Menus de barre à mine, de pique à gaz, des jeunes vêtus de gilet orange et accompagnés par des éléments de la police municipale sont à l'œuvre pour faire céder kiosque, boutique et tout autre chose qui se trouvent devant le CMA de Bogodogo de façon inégale, c'est-à-dire sans l'autorisation de la mairie. Tout a commencé avec ce constat de la mairie de l'arrondissement n° 11, qui relève une occupation anarchique de la devanture du CMA de Bogodogo. Après le passage de ces éléments, il reste quelques deux kiosques, deux parkings et un guichet Telmob. Saidou Simporé, vendeur de boutique aux abords du CMA et victime de l'opération, nous donne le film des évènements. «Le maire, un jour, est venu demander au parker de retirer ses poteaux qu'il a fixés pour élargir son parking. Après cela, il nous a convoqués et a demandé à ceux qui ne détiennent pas des autorisations pour occuper les lieux, de partir. Pour ce faire, il nous a donné un mois et ce délai a expiré et nous ne sommes pas partis. Il a envoyé encore des gens venir nous recenser et nous rappeler que la date butoir est passée. Ce n'est qu'hier, qu'il nous a dit que personne ne devrait rester devant le CMA, ce 15 juillet. Effectivement, ce matin nous sommes venus trouver qu'ils étaient en train de faire tout tomber».
Noufou Nikièma, un autre détenteur de petit commerce devant le CMA, s'indigne du fait que le maire les déguerpisse des lieux. «Nous sommes nombreux ici, mais, ceux qui ont des papiers ne sont pas nombreux. Nous avons fait une délégation pour aller voir le maire, car, nous nous débrouillons ici, pour nourrir nos familles et n'avons pas où aller. En son temps, il nous avait prévenu qu'il reviendrait, mais c'est pour terrasser les boutiques et autres. C'est chose faite». Odile Kaboré, restauratrice, est sans voix devant cette opération à elle infligée: «Nous vendons de la nourriture. Ce matin, ils sont venus tout casser, alors que nous avons investi plus d'un million sept cents dans ce restaurant. Le matériel est gâté et il faut refaire».
Le maire de l'arrondissement n° 11, Ousman Ouédraogo justifie cette opération. «Depuis un certain temps, nous avons constaté qu'il y a des installations anarchiques devant le CMA qui est une zone rouge. La mairie a autorisé depuis longtemps, des gens à s'installer sur ces lieux, car le CMA est un lieu très sensible. Il y a des gens qui accompagnent les malades et il leur faut un minimum devant la porte et c'est ce qui justifie la présence de certains kiosques, quand bien même, c'est une zone rouge. Et cela dans la logique d'accompagner les malades et leurs accompagnants. A titre d'exemple, nous avons demandé aux taximen de rester pour assurer un service minimum de transport et aux parkers, pour permettre à ceux qui viennent de pouvoir garer leurs engins.
Au regard de cette occupation anarchique et sans autorisation, nous les avons convoqués trois fois et ils ont tous reconnu unanimement qu'ils sont dans l'inégalité. Nous leur avons donné un délai qui a expiré le 13 juin. Nous leur avons même demandé d'identifier des terrains ailleurs et de venir prendre des autorisations. Vous verrez des gens qui vendent du gasoil, des pièces détachées devant un CMA, ce n'est pas approprié. En plus de cela il y a ceux qui rentrent dans le CMA puiser l'eau pour laver des motos ou des véhicules et prendre de l'argent et qui font leurs besoins naturels dans le district. Ce n'est pas possible et ça ne peut pas continuer».
G. Lévi Constantin KONFE
Aujourd'hui au Faso
