Le CDP et la révision de l’article 37 : personne ne veut tenir la patate chaude pour Blaise Compaoré

| 16.09.2014
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Achille Marie Joseph Tapsoba
© DR / Autre Presse
Achille Marie Joseph Tapsoba
L'information sur le projet de proposition de loi sur un référendum sur l'article 37 de la Constitution émanant de députés CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès, parti au pouvoir) avait circulé et a même été rendue publique. Mais moins d'une semaine après, le groupe parlementaire CDP, par la voix de son 1er vice-président, Achille Marie Joseph Tapsoba, a déclaré que les 70 députés du parti au pouvoir n'ont jamais initié un projet de proposition de loi pour modifier l'article en question.

Il dit plutôt avoir initié avec le groupe parlementaire Convention des forces républicaines (CFR) et le seul député de l'Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) non inscrit à l'Assemblée nationale un appel au Président au Faso pour qu'il use de ses prérogatives constitutionnelles pour convoquer le référendum sur la question de la limitation ou non des mandats présidentiels. Absence de courage politique ou volonté de ne pas mouiller le maillot pour réviser la clause limitative du mandat présidentiel au profit de Blaise Compaoré, grand bénéficiaire de cette modification ? La question n'est pas saugrenue et non dénuée de sens quand on sait que les députés ont aussi l'initiative de la modification constitutionnelle à travers une majorité qualifiée même si, à l'étape actuelle, le parti au pouvoir ne dispose pas de réserve importante de voix à l'hémicycle pour atteindre son objectif. L'Alliance pour la démocratie et la fédération-Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA), pourtant alliée du parti au pouvoir, s'est désolidarisée de cette initiative parlementaire. Pourquoi ne pas essayer tout de même et se donner les moyens d'atteindre son objectif à travers des marchandages puisque, depuis deux ans, le CDP fait de la modification de l'article 37 son projet politique majeur sinon indispensable ? On dispose d'une prérogative constitutionnelle, l'on ne veut pas en user et on préfère s'en remettre à une autre personne !

Quid des 30 000 voix...

L'explication qui consiste à dire que les deux précédentes modifications, celles de 1997 et de 2000, n'ont pas tranché la question est légère puisque la question avait été déjà tranchée le 2 juin 1991 avec l'adoption par référendum par le peuple de la limitation des mandats présidentiels. Le souci qui taraude l'esprit des partisans du pouvoir est comment permettre à Blaise Compaoré de continuer à jouir légalement du pouvoir politique au-delà de 2015. Manifestement, c'est tourner en rond, l'initiative des députés de la majorité présidentielle est une dérobade. Le CDP semble être plongé dans des professions de foi. Où le clan présidentiel a mis cette pétition qu'il avait voulu lancer officiellement à Bobo-Dioulasso auprès de citoyens burkinabè ayant l'âge de voter pour récolter 30 000 voix afin de réviser l'article 37 ? Visiblement, il est bien loin le temps où, comme le proclamait un militant du parti au pouvoir, la majorité gouverne et l'opposition s'oppose. Les temps ont changé et malgré les apparences, les différents acteurs du parti au pouvoir n'ignorent pas que ce projet de sauter le verrou de l'article 37 ne profite qu'à une seule personne et, pire, risque de plonger le pays dans une situation indésirable. Alors à quoi bon ruiner sa vie et dilapider le peu de sa crédibilité politique pour un homme ? Avec l'initiative des 81 députés de la majorité présidentielle, ils semblent dire à Blaise Compaoré que puisque modifier l'article 37 c'est satisfaire à son souhait, il n'a qu'à prendre le risque lui-même.

Henry BOLI

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