Il ressort qu'au moins trois défis se posent aux institutions de régulation. Premièrement, assumer une indépendance par rapport au pouvoir politique. Deuxièmement, réguler efficacement un secteur d'activité où beaucoup de professionnels exercent dans l'ignorance totale des canons ainsi que des règles éthiques et déontologiques. Troisièmement, réguler les nouveaux médias sur Internet qui, par essence, sont insaisissables et défient les frontières des Etats.
Concernant le premier défi, le chercheur s'est appuyé sur le cas du Burkina Faso, pour constater le dilemme dans lequel se trouve le Conseil supérieur de la communication (Csc) composé pour l'essentiel de personnes nommées par le président de la République, le président de l'Assemblée nationale, le président du Sénat et le président du Conseil constitutionnel. Il devient difficile pour ces membres du Csc de travailler en toute neutralité, ignorant leur devoir de gratitude au risque d'être oubliés lors des prochaines nominations.
La régulation des médias est un défi du fait même des hommes qui y travaillent, en particulier les journalistes. La recherche s'est intéressée aux profils de ces professionnels qui, pour beaucoup, sont mal ou pas du tout formés. La mission du régulateur devient délicate car, il sera très souvent incompris par ces personnes qu'il est censé maintenir sur le droit chemin.
Le chercheur écrit d'ailleurs : « Le professionnalisme n'est pas toujours la tasse de thé de certains professionnels de médias. Le métier de journalisme n'est pas facile. Il convient de s'entourer d'un minimum de déontologie, d'un minimum de soubassement éthique, parce que le métier est ouvert, et pour qu'on ait une information de qualité à offrir au public qui en a besoin pour être un public mieux aguerri, mieux à même de faire des choix en période électorale par exemple, ou lorsqu'il a besoin tout simplement d'améliorer son quotidien ».
Le travail de régulation se complexifie d'avantage avec le nouvel environnement technologique, car il est difficile de contrôler le contenu des médias en ligne et même de sanctionner les responsables le cas échéant. La chose s'est davantage corsée depuis l'avènement des réseaux sociaux et des forums en ligne. On est à l'ère de « l'infobésité », selon le chercheur. Le régulateur « perd son latin face à l'ampleur et à l'intensité de ces bouleversements techniques », note-t-il.
« Je crois que c'est la première fois que nous avons un travail à la fois actualisé et qui nous permet de couvrir une période suffisamment longue, les principaux enjeux de la régulation, qu'il s'agisse au niveau de l'exercice du journalisme, de la régulation de l'audiovisuel. On avait besoin d'avoir un document de synthèse et nous l'avons maintenant (...) C'est un document dont on avait besoin pour le Burkina, également pour toute l'Afrique subsaharienne », a dit le président du jury, le Pr Bertrand Cabedoche de l'université de Grenoble. Le reste du jury était constitué du Pr Camille Roger Abolou, de l'université de Bouaké en Côte d'Ivoire, du Pr Augustin Marie Gervais Loada, de l'université de Ouaga 2, et du Pr Serge Théophile Balima, directeur de la thèse.