Les faits
C'est dans une villa du quartier Belle Ville de Bobo-Dioulasso qui leur servait de laboratoire que ces délinquants, venus d'un pays voisin, avaient finalement élu domicile ce 18 février 2014. Au nombre de quatre dont deux Burkinabè résidant à l'étranger, ces faussaires avaient pourtant, dès leur arrivée, installés leurs pénates dans un hôtel de la place. Mais par la suite ils se rendirent compte de la délicatesse de leur mission et surtout des nombreux risques qu'ils encouraient en ces lieux dans cette affaire de faux billets.
Une affaire de millions qui leur faisait tourner la tête et qui était, bien entendu, l'objet de leur séjour à Bobo. Alors ils choisirent de trouver un autre gîte, plus discret. Les voilà donc à Belle Ville sans toutefois savoir qu'ils étaient déjà dans le collimateur de la police. Car selon le commissaire Moussa Ouattara de l'arrondissement de Konsa, «nous avons été auparavant informés de la présence d'individus suspects dans un hôtel. Et depuis nous avons discrètement organisé un guet-apens. Et lorsqu'ils ont déménagé à Belle Ville, nous avons pu repérer la villa qu'ils venaient de louer. Et nous avons continué à les épier».
De quatre au départ, le groupe de faussaires va s'élargir à huit, puisque la bande va enregistrer de nouveaux adhérents : des employés de commerce dans la ville de Sya, tentés par le gain facile et qui croyaient, eux aussi, avoir trouvé un filon pour se faire de l'argent.
Mais leur aventure ne sera que de courte durée. Car la police, qui veillait depuis toujours au grain, ne tardera pas à passer à l'action : c'était le 19 février 2014 au soir lorsque des visiteurs aussi suspects que leurs hôtes de Belle Ville venaient d'arriver à la villa munis d'un seau contenant des produits devant servir à la fabrication de faux billets, principalement en coupures de cinq mille.
C'est au moment où ils étaient en pleins travaux de contrefaçon que la police fait irruption dans le local. Ils seront pris la main dans le sac, car selon le commissaire Ouattara, «nous avons trouvé un sac rempli de morceaux de papiers de couleur verte en coupure de billets de cinq mille et d'une valeur de 60 millions de francs. Il y avait aussi un autre sac du même genre mais qui a été vidé dans le seau en y ajoutant des produits toxiques pour la fabrication de faux billets d'un montant de 60 millions de francs, ce qui devrait faire un total de 120 millions de francs. Mais le processus sera finalement interrompu par notre intervention, et déjà on voyait que les billets dans le seau commençaient à prendre forme».
Huit personnes au total seront arrêtées dans cette affaire de faux billets et déférées à la prison de Bolomakoté. Les enquêtes sont en cours, et la police espère démanteler un réseau de faussaires avec éventuellement des implications au Burkina comme à l'étranger.
Jonas Apollinaire Kaboré