Sur un coup franc bien cadré, il oblige le portier égyptien à une parade pour boxer le cuir en corner. Mais contre toute attente, c’est Mohamed Salah qui viendra ouvrir le score pour l’Egypte sur une frappe bien enroulée des 20 mètres qui prend à défaut Hervé Kouakou Koffi (65e). Les Egyptiens étaient alors donc dans leur situation favorite. C’était mal connaître la réaction d’orgueil des burkinabè. Vexés, les Etalons appuient sur l’accélérateur et reviennent au score sur une superbe réalisation de Aristide Bancé après une bonne passe de son capitaine Charles Kaboré (72e). Al Hadary qui n’avait plus encaissé de but en phase finale de CAN depuis le 25 janvier 2010 venait de s’incliner devant le grand blond burkinabè. Les Etalons ne pousseront pas au bout leurs idées d’aller faire capituler les Pharaons dans le temps règlementaire. Ils leur laisseront donc de la marge pour gérer le score jusqu’à la fin du temps règlementaire et même dans les prolongations de 2X15mn. La décision s’est donc faite dans la séance des tirs au but. Une épreuve qui avait pourtant bien commencé pour les burkinabè après une première tentative mis sur le montant par le tireur égyptien. Mais les minots burkinabè (Hervé Kouakou Koffi, 20 ans et Bertrand Traoré, 21 ans) placés en fin de série trembleront devant le monumental Al Hadary et les Etalons trébucheront au stade des demi-finales. Les Etalons sont néanmoins tombés les armes à la main même si la meilleure équipe qui a produit le jeu le plus séduisant n’a pas gagné. Les Pharaons quant à eux, ont mis un genou à terre mais sans fléchir. Après avoir raté trois phases finales de CAN (2012, 2013 et 2015), l’Egypte renoue avec la compétition continentale et se retrouve à nouveau en finale. Comme quoi, le football se joue à 11 et à la fin, c’est l’Egypte qui gagne. Les Etalons se consoleront néanmoins avec la petite finale qu’ils livreront le 4 février prochain à Port-Gentil.
Béranger ILBOUDO
De Libreville (Gabon)
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Fiche technique
- Compétition: Demi-finale CAN 2017
- Stade: Stade de l’Amitié sino-gabonaise de Libreville
- Pelouse : Assez bon état
- Temps : Chaud et humide
- Spectateurs : 19.422
- Arbitre : Malang Diedhiou (Sénégal)
- Avertissements : Hamed Ibrahim (40e), Mahmoud Soliman (54e) pour l’Egypte. Bertrand Traoré (85e), Steeve Yago (98e) pour le Burkina
- Exclusion : Néant
- Buts : Mohamed Salah Ghaly (65e) pour l’Egypte, Aristide Bancé (72e) pour le Burkina
Burkina Faso : Hervé Kouakou Koffi-Steeve Yago-Bakary Koné-Niguimbé Préjuce Nakoulma-Abdou Razack Traoré (puis Banou Diawara, 80e)-Issoufou Dayo-Aristide Bancé (puis Alain Traoré, 102e)-Charles Kaboré (Cap)-Bertrand Isidore
Traoré-Yacouba Coulibaly-Ibrahim Blati Touré
Entraîneur : Jorge Rebelo Paulo Duarte (Portugal)
Egypte : Essam Elhadary-Aly Mosaad-Ahmed Eissa (puis Omar Gaber, 106e)-Ibrahim Gad-Ahmed Hegazy-Ahmed Ibrahim-Tarek Ahmed-Mohamed Ghaly Salah-Mahmoud Soliman (puis Amr Warda, 73e)-Abdallah Bekhit-Mahmoud Hassan (puis Ahmed Ramadan, 84e)
Entraîneur : Hector Raul Cuper (Argentine)