Le soutien apporté au Burkina Faso par le Japon prend appui sur trois piliers: l'agriculture, l'enseignement primaire et l'intégration sous régionale. Le pays du soleil levant apporte également son aide dans le domaine l'eau, l'environnement et la santé. En organisant une caravane pour les médias, l'ambassade du Japon souhaitait ainsi donner un aperçu de ce qui est fait pour le Burkina Faso, à travers aides, dons non remboursables et appui technique.
C'est par une rencontre avec l'ambassadeur du Japon que le périple des journalistes commence. Dans une salle de l'enclave diplomatique, Masato Futaishi, l'ambassadeur du Japon lui-même, reçoit les journalistes pour un débriefing, avant la «descente sur le terrain». Les deux pays, soulignera t-il, entretiennent des relations diplomatiques de longue date, même si ce n'est qu'en 2009 que le Japon a ouvert une ambassade à Ouagadougou. L'ambassadeur donne les raisons pour lesquelles son pays soutient le Burkina Faso: la place importante que le pays occupe sur le plan géostratégique, son faible développement et son potentiel minier et agricole.
Puis, le cap est mis sur Loumbila, la première étape de la visite. Cette commune rurale au nord de Ouagadougou loge une école nationale des enseignants du primaire (Enep) à laquelle est annexée une école primaire, fruit de la phase deux du projet de don «Construction et équipement de salles de classe».
D'après Kadiata Tamboura, la directrice de l'école, les élèves assimilent mieux les leçons depuis que Nouriko, une volontaire japonaise y a été affectée. «La collaboration se passe très bien. Elle voit comment nous pratiquons l'apprentissage au Burkina Faso et elle intervient pour nous faire voir comment l'enseignement des mathématiques et des sciences se passe au Japon. Nous essayons de mettre cela en pratique dans nos classes ici», explique Mme Tamboura. La méthode change de ce que l'on a l'habitude de voir au pays des hommes intègres car à travers les sciences, ajoute la directrice, «il s'agit de mettre l'apprenant au centre même de l'activité.
Il n'est plus question que l'enseignant pose des questions de façon abstraite et que ce soit lui qui dise les notions à découvrir à l'apprenant qui se mette à répéter. Ici, l'enseignant donne des consignes et avec un matériel adapté, il demande aux apprenants de mener des activités. Au bout le l'activité, c'est l'apprenant lui-même qui dit ce qu'il a trouvé. L'enseignant de préciser comment s'appelle la nouvelle notion et comment on arrive à l'orthographier.» La technique fonctionne très bien, assure Mme Tamboura.
Des son côté, "Fatoumata Ouédraogo", le nom local que Nouriko a pris, ne tarit pas d'éloges sur le personnel enseignant et les élèves. «Ils travaillent beaucoup», affirme t-elle, ajoutant que sa tâche à elle consistait à préparer le matériel pour les leçons et aider les élèves à le manipuler pendant le cours.
Coup de pouce financier
Quand il n'envoie pas des volontaires, le Japon s'investit dans l'amélioration de l'éducation à travers la réalisation de projets de don ou de projets techniques. C'est ainsi qu'à quelques encablures de là, dans la ville de Ziniaré plus précisément, le Centre de rééducation et de formation professionnel des sourds et entendants bénéficie du coup de pouce financier de la coopération japonaise. Les cinq classes de l'école abritent 93 élèves, dont 71 sourds et 32 entendants.
Les élèves, qui suivent le programme normal d'enseignement dispensé dans toutes les écoles du Burkina Faso, se relaient dans les ateliers de coutures ou de menuiserie pour apprendre à coudre des habits ou confectionner des meubles. Ils viennent de plusieurs régions du Burkina Faso. «Les sourds sont les grands oubliés des concours de recrutements dans l'administration. C'est la raison pour laquelle nous mettons l'accent sur leur formation afin qu'ils puissent se prendre en charge une fois leur études terminées», nous explique Aimé Sawadogo, le directeur.
L'homme a d'ailleurs reçu le groupe de journalistes dans son bureau, aux meubles impeccables, entièrement confectionnés par ses élèves. «J'ai juste payé le bois», plaisante le directeur, en énumérant ce que la coopération japonaise a apporté. L'établissement étant à caractère social, les élèves payent 15 000 FCFA pour les externes, et 83 000 FCFA pour qui sont en régime d'internat. La somme donne droit à une prise en charge complète, allant des repas quotidiens aux fournitures scolaires. C'est grâce au Japon que les dortoirs pour filles et pour garçons ont été érigés, ajoute Aimé Sawadogo, qui aimerait cependant pouvoir clôturer son établissement.