2IE : La situation va de mal en pis

| 05.11.2013
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2IE : La situation va de mal en pis
© DR / Autre Presse
2IE : La situation va de mal en pis
Le courant ne passe toujours pas entre les travailleurs de l'Institut international d'ingénerie de l'eau et de l'assainissement (2iE) et l'administration. Les premiers cités ont observé une grève devant leur service, hier 4 novembre 2013, qui a connu cette fois-ci la présence des forces de l'ordre.

La crise que vit l'Institut international d'ingénierie de l'eau et de l'assainissement (2iE) depuis déjà quelques temps est loin d'être terminée. Elle a pris une autre tournure ce 4 novembre 2013 avec l'arrivée des forces de l'ordre sur les lieux. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'air était irrespirable aux alentours de 2iE à notre arrivée aux environs de 8h 48, laissant deviner l'usage du gaz lacrymogène par les forces de l'ordre. Une phrase ne passait pas inaperçue sur la banderole à côté des points de revendications qui y étaient inscrits. « Paul Giniès, on ne te veut plus ; dégage ». Les forces de l'ordre se sont alors dépêchés pour l'arracher sous le regard des étudiants de l'Université qui semblaient soutenir les grévistes. « Ils sont pacifiques, vous les gazer ; ils cassent, vous les gazez. Un jour viendra où on va vous gazez », lança l'un d'eux. Puis d'autres d'ajouter : « Allez les gars ; on vous soutient ». Après une longue attente et plusieurs tentatives de rencontre, nous avons pu approcher des éléments du personnel enseignant qui s'étaient réfugiés dans l'enceinte de l'Institut. L'un d'eux, Djim Doumbe Damba, nous fait le récit des évènements : « Nous avons projeté une grève de 48 heures qui a commencé aujourd'hui. Nous nous sommes donné rendez-vous sous les drapeaux pour attendre nos collègues qui ont été convoqués au commissariat (ils ont reçu la convocation jeudi) et faire le point. Entre-temps, la police est arrivée et nous a fait savoir que nous dérangeons l'université à côté avec la musique, et que nous occupons la place publique. Je me suis retourné alors pour m'entretenir avec les autres. Nous avons convenu d'arrêter la musique et d'attendre nos collègues dans le silence. Mais l'élément des forces de l'ordre nous fera savoir qu'il était impossible de rester même devant la porte. Nous avons donc opté d'attendre à l'intérieur ; c'est à ce moment qu'elles sont entrées nous gazer, y compris les étudiants qui s'y trouvaient. Il y a eu deux blessés qui ont été conduits à l'hôpital par l'ambulance ».

Une grève que le personnel juge pacifique

Djim Doumbe Damba fera, par la suite, savoir que le personnel a un préavis de 15 jours de grève qui a été accepté et qu'il est donc dans la légalité. « Nous avons échangé avec les ministres en charge de la médiation par rapport à cela et nous avons maintenu notre mot d'ordre de grève. Même la direction a eu le mot d'ordre de grève », a-t-il dit. Son collègue, Koffi Kokolé, se défend en ces termes : « Si vous avez constaté que nous avons cassé ou brûlé quelque chose, vous pouvez le dire. Nous ne sommes pas des délinquants ; nous luttons contre un système. Ils ont retiré ma tablette pendant que je filmais l'évènement ». Toutefois, ils estiment que le mot d'ordre de grève a été suivi avec plus de 90% du personnel qui l'observe, que ce soit à 2iE/Ouagadougou ou sur le site de Kamboinsé. Ils entendent reconduire la grève aujourd'hui (5 novembre)

Côté étudiants de 2iE, c'est le mécontentement

Un étudiant, visiblement mécontent, s'indigne et explique : « nos enseignants et les délégués de personnel avaient prévu d'observer une grève depuis la semaine passée. Ils sont donc venus faire leur grève normalement et pacifiquement. A notre grande surprise, on aperçoit des éléments de la CRS qui passent par la grande porte de la direction et qui se sont mis à gazer. Nous sommes sortis pour faire le constat et ils nous ont encore gazés. Nous leur avons demandé de ne pas s'en prendre à nous car nous ne sommes pas concernés. C'est ainsi qu'ils se sont retirés à l'extérieur ». Il dit ne rien comprendre. « Nous sommes dans une enclave diplomatique et on ne peut pas permettre à des policiers de venir se comporter comme si nous étions dans un camp militaire », a-t-il dit.
Venus pour faire des projets intégrateurs, les étudiants exigent que la direction s'explique sur le fait qu'on laisse des policiers venir les gazer. « Nous sommes des ingénieurs ; c'est pour construire l'Afrique, pas pour la détruire », a-t-il dit.
L'administration, quant à elle, s'est réservée de tout commentaire sur la question. Elle a promis nous faire appel ultérieurement.
Rappelons que les points de revendication ayant fait auparavant l'objet des sit-in, portaient sur la participation du personnel au Conseil d'administration de 2iE, la révision des disparités salariales et la question des effectifs jugés pléthoriques par le personnel.

Un spectateur particulier

Coïncidence ou ironie du sort ? Le chef du gouvernement devait prendre part à la cérémonie de la rentrée solennelle des écoles et centres professionnelles de l'Etat à l'Ecole nationale d'Administration et de magistrature au même moment, à 9h. Cela a porté un coup puisqu'il n'a eu accès à l'ENAM qu'à 9h45. Il a donc déploré la situation à 2IE qui est une grande école de formation dont la réputation dépasse l'Afrique à son avis. Il a dit être désolé qu'il y ait eu une rupture du dialogue entre les différents protagonistes et les a appelés au dialogue car, selon lui, on ne peut rien résoudre dans l'affrontement. Luc Adolphe Tiao dit avoir instruit des membres du gouvernement d'entrer en contact avec les différents protagonistes afin de trouver une solution au problème pour sauver cette école qui fait la fierté du Burkina Faso. « J'ai confiance en eux et je sais que dans leur sens du travail, aucun intérêt ne serait visé. Nous allons poursuivre les échanges pour en finir avec cette situation », a-t-il dit. Les ministres de la Fonction publique, Vincent Zakané, de la Recherche scientifique et de l'innovation, Isaïe Konaté, et Basga Emile Diala de la Jeunesse et de l'emploi ont été désignés comme les médiateurs de cette crise à 2iE.

CP

Cathérine PILABRE

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