1. Si le RSP est un corps à la disposition du Chef de l'Etat/institution, comment peut-on expliquer l'épisode douloureux du 15 octobre 1987 dans lequel il se défait lui-même du Président du Faso Thomas Sankara ? (Je fais abstraction du changement de dénomination du corps, CNEC ou RSP se confondent).
2. Au vu de la mission intrinsèque du RSP telle que vous l'avez présentée, comment expliquez-vous ses incursions intempestives dans la gestion civile de troubles, occasionnant ainsi de nombreuses victimes et des crimes politiques dont tout le monde est au courant ?
3. Au service du Président du Faso et appelé à appuyer le reste de l'armée dans des missions pointues, comment expliquer que d'éléments du RSP puissent se mettre subitement sous les ordres de « civils » pour commettre des crimes (cas David Ouédraogo puis Norbert Zongo aux dires du RSP lui-même dans « son mémoire en défense ») ? On peut même affirmer que l'ensemble du corps a assumé, vu que les intéressés n'ont subi aucune sanction.
4. Le RSP n'étant pas hors de l'armée burkinabè et répondant à l'armée de terre, comment a-t-il pu s'imposer à l'Etat-major général des armées pour faire prévaloir le positionnement du Lieutenant-Colonel Zida à la tête de la Transition ?
5. S'il est vrai que dans l'armée, la prise en compte du grade est systématique dans les fonctions de commandement militaire, comment expliquer l'ascension de moins gradés tout au long de l'histoire de l'armée burkinabè, surtout depuis la révolution d'août 1983 ?
Je rappelle qu'il y avait des colonels, mais on a vu des commandants, capitaines et même lieutenants diriger des unités, vous-même Gilbert Diendéré en est un cas d'ascension fulgurante ! Ce principe semble redevenir sacro-saint pour le RSP post Blaise Compaoré ! ?
6. Mon Général, pouvez-vous expliquer comment un corps militaire peut lui-même désigner son propre commandement ? Ce corps étant chargé de protéger l'institution suprême du pays, cela ne revient-il pas à nier l'autorité de celle-ci, par ailleurs Chef suprême des armées ? A ce que je le sache, l'autorité avait toujours eu le droit de nommer qui il veut, quitte à déplacer les plus gradés. Pourquoi cela ne peut plus se faire au RSP ?
7. Le RSP s'en prend au Colonel Zida qui est le Premier Ministre du Faso nommé par le Chef de l'Etat : cela est-il normal dans une république normale ? Contrairement à ce qui nous a été servi, les revendications dont il était question pouvaient-elles trouver satisfaction par Zida s'il n'était le Premier ministre ?
8. Le RSP a-t-il le droit d'entraver la tenue des Conseils des Ministres juste pour faire valoir des prétentions corporatrices ? Chargé de protéger l'institution Président du Faso, il peut donc aussi la détruire en l'empêchant d'exercer ses prérogatives constitutionnelles ?
9. Vous semblez mettre l'accent sur les capacités opérationnelles du RSP pour justifier son positionnement institutionnel, pourtant les actes successifs posés par les soldats de ce corps révèlent un manque criard de formation en ce qui concerne particulièrement la compréhension de leur mission et de leur rôle dans la société. En témoignent leur instinct de supériorité et leurs crimes individuels commis dans la ville. Quelles explications en donnez-vous ? (Je vous rappelle qu'un militaire sans formation politique conséquente est un criminel en puissance !).
10. Enfin, mon Général, tout profane que je suis, j'aimerais bien savoir si après sa démission de la fonction présidentielle, Blaise Compaoré avait encore le droit à l'escorte et à la protection du RSP, y compris à l'extérieur du pays et pendant plusieurs semaines? Cela d'autant plus que le RSP s'intéresse au Président Faso institution (il n'y en a pas deux !) et non à l'individu Blaise Compaoré.
Au total, mon Général, j'ai bien peur que vous ne vous soyiez constitué avocat du diable, car je présume qu'il vous sera difficile de trouver réponse à ces questionnements qui sont sur les lèvres de tous les burkinabè. Et si vous admettiez tout simplement que le RSP est aujourd'hui en déphasage avec la République et la démocratie, en plus de l'être avec le reste de l'armée, et que par conséquent il doit être sinon démantelé, du moins réorienté ?
Vincent de Paul SAWADOGO
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