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Assassinat d’Hervé Gourdel: l’Afrique sous le choc
La communauté internationale s'est dite choquée et horrifiée par l'assassinat de l'otage français en Algérie, Hervé Gourdel. En Afrique où vit une grande communauté musulmane, l'incompréhension et la stupeur sont les mêmes.
Au Mali, ce qui domine c'est la colère et la tristesse. Les personnes interrogées se disent unanimement choquées et toutes dénoncent un acte barbare. « Ils disent qu'ils font ça au nom de l'islam, mais ils n'ont rien compris. L'islam, ce n'est pas ça. L'islam c'est la tolérance », s'indigne un jeune homme.
Il faut dire que le Mali connaît malheureusement très bien ce problème. Le nord du pays a, en effet, été occupé pendant près d'un an par des groupes jihadistes qui continuent de mener des attaques dans le nord. Mardi, c'est un Malien – un Touareg – que l'on a retrouvé décapité, lui aussi, au nord de Tombouctou. « Cela nous fait très peur. Le Mali et l'Algérie sont des pays qui se touchent. Nous sommes concernés par ce qui s'est passé là-bas », a-t-on également répondu à RFI.
« Le risque zéro n'existe pas »
L'annonce de cette première décapitation d'un otage français en Afrique a laissé perplexe plus d'un Nigérien. Dans la communauté des expatriés français, « c'est plus que de l'amertume, c'est de la rage. On a laissé la pieuvre s'installer dans le Sahara par laxisme, s'est indigné un photographe et grand connaisseur du Sahara nigérien. Ces barbares sont pires que les animaux parce qu'au moins eux, les animaux ne s'égorgent pas. »
« Des barbares qui interprètent mal le Coran à leur manière, il faut tout simplement les combattre », dira un autre expatrié. Du point de vue sécuritaire, « le risque zéro n'existe pas », dit-on à Niamey, mais face aux actions terroristes dans le nord du Mali et dans le nord du Nigeria où sévit Boko Haram, les forces de sécurité nigériennes sont constamment en alerte. Plus de quatre cents véhicules pick-up patrouillent quotidiennement dans le pays sur toutes les frontières.
L'insécurité : un sentiment très diffus
Le sentiment de quelques Français que RFI a pu recueillir à Abidjan, c'est aussi de la tristesse et de la compassion pour la famille et les proches d'Hervé Gourdel. Les musulmans de Côte d'Ivoire, eux, ne comprennent pas les motivations qui ont animé les ravisseurs. Beaucoup affirment qu'un tel acte « n'était pas islamique et qu'il n'avait rien à voir avec leur propre religion. »
Il y a actuellement 17 000 ressortissants français en Côte d'Ivoire – un pays qui compte huit millions de musulmans sur vingt millions d'habitants. L'insécurité est un sentiment très diffus. Des consignes de sécurité promulguées par l'ambassade et les consulats de France en matière de déplacements ou bien de séjours sont à suivre, mais il n'y a pas des mesures spécifiques prises depuis les menaces terroristes de ces derniers jours.
Inquiétude en Tunisie
La plupart des Français de Tunisie avec qui RFI a pu discuter refusent de céder à la panique mais reconsidèrent le risque depuis cette exécution. Beaucoup estiment que la Tunisie est l'un des pays les plus stables de la région ; certains vont même jusqu'à affirmer qu'il y a plus de risques d'attentats en Europe. « Personne ne dira ouvertement qu'il a peur », nuance pourtant une expatriée.
L'ambassade de France appelle toutefois à la plus grande prudence et à une vigilance renforcée. Elle recommande de limiter les déplacements et d'éviter les zones frontière avec l'Algérie et la Libye. Un renforcement de la sécurité des entreprises, bâtiments et des établissements scolaires français a par ailleurs été demandé aux autorités tunisiennes. Dans les coulisses des entreprises, certains employés ont reçu des mises en garde comme éviter les déplacements hors du grand Tunis.
Autres sources d'inquiétude : l'annonce du soutien du groupe armé Okba Ibn Nafaa traqué à l'ouest de la Tunisie à l'organisation Etat Islamique mais aussi la présence de Tunisiens aux cotés des combattants de ce mouvement. Ils seraient 2 400 à être partis pour le djihad en Syrie, selon le ministère de l'Intérieur. Des milliers d'autres Tunisiens auraient été empêchés d'y partir