Présidentielle 2015 : les marchandages ont commencé

| 09.09.2014
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Présidentielle 2015 : les marchandages ont commencé
© DR / Autre Presse
Présidentielle 2015 : les marchandages ont commencé
En entamant des visites entre partis politiques, les acteurs politiques ont vraisemblablement l'esprit tourné vers la présidentielle de 2015.


Le jeudi 4 septembre, une délégation du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) conduite par son président Roch Marc Christian Kaboré s'est rendue au siège de l'Union pour le progrès et le changement (UPC). 24 heures après, c'est le parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) conduite également par son premier responsable Assimi Kouanda qui en fait de même en se déplaçant au siège du parti du lion. Même si « la politique, ce n'est pas la guerre » comme l'a déclaré le secrétaire exécutif national du parti présidentiel, c'est tout de même inédit comme l'a reconnu Zéphirin Diabré. Inédit ! Le mot est lâché et c'est bien une première sous la IVe république. Si on remonte vingt ans en arrière, il n'y aurait rien eu d'extraordinaire qui puisse retenir l'attention des Burkinabè dans ces visites puisque le MPP, constitué majoritairement d'ex-militants du CDP, et l'UPC, bâtie autour de Zéphirin Diabré ancien membre du parti au pouvoir, viennent du cercle de Blaise Compaoré. Il s'agirait donc de rencontres entre camarades. Mais de l'eau a coulé sous les ponts et les enjeux sont passés par là.

2015 approche et il se profile à l'horizon la présidentielle à laquelle le président sortant ne peut plus prendre part au terme de la clause limitative des mandats présidentiels. Même si la situation politique nationale est marquée par le combat entre pro et anti référendum, un seul objectif est dans l'esprit des opposants et des partisans de Blaise Compaoré : la conquête ou la conservation du pouvoir d'Etat. Il y a donc plusieurs cartes entre les mains des principaux acteurs de la présidentielle à venir qui va se jouer entre Roch Marc Christian Kaboré, Zéphirin Diabré et le candidat du CDP ou Blaise Compaoré au cas il y aurait un passage en force. Dans ce dernier scénario comme l'avait averti le médiateur auto- saisi Jean Baptiste Ouédraogo, le président sortant, qui dirige le pays depuis une vingtaine d'années, sera fragilisé et aura besoin d'alliances pour gérer le pays. Mais dans la situation d'un scrutin présidentiel sans le candidat Compaoré, à l'étape actuelle, comme l'a soutenu Zéphirin Diabré, aucun parti ne peut atteindre son objectif de conquête du pouvoir d'Etat ou même de conservation sans une alliance dans la mesure où les départs de Roch Marc Christian Kaboré ont fissuré et fragilisé la maison de l'épi et de la daba. Même s'il faut compter avec la candidature de Me Gilbert Noel Ouédraogo, le MPP, l'UPC et le CDP ont besoin de la combinaison gagnante.

L'UPC de Zéphirin Diabré, qui dispose de 19 députés à l'Assemblée nationale, semble être courtisée par le CDP dont l'ennemi juré est le MPP. Le MPP en fait de même à l'endroit de l'UPC. La consigne au sein du parti au pouvoir est le tout sauf MPP au pouvoir en 2015. Des convoitises qui mettent le parti du chef de file de l'opposition politique dans une position de force surtout qu'avant ces « visites de courtoisie », réunis sous la bannière de l'idéologie, l'UPC et l'ADF/RDA, deux partis se réclamant du libéralisme, se sont retrouvés pour se rapprocher davantage et trouver les moyens d'exprimer leur solidarité mutuelle entre libéraux. Sans nul doute, la présidentielle de 2015 promet des alliances et contre-alliances en perspectives.

Henry BOLI
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