Tripatouillite constitutionnelle : Piqûre de rappel à Kin

| 18.09.2014
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Tripatouillite constitutionnelle : Piqûre de rappel à Kin
© DR / Autre Presse
Tripatouillite constitutionnelle : Piqûre de rappel à Kin
Décidément, les similitudes entre la conjoncture politique de la République démocratique du Congo et celle du Burkina Faso ne cessent de se multiplier.

Déjà la rentrée parlementaire, lundi dernier à Kinshasa, avait le même parfum de tripatouillite de la Constitution qu'à Ouagadougou : en effet, au Congo tout comme au Burkina, la majorité entreprend une démarche visant à modifier la loi fondamentale afin de permettre au président de la République de briguer un nouveau mandat ; et à Kin comme à Ouaga, opposition et société civile ne cessent de monter au créneau contre ce projet.

Et voilà que dans un message intitulé «Protégeons la Nation» et lu à la presse, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) s'érige contre toute tentative de modification de la loi fondamentale, qu'elle qualifie de « voie sans issue », et réaffirme la nécessité de respecter et de conserver la Constitution en l'état.

«Nous réaffirmons ainsi notre opposition à toute modification de l'article 220, article verrouillé de notre Constitution, qui stipule que la forme républicaine de l'Etat, le principe du suffrage universel, la forme représentative du gouvernement, le nombre et la durée des mandats du président de la République, l'indépendance du pouvoir judiciaire ne peuvent faire l'objet d'aucune révision constitutionnelle», a déclaré en effet l'abbé Donatien Nshole, porte-parole de la CENCO.

Cette sortie des prélats congolais, qui ne font que renouveler leur position à deux ans de la présidentielle, ne vous en rappelle-t-elle pas une autre ? Ah ! si, souvenez-vous de la fameuse lettre des évêques de la Conférence épiscopale Burkina-Niger de juillet 2013.

Ledit document, qui reflétait la vision de la Conférence sur la situation nationale, notamment la mise en place du Sénat, avait fait couler beaucoup d'encre. La polémique sur la position de l'Eglise catholique a d'ailleurs été relancée récemment avec la visite du secrétaire exécutif national du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) au cardinal Philippe Ouédraogo, valant un «droit de réponse» ecclésiastique sur RFI.

Article 220 au pays des Grands-Lacs, article 37 sur la terre des hommes intègres, la pomme de discorde est partout la même (NDLR : même s'il faut reconnaître qu'au Burkina Faso, l'article n'est pas aussi verrouillé qu'en RDC) : la volonté de modifier la loi fondamentale.

Au Congo comme au Burkina, ce n'est pas la première fois que l'Eglise catholique prend position dans la droite ligne de sa doctrine sociale, au risque même d'être prise parfois pour «un parti d'opposition».

Certes, ici et là, l'on crie toujours au procès d'intention, puisque les principaux intéressés par un éventuel tripatouillage ne se sont pas «encore ouvertement prononcés», même si leurs alliés et supporters croient le contraire, mais ceux-là même qui ne manquent de crier sur tous les toits que l'Eglise se mêle de ce qui ne la regarde pas sont les premiers à faire le tour des églises, des temples et des mosquées pour plaider leur cause.

En fait, en l'espèce, mardi dernier, les pasteurs congolais n'ont fait qu'une piqûre de rappel à tous ceux qui ont des oreilles pour les entendre : «Heureux les artisans de la paix, car ils seront appelés fils de Dieu.»

Hyacinthe Sanou

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