Excellence monsieur le Premier ministre,
En 2011, réunis en collectif des ressortissants de la province du Soum, nous avions rédigé et adressé un mémorandum à votre attention. Mémorandum dans lequel nous attirions votre attention entre autres sur l'état du tronçon Kongoussi-Djibo long de quatre-vingt-seize (96) km et formulions le souhait de voir ce tronçon bitumé pour accélérer le développement de notre province. Votre Directeur de Cabinet nous a fait l'honneur de nous recevoir et nous a longuement écoutés. A la sortie de cette rencontre, de nombreuses promesses ont suivi mais jusque-là, rien de tangible sur la voie et le calvaire des usagers de cet axe va de mal en pis.
Excellence monsieur le Premier ministre,
Au lieu d'être un catalyseur de développement, la voie qui mène de Ouagadougou à Djibo en passant par Kongoussi cristallise toutes les frustrations des ressortissants de la province du Soum. C'est pourquoi, la population du Soum s'est mobilisée autour d'un mouvement de jeunes pour organiser un sit-in le 1erseptembre au Haut-commissariat en vue d'avoir des précisions sur l'état d'entretien courant routier et le début des travaux de bitumage du tronçon Kongoussi-Djibo. A l'issue du sit-in, la liste des doléances a été remise à l'autorité compétente présente. N'ayant pas reçu de réponses satisfaisantes, les jeunes se sont retrouvés le mardi 2 septembre à la sortie sud de Djibo (axe Djibo-Ouaga) pour barrer la voie et empêcher que les véhicules aient accès à la ville exception faite des véhicules des forces de l'ordre, des humanitaires et de la santé... Faut-il rappeler que cette action fait suite à celle menée en 2011 pour les mêmes motifs ? Impuissantes, les autorités locales, après des pourparlers infructueux, ont dû faire appel à Monsieur le gouverneur de la région du Sahel qui, à son arrivée, a souhaité rencontrer une délégation des manifestants au Haut-commissariat. Certainement, se rappelant de l'expérience vécue en 2011, les jeunes ont plutôt demandé à l'autorité de les rejoindre sur le lieu du sit-in après que le Haut-commissaire, le directeur provincial des infrastructures du désenclavement et des transports, le maire et le commandant de compagnie de gendarmerie se sont rendus sur les lieux sans incident. De guerre lasse, le Gouverneur s'est adressé aux manifestants par le biais d'une radio de la place. Cette adresse ne semble pas avoir convaincu les jeunes qui ont poursuivi leur mouvement jusqu'au jeudi 4 septembre. Contrairement aux allégations faites, le gouverneur n'a été, en aucun moment, l'objet d'une quelconque séquestration.
A 5h22, des forces de l'ordre ont dispersé les jeunes et engagé des courses-poursuites dans la ville de Djibo, procédant à de nombreuses arrestations, des dégâts matériels (des biens ont été emportés par des forces de l'ordre) et occasionnant plusieurs blessés graves. Notre sœur Hourêta Tamboura, victime collatérale de la confrontation, est décédée ce vendredi 12 septembre à Ouagadougou après son évacuation d'urgence à l'Hôpital Blaise Compaoré.
Précisons que des informations reçues et des constats faits, il ressort une utilisation abusive de grenades lacrymogènes jusque dans les domiciles (souvent dans les chambres) et même dans certains centres de santé de la ville.
Excellence Monsieur le Premier ministre,
Tout en espérant que des actions soient diligentées pour désenclaver le plus rapidement possible la province du Soum, nous, ressortissants de la province du Soum exigeons que toute la lumière soit faite sur les évènements malheureux de Djibo et que des sanctions à la hauteur des forfaits soient prises à l'encontre des commanditaires de ce drame.
Nous vous prions, Excellence Monsieur le Premier ministre, de recevoir l'expression de notre entière considération.
Pour le Collectif des ressortissants de la province du Soum,
El Hadj Ousmane Saïdou Yéro TAMBOURA
Chevalier de l'Ordre national