La psychose est à son paroxysme chez les habitants de Nioko I. Les nuits sont de moins en moins paisibles pour ces derniers qui assistent impuissamment à des cas répétitifs de vols avec effraction à domicile ou dans les commerces. La nuit du dimanche 7 au lundi 8 septembre 2014, un gang de 6 bandits a fait parler de lui, en commettant des opérations de cambriolage le long de la nouvelle route goudronnée menant à Saaba. Après nous être renseignés sur les sites de cambriolage, nous nous sommes déporté à la cave le Caïman où les cambrioleurs seraient passés. Là, selon les témoignages, le veilleur de nuit que nous n'avons pas trouvé sur place, aurait été ligoté et bâillonné pour éviter qu'il n'alerte la gendarmerie qui était à moins d'une centaine de mètre sur l'autre coté de la route. Selon le propriétaire de la cave, Issaka Maïga que nous avons joint au téléphone, rien de grave n'a été commis par les cambrioleurs à son niveau. « Ils ont forcé la porte et rentré. Ils voulaient certainement de l'argent puisque ils ont forcé aussi la caisse. Fort heureusement, je ne laisse pas de l'argent là-bas. La plupart des caisses de boisson était également vide », témoigne Issaka Maïga. Ce dernier partage le même bâtiment avec Albert Tiemtoré, propriétaire de « la mini quincaillerie de la Cité ». Tout comme la cave, cette boutique n'a pas échappé à l'opération des cambrioleurs, sauf que là aussi, il y a eu plus de peur que de mal. En l'absence du sieur Tiemtoré, c'est son épouse qui nous reçoit. Alors qu'elle s'activait à étaler ses marchandises, nous nous présentons à elle et lui expliquons la raison de notre présence. Après un temps de méfiance et de doute, dame Tiemtoré décide de briser finalement son silence : « Nous dormions à la maison, quand on est venu nous alerter que des voleurs avaient pris pour cible notre boutique ». En même temps elle nous indique une nouvelle fenêtre qui vient d'être fixée, l'ancienne ayant été détruite par les voleurs. « C'est à partir de là qu'ils se sont s'introduits dans la pièce », rassure-t-elle. « Selon les explications du gardien, les voleurs étaient au nombre de 6 et ils faisaient semblant de faire du sport sur la voie et soudain ils se sont rués sur lui. Ils l'ont ligoté et lui ont mis un bâillon. Dieu merci, ils n'ont pas emporté grande chose. Ils ont juste pris un arrache-clou », nous a-t-elle confié.
...je suis un petit
Moins d'un kilomètre plus loin aux abords du même tronçon, la même bande a visité l'Alimentation Kaboré et Frères. « Il était vers 2 heures 30 du matin, lorsque cinq individus sont arrivés. Deux se sont occupés du gardien en le ligotant et en le bâillonnant. Puis deux autres personnes se sont introduites à l'intérieur de l'alimentation pendant qu'un cinquième faisait le guet », nous explique Abdoul Fatao Kaboré, le gérant de la boutique d'alimentation. « Lorsque les deux individus sont rentrés, poursuit-il, ils m'ont intimé de leur donner de l'argent. Je leur ai dit qu'on n'avait pas d'argent. Alors ils ont cassé le coffre où ils n'ont trouvé qu'une petite somme d'argent. Ils ont donc pris trois cartouches de cigarettes, des cartes de recharges d'une valeur de plus de 60 000 FCFA, des jus et les portables avec lesquels nous faisions les transferts d'unité ». Puis entre deux clients, le jeune Abdoul Fatao âgé de 16 ans, soupire et nous dit avec un léger sourire aux lèvres : « Ils m'ont dit que j'ai la chance que je suis un petit, sinon ils allaient tuer quelqu'un ». En tous les cas, au moment où nous quittions ces lieux, tout était redevenu à la normale et la clientèle était au rendez-vous. Ce qui ne sera pas le cas par contre pour une autre boutique d'alimentation adossé au maquis dénommé « La Nature ». Là, les cambrioleurs ont eu raison de cette boutique qui est resté fermée depuis son cambriolage. Impossible donc pour nous d'avoir une idée des pertes subies par le propriétaire de cette boutique. Alors que nous croyions avoir terminé la boucle des commerces ayant été victimes du cambriolage de la nuit de dimanche à lundi, une source digne de foi nous souffle à l'oreille que de cas similaires se seraient perpétrés trois jours plutôt dans les alentours. S'engage alors une autre boucle. Cette fois-ci, c'est le tenancier d'une boutique de vente de matériel électronique qui nous raconte ses déboires. Gérémie Yamba, ainsi qu'il se fait appelé a vu ses appareils portables, ses cartes de mémoires et autres adaptateurs emportés dans le cambriolage. « Cette nuit, il était aux alentours de minuit quand un ami m'a alerté que ma boutique était entrouverte toute seule. J'ai accouru sur les lieux et j'ai constaté la mort dans l'âme que tout a été emporté. Je ne sais pas à combien je vais évaluer la perte que j'ai subi. C'est vraiment très dure pour moi », se lamente le sieur Yamba. Seulement cette nuit-là, il n'avait pas été la seule victime des bandits. La station Petrodis aussi a reçu les visiteurs qui y ont emporté 5 000 FCFA après avoir cassé la maisonnette de la station. Mais s'il ya quelque chose qui a retenu notre attention, c'est la proximité des lieux de cambriolage avec la brigade territoriale de gendarmerie de Saaba, à tel point que nous n'avons pas pu nous empêcher de nous interroger si ce n'était une manière de narguer les agents de sécurité.
Le mutisme de la population pointé du doigt
Pour avoir des informations complémentaires, nous sommes retrouvés à la brigade de gendarmerie. Pendant que nous attendions d'être reçus par les soins du commandant de cette brigade, un étudiant , vivant aussi dans ce quartier, était en train de faire sa déclaration de vol. D'après ce dernier, c'est dans la journée du 08 septembre que sa maison a été cambriolée. Les malfrats lui aurait pris son ordinateur portable et sa tablette qu'il venait tout juste de recevoir une semaine plutôt d'un ami qui étudie en Allemagne.
A en croire la brigade territoriale de gendarmerie de Saaba, des enquêtes sont en cours pour débusquer les éventuels suspects. Cependant, si elle dénonce le mutisme et le manque de collaboration de la population, elle n'approuve pas aussi l'attitude des veilleurs de nuit. « Les gardiens ne joue pas leur rôle. Je ne peux pas comprendre qu'un gardien se laisse surprendre, se fait attacher et bâillonner sans pourtant alerter qui que ce soit » s'offusque un gendarme qui a requis l'anonymat. « Ce qui amène tout cela, c'est que des gens avant de recruter leur gardien ne demande pas à ce qu'on fasse une enquête de moralité sur ces personnes. Et la plupart du temps, soit ce sont des infirmes, des vieilles personnes ou soit de grands buveurs qui passent la journée à boire. Des gens comme ça ne peuvent que passer leur temps à dormir la nuit venue à leur lieu de garde » poursuit-il.
Plus que jamais, la quiétude tant souhaitée par tous ne saurait être réelle si la population ne sort pas de son indifférence et de son mutisme et dénoncer les événements ou les comportements anormaux qu'elle viendra à constater. C'est à ce prix que les agents de sécurité seront aussi très efficaces pour porter un coup dur à l'insécurité.
Max Junior