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Ouagadougou: «magnindgbiga», injure grossière ou tic?

| 15.07.2014
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Ouagadougou: «magnindgbiga», injure grossière ou tic?
© DR / Autre Presse
Ouagadougou: «magnindgbiga», injure grossière ou tic?
A Ouaga, le «magnindgbiga» (injures grossières en mooré faisant référence aux organes sexuels de la mère) est devenu un terme usuel dans la société. Les gens s'insultent sans retenue, oubliant ou ignorant le sens même de ce mot qui dénigre les femmes.

Il est très rare, à Ouaga, de faire une journée sans entendre cette injure dans les marchés, les gares, les QG, les maquis et même dans certains foyers. En circulation, il suffit de faire un faux pas pour t'entendre injurier «hé m..., c'est quelle manière de rouler comme ça?» Certaines fois, sans rien faire de mal, un aigri peut vous balancer cette insanité à la figure.

Le pire, c'est quand les parents même se mettent à insulter leurs femmes devant leurs enfants. Ce n'est pas étonnant de voir ces enfants un jour insulter à leur tour puisqu'ils ont été éduqués dans cet état d'esprit.

Si ce n'est pas leurs femmes, ce sont leurs enfants: «Hé m..., ne t'amuse pas avec moi dèh! Hé, magnindbila, faut prendre ça pour moi, hé magnindbila, va appeler ta mère».

La totale, c'est quand les mères insultent leurs enfants «magnindbila», tout en banalisant la signification. Quelle éducation l'enfant va-t-il recevoir de tels parents? Il n'est pas étonnant de voir des adolescents utiliser cette injure. C'est à se demander s'ils connaissent son sens réel.

Le terme s'est tellement vulgarisé que certains jeunes l'emploient pour se saluer! «Hé magnindga, c'est comment!» «Ouais, magnindga, je vais bien.» Et d'autres aussi pour apprécier. «Non, toi tu es un magnindga», comme pour dire que tu es fort, ou que tu es un vrai homme.

Certaines filles utilisent cette injure comme un mot de passe: «Hé magnindbila, t'es ou?»

C'est regrettable de voir à quel point ce phénomène est en train de prendre de l'ampleur. Les gens n'ont plus aucun respect pour la mère. Pourtant, que ça soit dans nos sociétés traditionnelles, dans la bible tout comme dans le coran, une mère est sacrée. Il lui suffit de maudire son enfant pour que ce dernier voie sa vie basculer. N'en parlons pas d'un enfant qui insulte sa mère. Ce dernier est d'office maudit. Tout ceci pour montrer à quel point une mère est sacrée et mérite le respect.

Mais il semble que là-bas, chez les Yadcé du Yatenga, le «magnidgbio» ne choque même plus...

Apiou Lougouvinzourim

lesechosdufaso.net

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