Question à Maître Hermann Yaméogo : « Pourquoi induisez-vous volontairement vos lecteurs en erreur ? »

| 20.10.2014
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Question à Maître Hermann Yaméogo : « Pourquoi induisez-vous volontairement vos lecteurs en erreur ? »
© DR / Autre Presse
Question à Maître Hermann Yaméogo : « Pourquoi induisez-vous volontairement vos lecteurs en erreur ? »
Questions à Maître Hermann Yameogo suite à son article publie sur bayiri.com du 6 octobre 2014 sous le titre « Hermann Yameogo décrypte la problématique de la révision de la constitution burkinabè au regard de la Charte africaine de la démocratie »

La Loi des lois n'est-elle pas une loi, sinon la Loi fondamentale?

Maître, vous dites dans votre écrit : « Aux termes de l'article 151 de la constitution, « Les traités et accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur promulgation, une autorité supérieure à celle de la loi .... ». Et vous ajoutez : « On l'aura remarqué la supériorité à l'égard de la constitution n'est pas mentionnée ». Maître, à quoi faites-vous allusion quand vous parlez de « la Loi des lois » ? Si c'est la constitution, la loi des lois n'est-elle pas une loi ? Si oui, vous ne pouvez pas déduire que la Constitution n'a pas été mentionnée.

Lire aussi : Hermann Yaméogo décrypte la problématique de la révision de la constitution burkinabè au regard de la Charte africaine de la démocratie

Qu'est-ce qu'une question d'intérêt national, Maître ?

Si la question, c'est de savoir si oui ou non les burkinabè sont pour la limitation du nombre et de la durée des mandats présidentiels, afin que le résultat du referendum s'applique au successeur du président Compaoré (en fin de contrat avec le peuple en novembre 2015, je comprendrais le caractère national de l'intérêt, car tout burkinabè remplissant les conditions peut en bénéficier dès la présidentielle de novembre 2015. Le président Compaoré pourra en bénéficier en 2020, s'il veut revenir. Par contre, si la question doit être posée pour que le résultat bénéficie immédiatement au président Compaoré, l'intérêt individuel ou du clan prendra le dessus. Malgré les dénégations de la Majorité et des autres partisans de la suppression de la clause limitative, l'on ne peut rien voir d'autre qu'un 'forcing' pour permettre au prédisent Compaoré de demeurer au pouvoir. Et pour combien de temps encore ? C'est pour permettre l'alternance des hommes, et même des partis, si chère en démocratie, pour éviter le caractère personnalisé de ce referendum en perspective, que des organisations de la société civile ont fait la proposition selon laquelle s'il doit avoir referendum, il faut le coupler avec la présidentielle de novembre 2015 ; ce qui fait bon sens à notre sens.

Pourquoi induisez-vous volontairement vos lecteurs en erreur ?

Dans votre développement au point 2, sur l'article 23 de la charte, vous induisez volontairement vos lecteurs en erreur. Pourquoi le faites-vous, Maître ? Vous savez pertinemment que «la régularité des élections pour légitimer le pouvoir (titre III et V), ne consacre pas forcement l'alternance, contrairement à ce que vous soutenez.
Maître, vous ne rendez pas service à vos 'amis', encore moins au peuple burkinabè. Vous utilisez votre talent d'avocat, donc d'homme de loi et de droit, pour précipiter vos 'amis', pas contre le mur de Tandja mais dans le gouffre. Mais avant, vous les aurez poussés à suffisance à des actes hautement préjudiciables à la stabilité et à la paix sociale. Comment pouvez-vous dire : « On peut ne pas être d'accord avec la non limitation des mandats présidentiels (considérant qu'elle décourage l'alternance, la rend même impossible notamment en Afrique) », et en même temps encourager et accompagner vos 'amis' dans l'organisation d'un referendum pour faire sauter justement la clause limitative des mandats présidentiels ? Cela ressemble fort bien à ma compréhension de la position de M. Maxime Kaboré que je résume comme suit : « je suis contre la modification de 'article 37 pour supprimer la clause limitative des mandats présidentiels, mais je défends le referendum qui pourrait être organisé à cet effet. Je battrai campagne pour le non et je voterai non ». Que de gâchis de temps, d'énergie, et surtout d'argent qu'on pourrait utiliser dans des secteurs de développement.
Et pour la mise en œuvre du projet, vous proposez au président Compaoré la mise en place d'un gouvernement de combat dans lequel le Front Républicain dont vous êtes le co-président, sera en bonne position. Ne dit-on pas que la charité bien ordonnée commence par soi-même ?

N'est-ce pas là une occasion en or pour vous pour rebondir ?

Sachant toutefois que la mise en œuvre de cette forfaiture rencontrera des résistances farouches somme toute légitimes, vous-vous êtes arrogé le droit, ou avez cru votre devoir de rappeler au président Compaoré les moyens de répression et de bâillonnement à sa disposition pour juguler la fronde : restriction de la liberté de presse et d'opinion ; instauration de l'état d'urgence ; l'usage des pleins pouvoirs et des pouvoirs exceptionnels prévus par les articles 58 et 59... Et pour être suffisamment précis, vous allez jusqu'à dire : « Il est à relever que dans ces deux cas les mesures peuvent comporter : le couvre -feu, les perquisitions sans cadre judiciaire et de nuit, la mise en résidence surveillée, la limitation voir l'interdiction selon les circonstances des réunions et diverses manifestations, la censure sur la presse .... Il peut arriver que l'on soit contraint dans l'intérêt commun de guérir le mal par le mal. En l'occurrence d‍ être obligé par exemple de répondre à la guerre, par la guerre. » Maître, était-ce vraiment nécessaire ? Quelle est la situation actuelle de tous les présidents que vous avez cités comme ayant porté atteinte à l'esprit et/ou à la lettre de la constitution de leur pays en essayant un passage en force, et qui ont peut-être fait moins que ce que vous préconisez ? Est-ce leur sort que vous souhaitez au président Compaoré ? Il mérite mieux que cela, vu ce qu'il a fait pour le Burkina Faso et pour certains pays de la sous-région. Il mérite d'être accompagné pour une sortie honorable, ce qui passe par la reconnaissance de la fin de son contrat en novembre 2015.

Benao Cynthia
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NB: L'opinion de l'auteur ne reflète pas forcément le point de vue de Bâyiri.com

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