Si votre malchance vous conduit à vous promener dans ces zones à certaines heures de la nuit, vous pouvez vous assurez d'être agressé, nous confie une source sécuritaire. Les braquages à mains armée y sont devenus monnaie courante. Il ne se passe plus une semaine sans que la police ou la gendarmerie ne soit alerté d'une situation de vol, de braquage, d'agression et même de meurtre. La fin de l'année 2013 et le début de l'année 2014 ont enregistré le pic du phénomène.
Environ une vingtaine de braquages en un mois
De décembre à janvier, environ une vingtaine d'actes de braquage a été perpétré dans la commune de Saaba selon nos sources. Dans le courant du mois d'octobre, un commerçant a reçu la visite d'une bande armée dans le petit marché dénommé Gaa yaaré. Après avoir dépouillé le commerçant de tout ce qu'il avait comme argent, les bandits ont tiré des coups de sommation provoquant la terreur et la panique chez les riverains. L'infortuné serait poursuivis jusqu'à son domicile où une de ses épouses sera aussi agressée. Puis le 09 novembre 2013, c'est un autre commerçant du nom de Joseph Zougmoré qui sera froidement abattu en plein sommeil au marché de Nioko I (vous avez pu du reste prendre connaissance de ce triste événement dans les colonnes de Zoodomail. Com). Et comme généralement la fin de l'année marque la recrudescence des actes de banditisme, eh bien la coutume a été respectée.
« Nous avons eu la vie sauve »
L'entre deux fêtes (c'est-à-dire entre Noel et la fête du nouvel an) n'a pas du tout été tranquille pour certains citoyens. Alors que les petits délinquants s'adonnent à des actes de vols et de cambriolages dans les quartiers non-lotis, les bandits dotés d'armes à feu eux se livrent à des braquages. C'est ainsi que le 29 décembre, la station d'essence oryx a été la cible d'un braquage. « Il était au tours de 22h, nous étions entrain de faire l'inventaire lorsque quatre personnes sont arrivées. On nous a tous faits couchés dans la maisonnette. Ils m'ont forcé à ouvrir le coffre-fort qu'ils ont vidé. Il y avait 710 000 FCFA, la recette de deux jours de vente » explique le gérant de la station Patrice Zoungrana. « Puis ils nous ont dépouillé chacun de son argent de poche plus nos portables » poursuit-il. « On a tellement eu peur lorsqu'avant de partir un des bandits à ordonner de tirer quelques balles pour marquer leur passage. Nous avons eu la vie sauve grâce à un autre qui dit que nous avons été gentils avec eux donc inutile de tirer sur nous. En ce moment là, tout le monde a retenu son souffle » ajoute le gérant, qui revoit les images de la scène défilées dans sa tête, le regard plein d'amertume. Comme si cette station était sous l'œil du cyclone, le lendemain les braqueurs feront le retour mais cette fois-ci, l'intervention rapide de la police a permis d'éviter un second braquage. Ces derniers en voyant les agents de sécurité ont pris la poudre d'escampette à bord de leurs motos de marque apache rouge, précise notre source.
Un policier pris dans une embuscade des bandits
Dans la nuit du 31 décembre, il était au tour de 20h, lorsqu'un jeune du nom de N. Rachidou s'est fait retirer sa moto marque 135 sur l'axe qui mène à l'Université Saint Thomas d'Aquin (USTA).Une équipe de la police descend sur les lieux, mais la tâche va se révéler très délicat avec les maitres des lieux. Dans les échanges de tirs et dans la course poursuit, un agent de police est tombé dans l'embuscade des bandits qui réellement s'était bien préparé. Ce dernier aura la vie sauve grâce à sa maitrise des opérations de terrain. Il sera contraint à trouver refuge dans une cour à proximité. Le 07 janvier, c'était au tour de l'alimentation Raïna et la pharmacie Hosanna d'être la cible des braqueurs. A l'alimentation, les voleurs se sont emparés de cartes de recharges, de quelques produits et la recette d'une journée de vente. « D'habitude, nous descendons à 22 heures et c'est à la descente que nous faisons les comptes. Mais ils sont arrivés vers 20h 30. Donc on n'avait pas encore fait les comptes », nous explique la gérante qui dit avoir beaucoup perdu sans être à mesure d'estimer la somme. Quelques minutes plutôt à 20h 07 mn, C'est la pharmacie Hosanna qui était attaquée. « Ils sont arrivés à trois comme s'ils voulaient acheter des médicaments. L'un a franchi le comptoir et j'étais sur le point de lui rappeler à l'ordre lorsqu'il a pointé son arme sur moi. C'est là que j'ai compris qu'on avait affaire à des bandits »explique une gérante. « Au même moment, un client venait d'arriver et il nous disait qu'il voulait du paracétamol. L'un des bandits qui était à la porte l'a poussé à l'intérieur tandis que le troisième lui amenait le vigile. Ils nous ont parlé en langue mooré, '' Ligda bee Yè '' (Ndlr : ce qui veut dire où se trouve l'argent). La caissière était obligée de leur indiquer puisqu'il menaçait de tirer. Notre chance c'est que le Docteur venait de partir avec le gros lot de l'argent » a-telle poursuivi. Néanmoins, les voleurs s'en tirent avec le reste de l'argent qui se trouvait dans la caisse d'une somme de 103 000FCFA plus l'argent de poche des trois gérantes d'une valeur de 46 000 FCFA. « Ils ont aussi retiré nos portables et le porte monnaie du client qui contenait 125 000FCFA, puis ils voulaient s'emparer de sa nouvelle moto. Mais celui avait déjà jeté la clé et comme ça prenait du temps, ils sont repartis » a ajouté la gérante.
L'escroquerie et l'usurpation de titre se fait aussi de la place dans la chaine d'insécurité
Mais il n'y a pas que les braquages et les vols qui constituent les actes d'insécurité dans la zone. L'escroquerie et l'usurpation de titre y sont aussi fréquentes. Selon de sources policières, un jeune qui se fait appeler Compaoré Ablassé ou Compaoré Benoît se faisait passer pour un policier et plus précisément l'adjoint ou le secrétaire du commissaire de la police de Saaba. « Un jour, il est allé voir un vendeur de carburant au marché de Saaba et lui dire qu'il a été envoyé par le commissaire qui serait en panne de carburant alors qu'il était en patrouille en pleine brousse. Le commerçant lui a remis alors un bidon de 20 litres de gasoil. Renseignement pris le lendemain, il s'est avéré que c'était un coup monté de toutes pièces ». Jusqu'à ce jour, les guet- apens de la police n'ont pas encore permis de mettre la main sur cet escroc.
Au moment même où nous retraçons ces lignes, les investigations des hommes du commissaire Rasmané Ouédraogo qui sont en cours, ont permis l'arrestation d'un présumé coupable qui a été transféré au Service régional de la police judiciaire (SRPJ) de Wemtenga. Ce dernier s'habille en tenu militaire avec le grade de sergent alors qu'il n'a jamais fait le service militaire. La probabilité que ce dernier fasse partie de la bande est très élevée, indique notre source. Il y'aurait aussi d'autres pistes prometteuses, dit-on du coté de la police. Alors que certains résidents de la cité pointent du doigt des jeunes de Saaba qui seraient hostiles aux étrangers, des sources sécuritaires soutiennent que les bandits viennent de la ville de Ouagadougou pour opérer et repartir. « De par le passé, les délinquants habitaient dans les quartiers périphériques et menaient leurs sales besognes en ville, mais maintenant c'est le sens inverse » nous explique un agent de sécurité.
La seule bonne foi des agents de sécurité ne suffit pas pour éradiquer l'insécurité
S'il y a un phénomène qui ne passe pas inaperçu, c'est le fait que très souvent nos agents de sécurité ne font plus le poids devant les bandits. La recrudescence du banditisme et l'incapacité des forces de sécurité de les mettre hors d'état de nuire vient mettre à nue une fois de plus le sous-équipement de nos agents de sécurité. « En termes d'armes de combat, les bandits sont mieux armés que nos policiers qui souvent n'ont même pas des gilets pare-balles » regrette un habitant, très remonté contre les autorités. « On ne peut pas comprendre qu'avec les différentes taxes (impôts, IUTS...) que le gouvernement prélève dans nos salaires, on ne peut pas doter nos forces de sécurité de logistiques nécessaires pour enrayer l'insécurité dans nos villes » s'insurge-t-il. Cependant, au niveau de la sécurité bien qu'étant conscient de la situation, une autre lecture se dégage : « C'est vrai, notre seule bonne foi ne suffit pas pour enrayer complètement le banditisme. Mais vous savez, même la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a » reconnait un agent de police qui souhaite tout de même que des efforts puissent être faits au niveau de la hiérarchie pour doter les forces de sécurité de matériels de pointes pour pouvoir mener les opérations.
Seules des opérations d'envergures peuvent assainir Saaba de ses bandits
En plus, il s'avère nécessaire de lancer des opérations coordonnées de grandes envergures dans les zones constituant des nids d'insécurité pour les assainir de ses malfrats de tout genre. Des opérations de ce genre ont déjà démontré leur efficacité dans d'autres localités réputées dangereuses. Aussi, la collaboration de la population avec les agents de sécurité serait un atout considérable dans la lutte contre l'insécurité. Le département conduit par le ministre Jérôme Bougouma est vivement interpellé et ne devrait pas rester insensible aux cris d'alarme des habitants de Saaba qui ne comprennent plus le silence des autorités.
Max Junior
Zoodomail