En effet, moins de six mois après ce soulèvement populaire jamais inégalé dans notre pays, nous ne devons pas oublier que l'insurrection a coûté la vie à une trentaine de personnes, occasionné des centaines de blessés, mis des milliers de burkinabé au chômagetechnique et contribué de manière significative au ralentissement de l'économienationale et à la paupérisation.
Les membres du parti de Blaise Compaoré doivent arrêter leurs provocations répétées, notamment le projet funeste de la caravane, les propos incendiaires de Salia Sanou, Alain Yoda, Léonce Koné, Alpha Yago et le cirque de Gilbert Noël Ouédraogo auprès des autorités religieuses et coutumières. Les propos irresponsables de certains chefs du CDP et autres partisans de Blaise Compaoré ne sont pas de nature à calmer les esprits et à ramener la paix et la quiétude dans le Pays des Hommes et des Femmes Intègres.
A cela s'ajoute le recyclage des déchets politiques qui ont pris une part active dans la modification de l'Article 37 et de certains militaires qui veulentse faire passer pour des sauveurs alors qu'ils jouaient le rôle de leadership au niveau de la hiérarchie qui donnait des ordres et collaborait étroitement avec Blaise Compaoré. Ces officiers de l'armée burkinabé se découvrent subitement un courage longtemps recherché et attendu par le peuple.
Il va sans dire que l'impact politique de ce regain d'activisme ainsi que la création tous azimuts de nouveaux partis viennent confirmer que les proches de Blaise Compaoré lorgnaient sa place et que la fuite de ce dernier en Côte-d'Ivoire a ouvert la voie à son ancienne troupe. Des membres de celle-ci ressentent brusquement le besoin de troquer leurs uniformes contre des candidatures aux présidentielles alors qu'ils s'étaient tous mués en carpes au moment où le peuple refusait de se taire et battait le pavé pour exiger ses droits.
Ce regain d'activisme s'accompagne également d'actes de vandalisme et de bouleversement de la paix sociale, suivis de menaces de mort à l'endroit des militants de l'UNIR/MS, du MPP et d'acteurs de la société civile tels que le Prof. Luc Ibriga. En effet, l'activisme des partisans de Blaise Compaoré porte préjudice à la marche de la Transition et traduit le manque de repentir sincère de ces politiciens insouciants de l'intérêt général et du devenir du pays.Certains délinquants économiques, autrefois membres du gouvernement déchu et qui ont ordonnée des virements de fonds publics dans les banques des pays voisins, reviennent clandestinement s'installer dans les secteurs de la ville de Ouagadougou tout simplement parce qu'ils n'ont pas été inquiétés par la délivrance de mandant d'arrêt international à leur encontre. Il s'agit là d'une faille qui doit être impérativement comblée par les autorités de la transition. Ils doivent être châtiés comme il le faut, à la hauteur de leurs forfaitures.
Nous déplorons également le traitement réservé à la délégation burkinabè en Côte-d'Ivoire.
De même, l'activisme de Blaise Compaoré à Abidjan interpelle les responsabilités du Chef de l'Etat, du gouvernement de la Transition, du Président du CNT et du Président de la République de Côte-d'Ivoire. Face à cet activisme, nous rappelons aux autorités ivoiriennes qu'un refugié a une obligation de réserve et qu'il leur revient de contraindre leur hôte à observer cette obligation. Faute de cela, nous sommes en droit de nous poser la question de savoir quel est le statut réel de l'ex-président déchu, Blaise Compaoré, en RCI ? Ce qui nous amène à nous poser les questions suivantes : un instigateur à la haine du citoyen burkinabè ? Un faiseur de désordre ? Un déstabilisateur du Burkina Faso ? Un chercheur de problème pour le Président Alassane Ouattara, son hôte ? Un beau-fils apatride (dans la coutume moaga, un homme digne ne cherche pas refuge auprès de ses beaux-parents)?
Selon le préambule de la Charte de la Transition, il est clairement énoncé que : « considérant notre attachement aux valeurs et principes démocratiques tels qu'inscrits dans la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance du 30 janvier 2007 de l'Union Africaine et dans le Protocole A/SP1/12/01 du 21 décembre 2001 de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance ».
Dans cette même Chartre, au chapitre VIII portant sur des sanctions en cas de changement anticonstitutionnel de gouvernement, en son Article 25, Alinéas 4 et 5, lisez plutôt :
4. Les auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement ne doivent ni participer aux élections organisées pour la restitution de l'ordre démocratique, ni occuper des postes de responsabilité dans les institutions politiques de leur état.
5. Les auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement peuvent être traduits devant la juridiction compétente de l'union.
Nous invitons alors la CEDEAO, l'UNION AFRICAINE et l'ONU à s'impliquer afin d'élucider ces questions que se posent les Burkinabè.
Face à cette situation de démagogie et de troubles à l'ordre public, les responsables de la Transition doivent donc prendre leurs responsabilités, sinon le peuple pourrait être amené à prendre les siennes, une fois de plus. Les autorités de la Transition, le Président de la Transition et le Conseil National de la Transition (CNT) doivent prendre des mesures administratives, législatives et sécuritaires pour que le peuple meurtri retrouve sa dignité. Notre peuple ne veut pas voir enjamber les cadavres de ses martyrs et salir leurs mémoires. Les responsables de la Transition doivent donc restaurer la confiance et la sécurité du peuple.
Pascal NONGA
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