Mendicité des enfants sur la voie publique: le laxisme complice de l’autorité

| 11.09.2014
Réagir
Mendicité des enfants sur la voie publique: le laxisme complice de l’autorité
© DR / Autre Presse
Mendicité des enfants sur la voie publique: le laxisme complice de l’autorité
La mendicité de façon générale, qu'il ne faut surtout pas confondre avec les pratiques pédagogiques réglementées et temporaires d'apprenants de certaines religions dans le but d'inculquer aux futurs fidèles l'esprit d'humilité, est une pratique qu'il ne faut jamais encourager. Elle forge chez son pratiquant un penchant pour le moindre effort, la dépendance dégradante vis-à-vis des autres. Et le jour où la générosité des autres ne permettra pas au mendiant de subvenir à ses besoins, il peut céder à la tentation du gain facile en s'adonnant à des vices comme le vol ou les affaires louches permettant de gagner de l'argent pour peu ou pas du tout d'effort. L'on risque de faire ainsi le lit de la délinquance juvénile.


Certes, l'on est tenté d'être plus tolérant, voire plus généreux quand ce sont des personnes en situation de handicap, ainsi que des personnes d'un âge très avancé qui quémandent. Cette sensibilité à la condition vulnérable d'autrui est humaine et même noble. Toutefois, elle est loin d'être la solution à ce fléau de la sébile tendue en ce sens qu'elle est incapable de rétablir la dignité de ceux à qui nous croyons venir en aide alors que nous les encourageons, involontairement ou non, dans leur propension à la résignation et à la fatalité.

Il y a des handicapés, scolarisés ou pas, qui travaillent et gagnent dignement leur vie dans les secteurs formel et informel. Ce ne sont donc pas tous les handicaps qui «handicapent» toutes les facultés au point que la victime ne puisse plus rien faire dans la vie. Si certaines personnes du troisième âge souvent accusées injustement de sorcelleries et d'autres mauvaises pratiques fuient la persécution dont elles sont l'objet au point de se résoudre à demander l'aumône, d'autres désertent parfois leurs familles, par orgueil ou parce qu'elles ont des choses à se reprocher. Dans tous les cas, quelle que soit la raison, mendier la charité dans la rue ne saurait faire la fierté de personne. Ni de celui ou celle qui mendie, ni de l'Etat, représenté par l'autorité, qui devrait voir dans la prolifération des mendiants un pan de l'échec de sa gouvernance.

Il est évident qu'aucun pays au monde n'a pu relever le perpétuel défi du zéro mendiant dans la rue. Nous ne demandons donc pas à ceux qui gèrent un pays parmi les plus pauvres comme le Burkina Faso de réussir cet impossible pari. Cependant, il nous semble que le mal est en train de prendre des proportions inquiétantes et mérite plus d'attention de la part de nos gouvernants pour le circonscrire à défaut de l'éradiquer. Il n'est plus étonnant en plein centre-ville de Ouagadougou, de voir des enfants dont l'âge moyen varie entre 4 et 10 ans, accostant les passants dans la circulation et faufilant même entre les engins pour tendre la main. Des familles entières prennent d'assaut les accotements des voies où les parents s'installent sans gêne et envoient leurs rejetons harceler, excuser du peu, des conducteurs qui ont à peine marqué l'arrêt au feu tricolore ou qui sont en train de décoller après le feu vert. Risquant ainsi de provoquer des accidents ou de se faire écraser ou agresser par des usagers las d'être importunés à longueur de journée par les mêmes mômes. Au lieu donc d'éduquer leurs enfants à gagner leur vie décemment et à la sueur de leur front, et de trouver une manière plus honorable de les inscrire à l'école nonobstant leur indigence et surtout pour rompre avec ce cycle de pauvreté qui les tourmente, des ascendants indélicats préfèrent condamner leur relève au triste sort qui les martyrise. Et le pire dans tout ça, c'est que l'on a l'impression que même les forces de l'ordre qui ne manquent pas de passer par là regardent faire ces fauteurs de troubles à l'ordre public, sans réagir.

Si elle ne veut pas passer pour leur complice, l'autorité doit cesser son laxisme et prendre ses responsabilités en assistant les plus démunis et vulnérables à travers un programme de réinsertion socioprofessionnelle qui viserait à terme, non pas à leur «donner du poisson» indéfiniment, mais à leur «apprendre à pêcher».

Ceux qui refuseront de se faire aider dans ce sens auront fait suffisamment preuve de paresse et de mauvaise volonté et devront déguerpir et libérer nos rues sans ménagement. Mais en attendant, vite, qu'on ramène sans tarder les enfants à la maison et à l'école, car ils n'ont pas leur place dans la rue.

Les Echos du Faso
Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité