Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Un « grand démocrate », disait encore hier, vendredi 22 novembre, à l'occasion du centième jour de la répression de la place Rabia, le Premier ministre Erdogan au sujet de l'ancien président Morsi, insistant sur le respect que lui inspirait son « attitude » devant la justice, mais ajoutant qu'il n'en avait aucun pour les auteurs du coup d'Etat.
Ce sont ces mots qui ont définitivement fâché les autorités égyptiennes, qui avaient déjà, à plusieurs reprises, dénoncé l'immixtion de la Turquie dans leurs affaires intérieures. Le même ambassadeur turc, Hüseyin Avni Botsali, qui avait déjà, peu après le renversement du gouvernement des Frères musulmans, été rappelé à Ankara en signe de protestation, est cette fois tellement sûr de ne pas reprendre son poste au Caire qu'il a déjà été affecté à la tête d'une nouvelle ambassade.
Quant à l'ambassadeur égyptien en Turquie, qui était déjà, depuis août dernier, dans son pays pour consultations, il a été prié par Ankara de rester où il est avant d'être officiellement déclarépersona non grata en Turquie.
Au centre de la querelle : les Frères musulmans
Depuis début juin, les relations n'ont fait que se tendre entre les deux pays, en raison du soutien appuyé du gouvernement islamo-conservateur de l'AKP aux Frères musulmans. Le torchon brûle désormais, ce qui ne semble pas gêner Recep Tayyip Erdogan, qui ne rate pas une occasion de faire en public le signe de la main aux quatre doigts ouverts, symbole de la place Rabia.
Cet après-midi, la Turquie a convoqué le chargé d'affaires égyptien après cette décision du Caire d'expulser son ambassadeur.