Affaire Juge Nébié : Le dossier enfin confié à un juge d’instruction

| 19.08.2014
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Affaire Juge Nébié : Le dossier enfin confié à un juge d’instruction
© DR / Autre Presse
Affaire Juge Nébié : Le dossier enfin confié à un juge d’instruction
Notre confrère Jeune Afrique à travers son édition internet vient de jeter un pavé dans la mare du dossier du juge Salifou Nébié. En publiant un bout de ce qu’il qualifie de « résultats de l’autopsie», il semble -dans une analyse simpliste-, prendre le contre pied du Procureur général qui avait conclu à un « homicide volontaire ».Mais qu’est-ce qui s’est passé entre la réalisation de l’autopsie et le 12 juin, date de la publication de l’extrait du supposé rapport du médecin légiste Stéphane Chochois?

Le 3 juin, Stéphane chochois et son assistant débarquaient à Ouagadougou par un vol régulier d’air France. Et cela à la demande du parquet et des autorités judiciaires. Dès le lendemain 4 juin, ils ont procédé à l’autopsie du corps à la morgue de l’hôpital Blaise Compaoré. En plus du médecin légiste et de son assistant, étaient présents à cette séance, le procureur du Faso Désiré Sawadogo et trois gendarmes de la Brigade de recherche qui avaient été témoins de l’enlèvement du corps sur les lieux du crime à Saponé. Aucune présence d’un médecin inscrit dans l’ordre des médecins du Burkina n’a été signalée.

Cela avait contribué du reste à exacerber le courroux du syndicat des médecins du Burkina qui, à travers une déclaration, a remis en cause la légalité de l’acte que ce médecin est venu poser sans se référer à ses confrères locaux. Le médecin de luxe venu de la France avait promis le rapport dans l’intervalle du 12 juin. Il aurait à ce qu’on dit tenu parole en communiquant ses résultats aux commanditaires de son travail dès le 11 juin. Mais comment Jeune Afrique a-t-il pu obtenir copie de ce rapport censé revêtir le double secret médical et le secret de l’instruction ? Serait-ce le médecin qui aurait pris le risque de compromettre la crédibilité de son rapport et de sa carrière ou serait-ce le gouvernement à travers le ministère de la Justice qui a préféré faire fuiter ce rapport dans un média étranger ? Le mystère reste entier, mais la vérité ne saurait tarder puisque le parquet est condamné à sortir de son silence et à communiquer encore sur cette affaire dont la gestion courante présente de plus en plus des failles.

Mais ce qu’il faut savoir, c’est que les résultats distillés dans la presse et les réseaux sociaux,  même s’ils venaient à être confirmés par le parquet, ne remettent pas en cause la qualification du crime : « homicide volontaire ». Un accident de la circulation ne peut-il pas être délibérément commis ?

Du reste, de nombreux assassinats historiques tels celui de Norbert Zongo avaient été maquillés sous le vernis d’un «accident de la circulation» avant que ces thèses ne fassent flop avec la détermination et la lutte du peuple à revendiquer la verité et la justice. 

L’évolution du dossier

Le 9 juin, jour de l’enterrement de la victime, le ministre de la justice, Dramane Yaméogo, en guise de réaction suite à l’incident survenu au cimetière de Gounghin, a laissé entendre que le détenteur du portable du défunt aurait déjà été arrêté par les fins limiers. Seulement, celui qui, pour le moment, est brandi comme un trophée de guerre, serait un mineur.  A quoi voudrait-on faire croire avec une telle prise ? La suite nous le dira. Il faut noter qu’après moult tergiversations, une information judiciaire a enfin été ouverte dans le cadre de ce dossier. L’affaire a été confiée à un juge d’instruction du cabinet N°6 du Tribunal de grande instance de Ouagadougou.

Affaire à suivre.

Touwendinda Zongo

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