Percée du front national en France : L’Afrique doit-elle s’inquiéter ?

| 01.04.2014
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Percée du front national en France : L’Afrique doit-elle s’inquiéter ?
© DR / Autre Presse
Percée du front national en France : L’Afrique doit-elle s’inquiéter ?
Les résultats des élections municipales en France sont tombées dimanche 30 mars 2014 : aucune surprise a priori ; en revanche, beaucoup de déception et de remords pour la gauche dans son ensemble.


A droite par contre, l'ambiance est à la satisfaction d'une manière générale, et surtout dans le camp de Marine Lepen. Il faut d'ailleurs dire que l'évènement majeur de ces élections municipales est justement la percée fulgurante du Front national (FN).

 

Alors que les Français dans leur grande majorité s'indignent officiellement d'une telle percée spectaculaire du « mal aimé » des partis politiques de France, pour nous Africains la question qu'il convient de se poser est la suivante : quels enseignements les Africains doivent-ils tirer de cette montée en force du Front national en France ? L'Afrique doit-elle s'en inquiéter ?

Ce parti ne fait aucun mystère de son hostilité envers les communautés étrangères

Il ne s'agit pas ici de revenir sur la sanction dont écope Hollande l'Africain. Il s'agit plutôt de porter un regard analytique sur les conséquences possibles et donc probables de cette sanction qui met en selle un parti connu pour ses positions outrancières sur les minorités raciales en France. Ce parti, on le sait, ne fait aucun mystère de son hostilité envers les communautés étrangères, notamment africaine sur le sol français.

Mais on peut d'entrée de jeu, relativiser la portée de cette élection pour le continent africain ; en effet, il ne s'agit pour l'instant que des résultats d'élections municipales, donc moins importantes que le seraient des élections législatives ou présidentielles. Ce qu'il faut redouter, c'est surtout ce que de tels résultats sont censés annoncer pour un futur plus ou moins lointain dans l'Hexagone. Sont-ils le signe avant coureur d'une accession de ce parti aux commandes de l'Etat français ? Quelles seraient dans une telle hypothèse, les conséquences pour l'Afrique ?

Le FN au pouvoir, en France, c'est d'abord la mise en œuvre de son fameux slogan, « la France aux Français » ; un slogan que nombre de Français condamnent du bout des lèvres, mais qui n'en traduit pas moins les sentiments de la plupart d'entre eux. Ce serait donc le retour de la majorité des Africains vers leur continent d'origine. Dans une telle perspective, hormis les scènes d'humiliation, il faut compter avec les déchirements liés aux inévitables dislocations de familles mixtes que nombre d'Africains, pour une raison ou pour une autre, ont fondées avec des Français de souche.

La deuxième conséquence, et pas des moindres, est qu'il faudrait envisager ce qu'il conviendrait d'appeler une « opération retour à la mère-patrie à l'échelle continentale ». Or, quand on connaît la cacophonie qui règne au sein de l'Union africaine (UA) lorsqu'il s'agit de s'entendre sur des questions moins importantes, on n'a aucune peine à imaginer l'ampleur du désarroi des Africains et de leurs dirigeants. Le pire dans cette hypothèse sera le ralentissement du processus même du développement de l'Afrique. Et ce, du fait d'un ralentissement du transfert des connaissances et des technologies, de la France vers l'Afrique.

Aucun président français ne peut s'aviser de se passer de l'Afrique

Une arrivée du FN au pouvoir en France impliquerait automatiquement une diminution de l'aide française aux pays africains.
Toutefois, cette hypothèse ne charrie pas que des scénarii- catastrophes pour le continent berceau de l'humanité. Une telle rupture peut être bénéfique pour l'Afrique. Cela, dans la mesure où depuis les indépendances, on a l'impression que les Africains n'arrivent pas à imaginer leur salut en dehors de la France. Une telle rupture aurait l'avantage de susciter un sursaut d'orgueil chez les dirigeants africains, contraints de trouver des solutions pour que l'Afrique vive sans la France. La politique d'exclusion appliquée par le FN, si d'aventure ce parti parvenait au pouvoir, pousserait les Africains à apprendre à se battre, à chercher d'autres portes de sortie, car comme l'a dit Bob Marley « when one door is closed, don't you know, another one is opened » (quand une porte est fermée, il faut savoir qu'il y en a une autre qui est ouverte).

L'Afrique devra arrêter de pleurnicher et s'inspirer de l'histoire des Etat-Unis qui se sont affranchis de la colonisation britannique et qui se retrouvent aujourd'hui première puissance mondiale ; loin devant la Grande-Bretagne.

Alors y a-t-il lieu vraiment pour l'Afrique de s'inquiéter d'une éventuelle accession du FN au pouvoir en France ? Vu sous tous les angles, on est porté à répondre par la négative. Car comme l'a si bien dit Omar Bongo : « si la France me lâche, je la lâche ». En tout état de cause, Lepen ou pas, aucun président français, qu'il soit de la droite ou de l'extrême droite, ne peut s'aviser de se passer de l'Afrique. Real politik oblige !

Dieudonné MAKIENI

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