Interview : Effondrement d’immeubles à Ouaga: «le problème se pose surtout au niveau des investisseurs privés»

| 19.06.2014
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Interview : Effondrement d’immeubles à Ouaga: «le problème se pose surtout au niveau des investisseurs privés»
© DR / Autre Presse
Interview : Effondrement d’immeubles à Ouaga: «le problème se pose surtout au niveau des investisseurs privés»
Un immeuble de quatre étages s'est effondré dans la matinée du 14 juin dernier à Ouagadougou. Deux blessés ont été enregistrés. Cet incident, qui n'a heureusement pas fait de mort, n'est pas le premier. Des cas similaires avaient été notés sur l'avenue Kwamé Nkrumah et à Ouaga 2000. En attendant le rapport de la commission mise en place pour se pencher sur ce cas et déterminer les causes exactes de cette catastrophe, nous avons abordé la question de effondrement d'immeubles avec Sibri Simon Kafando, président de l'Ordre des architectes du Burkina Faso.

Fasozine: qu'est ce qui peut justifier l'effondrement d'un immeuble de ce gabarit ?
Sibri Simon Kanfando: quand un immeuble s'effondre, c'est qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Cela veut dire que les structures n'ont pas tenu.

Quelles sont les démarches à suivre pour s'assurer de la qualité de construction d'un immeuble ?
Il y a des dossiers à fournir. Notamment, une autorisation de construire. Cette autorisation de construire nécessite une étude architecturale, qui est appuyée d'une étude d'ingénierie. En complément, il faut une étude de sécurité incendie et de sécurité des personnes qui vont fréquenter le site.

Ces démarches sont-elles suivies au Burkina ?
Il faut dire qu'après le dossier d'autorisation de construire, il y a le contrôle nécessaire pour s'assurer que c'est ce qui est prévu dans le dossier qui est mis en œuvre sur le chantier. Ce qui ne se fait pas forcement sur le terrain.

Et que prévoit la loi dans ce cas ?
Les trois immeubles qui se sont effondré ces derniers temps appartiennent à des privés. Mais si vous regardez les ouvrages publics et para étatiques, rien de cela. Parce qu'à ce niveau, toute la règlementation est respectée. Au niveau des privés, ils ont les autorisations de construire mais sur le terrain les dispositions ne sont pas prises pour que le contrôle qui doit s'opérer se fasse.

L'autorité ne pouvait-elle pas détruire la bâtisse quand ont sait qu'elle avait été alertée par les populations riveraines?
Ça c'est du ressort des autorités publiques. Sinon, on doit pouvoir faire arrêter le chantier si des dangers sont signalés.

L'Ordre des architectes peut-il intervenir dans ce sens ?
Il faut dire que l'Ordre des architectes vérifie avec le Centre de facilitation des actes de construire (CFAC) si le projet soumis est passé les mains d'un architecte. Cette vérification est faite à partir du tableau de l'Ordre des architectes à la disposition du CFAC.

Les architectes qui supervisaient les travaux de construction des trois derniers immeubles qui sont tombés dans la capitale sont-ils reconnus par l'ordre ?
Nous n'avions pas connaissance des architectes qui ont opéré sur les autres chantiers. Par contre, l'achitecte qui vient d'être épinglé est connu mais n'est pas inscrit sur le tableau.

Dans ce cas l'ordre peut-il prendre des sanctions ?
Nous attendons la fin de la procédure. Avec les structures qui sont dans la ligne d'inscription des dossiers pour donner les autorisations de construire, nous allons voir comment cela peut se régler de façon définitive, pour que plus jamais un architecte qui n'est pas inscrit sur le tableau ne puisse recevoir un projet.

Quand un catastrophe de ce genre survient, qui est responsable ?
L'architecte fait les plans, mais la personne la mieux indiquée pour assurer la sécurité et qui peut dire que les dimensions données par les plans de l'architecte sont respectées, c'est l'ingénieur. C'est donc lui qui fait tous les calculs et qui en est responsable.

Un appel à lancer ?
L'appel, c'est à l'endroit des investisseurs privés que je souhaite le lancer. Nous constatons que c'est à leur niveau que le problème se pose. Que ceux-ci suivent l'exemple de l'Etat, en suivant toute la règlementation prévue. Qu'ils utilisent les professionnels qui sont présents sur le terrain et reconnus par l'Ordre des architectes.

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