En cette matinée du mardi 10 septembre 2013, l'ambiance à l'école de la gare, dans l'arrondissement n°1 de Bobo, contrastait parfaitement avec celle des autres établissements primaires de la ville de Sya. L'angoisse et l'inquiétude qui s'étaient emparées des acteurs de l'éducation depuis les évènements malheureux du 10 juin dernier sont en train de faire place en cette période cruciale de rentrée scolaire à la colère et à l'indignation.
Car depuis le mois de juin dernier, la quasi-totalité des salles de classes sont hors d'usage parce que dépourvue de toiture. Le bureau du directeur et le magasin n'ont également pas été épargné par ces intempéries. Cette tornade accompagnée de vents violents qui s'est abattue à Bobo au petit matin du 10 juin aura fait d'importants dégâts. Yssouf Traoré, le directeur de l'école de la gare, s'en souvient encore comme si c'était hier.
Il explique: «Cette pluie a commencé vers les trois heures du matin et ce n'est qu'aux environs de sept heures que nous sommes arrivés sur les lieux pour constater les dégâts. Nous avons perdu beaucoup de documents et des tables-bancs endommagés. Les compositions de fin d'année qui étaient prévues pour le premier juillet ont été décalées d'une semaine. Le temps que les élèves d'une autre école voisine composent avant de nous céder leurs salles».
Depuis cette date jusqu'à nos jours, les choses sont restées telles puisque rien n'a été encore fait pour y remédier. A quelques jours de la reprise des cours, il est encore difficile de dire si l'école de la gare sera opérationnelle cette année. Situation presque identique à Kodéni où cette rentrée scolaire ne cesse de provoquer des grincements de dents chez de nombreux parents d'élèves en quête de place pour leurs progénitures.
Un spectacle désolant dans les écoles affectées par les intempéries
En visitant l'école de la gare ce mardi matin, la situation était plus inquiétante que nous le croyions, avec ces classes à ciel ouvert et complètement gorgées d'eau. Des salles vidées de leurs tables-bancs ont été transformées au cours de cette saison pluvieuse en une sorte de dépotoirs laissant ainsi entrevoir des rayons du soleil à travers ces plafonds perforés par endroits et qui continuent de s'affaisser.L'intérieur d'une salle de classe ; on dirait un dépotoir
L'intérieur d'une salle de classe ; on dirait un dépotoir
De quoi irriter davantage Bélem Mahamadi, ce parent d'élève qui semble avoir perdu tout espoir quant à une reprise effective des cours d'ici le mois d'octobre. «Nous sommes très inquiets et je me demande si mes enfants vont fréquenter cette année. Depuis le mois de juin jusqu'à ce jour, rien n'a été encore fait pour réfectionner ces classes. Pourtant, nous avons entrepris des démarches auprès du gouverneur et du haut-commissaire pendant les vacances espérant que les choses allaient bouger mais toujours rien», s'est indigné Belem Mahamadi.
Pour l'heure, aucun signe d'une éventuelle reprise des cours à l'école de la gare où nous avons rencontré le directeur de l'établissement. Assis à l'entrée de son établissement, Yssouf Traoré tentait encore de convaincre les plus sceptiques quant à la réouverture prochaine des classes. Une démarche qui n'a malheureusement pas toujours apporté les résultats escomptés d'autant plus que de nombreux parents procèdent actuellement au retrait des dossiers de leurs enfants afin de les inscrire ailleurs.
«Chaque matin, je reçois des parents d'élèves, des enseignants et même des élèves qui viennent pour s'enquérir de la situation. Mais quand ils constatent l'état des lieux, c'est le découragement total et il devient très difficile en ce moment de les faire changer d'avis. Je suis très triste parce que mon école est en train de se vider de ses élèves», nous dit avec amertume le directeur.
Le moins que l'on puisse dire est que la situation actuelle reste très préoccupante aussi bien pour les enseignants que pour les parents d'élèves. Car, depuis les dégâts occasionnés par ces intempéries du 10 juin dernier, les populations sont toujours dans l'attente d'une hypothétique solution.
La municipalité assure
Arouna Konaté qui dit avoir un seul enfant à l'école de la gare propose comme solution une cotisation des parents d'élèves afin de resoudre le problème au plus vite. Une proposition qui est loin de faire l'unanimité en cette période de vie chère et qui intervient à un moment où la priorité chez bon nombre de parents d'élèves demeure les frais de scolarité et l'achat des fournitures.
Toujours est-il que de nombreux parents d'élèves se disent surpris et indignés par cette «indifférence» des responsables de l'éducation mais surtout de l'inaction des autorités municipales. Pourtant, à la commune de Bobo qui a en charge la gestion de ces infrastructures scolaires publiques, il n'y a pas de panique à se faire.
Car le problème est suivi de très près par le maire, nous a confié le directeur des services techniques de la municipalité, Seydou Drabo, qui précise par ailleurs que «Salia Sanou a déjà effectué plusieurs sorties de terrain à ce sujet et reste préoccupé par le problème qui est en passe d'être résolu». Alors, qu'est-ce qui pourrait expliquer ce retard dans l'exécution des travaux de réfection ?
A cette question, Seydou Drabo est catégorique car pour lui, «il y a de longues procédures en la matière que nous nous devons de respecter. Ces travaux de réfection avoisinent une vingtaine de millions et il est hors de question d'attribuer le marché de gré à gré. Nous avons lancé un avis d'appel d'offres accéléré et je pense que bientôt nous allons commencer les travaux et dès la mi-octobre tout sera prêt et les élèves pourront réintégrer à nouveau leurs salles de classes».
Jonas Apollinaire Kaboré