Alors que de hauts responsables européens pointent du doigt le régime syrien, le ministère russe des Affaires étrangères insiste sur le fait qu'il semble s'agir d'une provocation.
Dans ce contexte de nouvelle vague de propagande antisyrienne, nous pensons que les appels de quelques capitales européennes à faire pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU et à décider dès maintenant de recourir à la force sont inacceptables, a indiqué le ministère russe dans un communiqué.
La Russie, l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, a jusqu'ici bloqué toutes les résolutions sanctionnant le régime de Damas auquel elle vend des armes et dont elle est l'un des derniers soutiens.
Une offensive a eu lieu mercredi dans la Ghouta orientale et à Mouadamiyat al-Cham, des secteurs à la périphérie de Damas aux mains des rebelles, qui a fait un nombre de victimes encore indéterminé. L'opposition a accusé le régime de Bachar al-Assad d'avoir eu recours à l'arme chimique, affirmations catégoriquement rejetées par ce dernier.
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait déclaré jeudi qu'une réaction de force était nécessaire si l'usage d'armes chimiques était avéré.
Vendredi, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a déclaré que Londres pensait à une attaque chimique du régime d'Assad à grande échelle et voulait que les Nations unies puissent l'établir.
Mais la Russie doute fortement de cette version, le ministère soulignant dans son communiqué que des informations sur internet qui impliquerait le régime d'Assad dans cette attaque avaient été publiées quelques heures avant les faits.
L'attaque dans cette zone contrôlée par les rebelles s'est produite alors qu'une mission d'inspection de l'ONU se trouve en Syrie pour enquêter sur le recours à l'utilisation éventuelle d'armes chimiques dans de précédents faits.
Pointant du doigt l'opposition syrienne, le ministère russe a ajouté qu'il n'y avait malheureusement pas de signes montrant que celle-ci était prête à garantir la sécurité et l'efficacité du travail des experts (de l'ONU) sur ce territoire contrôlé par les rebelles.
Ainsi, cela empêche de fait une enquête sur un possible recours à des armes chimiques en Syrie, à laquelle appellent de nombreux pays et la Russie, a-t-il ajouté.
La Russie continue de suivre de très près les développements autour de la prétendue attaque chimique. Il apparaît de plus en plus de nouveaux témoignages selon lesquels cette action criminelle avait un caractère clairement provocateur, a-t-il insisté.
Plus tôt dans la journée, le ministère a indiqué que lors d'une conversation téléphonique, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et son homologue américain John Kerry avaient exprimé un intérêt commun pour une enquête objective de l'ONU sur l'attaque près de Damas.
Dans la soirée de vendredi, le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué que M. Lavrov avait reçu des appels téléphoniques de ses homologues français Laurent Fabius et britannique William Hague à propos de la situation en Syrie, sans donner de détails.
La Russie avait déclaré dès mercredi que les soupçons d'utilisation par les autorités syriennes d'armes chimiques par le régime de Damas étaient une provocation planifiée.