«Nul ne disparaît lorsque son souvenir demeure ancré dans nos cœurs». Décédé le 1er juillet dernier à l'âge de 89 ans, le souvenir de Gérard Kango Ouédraogo demeurera dans la mémoire des burkinabè. Ancien ambassadeur, ancien Premier ministre, ancien président de l'Assemblée nationale, Grand Croix de l'Ordre national, chef de Soubo et de Yirim, il a été l'initiateur, le fondateur et responsable de plusieurs mouvements politiques dont le Rassemblement démocratique africain (RDA). «Homme de paix, de dialogue, tirant ses forces des masses paysannes qui lui étaient très attachées, a voué sa vie à la cause des faibles contre les puissants, à l'intérêt général public, mettant ses ambitions personnelles au second plan», selon la famille Ouadraogo.
Pour les obsèques, la journée du Samedi 5 juillet 2014 à Ouagadougou a été marquée par la levée du corps à l'hôpital Yalgado Ouédraogo, l'honneur militaire au domicile à Nemnin, l'hommage du public, la veillée des officiels et celle des familles, amis et connaissances. Cercueil couvert du drapeau national devant son domicile à Nemnin à Ouagadougou, l'honneur militaire a été présidé par le Chef d'Etat major général des armées, Honoré Nabéré Traoré. C'était en présence, entre autres, des chefs d'Etat major de l'armée de terre, de l'aire, de la gendarmerie nationale et du chef d'Etat major particulier à la présidence du Faso. Après l'honneur militaire, Gorges Ouédraogo, 2ème fils du défunt, au nom de Sa Majesté le naaba Kiba du Yatenga, a salué et remercié les autorités présentes et la population fortement mobilisée, venues accompagner le disparu à sa dernière demeure. L'artiste musicien, Issouf Kiénou, à travers une prestation spéciale a rendu un vibrant hommage à Gérard Kango Ouédraogo. Aussi, des dozo sont venus apporter leur touche particulière au cérémonial en esquissant des pas de danse suivis de tirs de fusils. La famille, les militants de l'ADF/RDA, les amis et connaissances, juste après l'honneur militaire ont rendu hommage à ce grand homme. Plusieurs personnalités dont entre autres le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao et tous les membres du gouvernement, des parlementaires, des présidents d'institutions, des directeurs généraux sont venues assister à la veillée des officiels. Le Président du Faso, Blaise Compaoré, est venu bien avant cette veillée des officiels pour rendre hommage à l'illustre disparu. Des chants d'action de grâce, de louange, d'édification, des prières ont marqué la veillée.
Acteur intraitable pour la cause de l'Afrique et de son pays, Gérard Kango Ouédraogo a cheminé avec des hommes comme Ouezzin Coulbaly, Félix Houphouët Boigny, Sékou Touré, Nazi Boni, Joseph Ouédraogo, Joseph Conombo, le capitaine Michel d'Orange, Hamani Diori, Maurice Yaméogo, Jacques Chirac, Darsalam Diallo.
A petits pas vers sa dernière demeure
Partir pour revenir dans son village natal dans un accueil exceptionnel, Kango n'est pas venu pour une campagne politique, mais pour un au revoir à jamais. Décédé le mardi dernier à Ouagadougou, c'est enfin le dimanche 6 juillet 2014 que le corps de Gérard Kango Ouédraogo est arrivé dans sa ville natale Ouahigouya.
Famille, amis, connaissances, autorités communales et régionales, la population toute entière était sortie nombreuse pour rendre un dernier hommage à cet illustre disparu. Peu avant 7 heures, la population a pris d'assaut la route nationale n°2. A l'entrée de Ouahigouya. A l'ancien péage, comme au nouveau situé à 10 km de la ville, les deux sites d'accueil s'étaient transformés en une marrée humaine. En attendant le cortège funèbre, une atmosphère tendre régnait sur les lieux. C'était des moments de retrouvailles pour certains. «C'est un baobab qui est tombé», entent-on dire. Des appels téléphoniques se multipliaient, souvent pour prendre la position du cortège funèbre provenant de Ouagadougou. Le comité d'accueil mis en place à cet effet s'active. Personne ne veut se faire raconter l'évènement. Au loin dans un mirage, un semblant de cortège arrive. Ce ne sont pas eux, dit un des protocoles. Finalement, c'est aux environs de 8 heures 40 mn que la dépouille a été accueillie par la population, suivie de présentation de condoléances et de compassion par des officiels. Après cette étape, direction au domicile du défunt. A leur arrivée, pour que le corps accède à la cour, il a fallu verser une calebassée d'eau à la porte. Question de rite traditionnel. Triste et douloureux, c'est une grande perte, a laissé entendre un membre de la famille. «Les mots nous manquent pour qualifier» la mort de l'ex président de l'assemblée nationale, premier ministre du président Sangoulé Lamizana. Tour à tour, les gens sont passés se recueillir sur le corps. Ce fut un moment de rassemblement. Sauf à cette occasion funèbre, nous n'avons vu certaines personnes ensemble. Même si cela arrivait, ça fait bien longtemps. Du fait des divergences politiques. Au delà même du rassemblement, nous avons pu voir certaines personnes se saluer à chaude poignée. C'est un signe manifeste de l'union et de la cohésion sociale cultivée par cet illustre disparu. Donc à César ce qui est à César. Le corps de Gérard sera admis à la Cathédrale Christ Roi de l'Univers pour l'absoute suivie de l'inhumation à Soubo ce lundi.
Jules TIENDREBEOGO
Lassané DOGA