En effet, le parti au pouvoir et ses alliés circonstanciels du Front républicain ne démordent pas sur leur chemin emprunté pour la modification de l'article 37. Même les hauts risques que ce chemin à issue incertaine est susceptible d'engendrer contre la paix et la stabilité du pays ne semblent dissuader nullement les intrépides défenseurs du tripatouillage de la Constitution.
On le sait, depuis la semaine dernière, un «bruit» concernant un éventuel projet de loi portant modification de la constitution se fait entendre. Ce projet aurait été concocté par les députés du groupe parlementaire CDP et leurs alliées (81 au total). Au cours d'une conférence de presse animée en plein week-end (le samedi 13 septembre), les représentants des députés du CDP et compagnies ont affirmé ne pas être au courant de projet. Toutefois, ils ont informé publiquement d'un appel qu'ils ont lancé au président du Faso, Blaise Compaoré, pour qu'il convoque le référendum.
Quoi qu'il en soit, la présidente du groupe parlementaire de l'Union pour le progrès et le changement (UPC), Marie Rose Compaoré, a révélé avoir été approchée par son homologue du CDP, l'informant du projet de loi qui se préparait pour la modification de l'article 37. «En tant que député du parti au pouvoir, nous sommes dans l'obligation de soutenir le chef de l'Etat» aurait dit Bédouma Alain Yoda. C'est, du moins, la révélation faite par Marie Rose Compaoré, lors d'une conférence de presse animée le même jour 13 septembre par les responsables de son parti. Auparavant, les responsables de l'ADF-RDA avaient publié un communiqué pour préciser très vite que leur parti se démarquait de la démarche du CDP.
En un mot comme en mille, l'initiative du projet de loi pour la révision de l'article 37 serait bel et bien dans les tiroirs du CDP et de ses alliés. Mais ce projet ne semble avoir aucune chance de passer lors d'un vote à bulletin secret à l'hémicycle. Pour cause: de nombreux députés au sein même du CDP ne sont pas favorables et n'hésiteront pas à opposer farouchement et secrètement si ça devrait être le cas, leur droit de veto défavorable.
En clair, l'obtention d'une majorité nécessaire pour l'adoption d'un projet de loi visant le tripatouillage de la Constitution sera difficile et compliqué, voire impossible, malgré les tractations nocturnes et diurnes tous azimuts. Certains militants au sein du pouvoir ne sont pas prêts de se faire utiliser inlassablement comme des marionnettes pour satisfaire la volonté d'un seul homme, fut-il fort. Avec la démarcation claire et nette de l'ADF-RDA et la résistance parlementaire déjà prévue par l'opposition qui voyait depuis venir les choses, un éventuel projet de loi sur la révision de l'article a plus de chance d'être voué à l'échec que de connaître une suite favorable au parlement. Les responsables du CDP et alliés en sont conscients, si bien que l'on pourrait également s'interroger sur l'objectif qu'ils poursuivent.
Sont-ils en train de jouer toujours dans leur sport favori à savoir la diversion ou le bluff? La question mérite d'être posée, quand on sait que l'initiative survient après l'appel ambigu au dialogue et non à la négociation lancé depuis les collines de Gaoua lors de la caravane du Front républicain et la visite chez les autorités coutumières et religieuses et à l'UPC.
Ainsi, on peut croire que le CDP fait semblant de vouloir passer à l'offensive dans le but de mettre la pression pour qu'il y ait une négociation ou un dialogue dont les responsables de ce parti ont seul le secret de ce qu'ils veulent obtenir à l'issue d'éventuelles discussions. Ces genres de pratiques faites de ruses et de tactiques de souffler le chaud et le froid sont monnaie courante dans les négociations et médiations internationales. Et quand on sait que derrière le CDP se cache un «homme fort», chevronné en techniques de négociation et de médiation à l'échelle sous-régionale, qui n'est tout autre que Blaise Compaoré, il ne faut balayer du revers de la main aucune hypothèse dans l'évolution de la situation socio-politique nationale.
La récente initiative des députés de la majorité qui en appellent au référendum pourrait donc participer d'une stratégie de diversion ou de bluff. Ce qui est sûr, si ce n'est pas l'un, ça pourrait être l'autre et aussi autres chose que l'on ignore. On n'osera surtout pas croire que cela est sérieux, au regard des conséquences que cela pourrait occasionner pour la vie de la nation.
Au nom de l'intérêt supérieur du pays, la question de révision de l'article 37 ne doit pas être d'actualité. Elle doit être définitivement rangée dans les tiroirs profonds des buffets de l'oubli.
Le Petit Hampâté