Pourquoi la communauté internationale s'acharne-t-elle contre Kabila uniquement ?
La communauté internationale s'est invitée au débat en se prononçant ouvertement contre un éventuel tripatouillage de la loi fondamentale qui ouvrirait la voie à Joseph Kabila pour un troisième mandat. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, l'a dit de vive voix au président congolais, à l'occasion de sa dernière visite en RDC. Le 14 mai dernier, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC, Martin Kobler, a fait une déclaration allant dans le même sens que John Kerry. Dans une Afrique de plus en plus gagnée par le virus des révisions constitutionnelles pour permettre aux princes qui nous gouvernent de monarchiser leur pouvoir, l'on peut se poser la question de savoir pourquoi la communauté internationale s'acharne tant contre uniquement le pauvre Kabila, surtout que celui-ci n'a pas encore expressément dit qu'il rebeloterait en 2016. Pendant ce temps, la même communauté internationale est curieusement muette face à d'autres présidents africains qui y réfléchissent sérieusement ou qui s'y essayent. Il est vrai que la communauté internationale, et en particulier l'ONU, s'est beaucoup investie pour que le pays de Patrice Lumumba ne vole pas en éclats, mais cela ne donne pas à l'organisation onusienne le droit de seriner à Kinshasa des leçons de démocratie pendant qu'elle déroule le tapis rouge à des présidents africains dont les pratiques sont visiblement aux antipodes de la démocratie. Joseph Kabila n'est certes pas un démocrate, mais il n'est pas pire que son voisin Sassou N'Guesso, Paul Kagamé, Dos Santos, Idriss Deby ou encore Blaise Compaoré du Burkina Faso.
Cette politique du deux poids deux mesures de l'Occident met mal à l'aise les démocrates d'Afrique
Et la liste est loin d'être exhaustive. Franchement, la volonté de l'Occident de faire de la RDC, un îlot de démocratie dans un océan de dictature est difficilement compréhensible.
L'on a l'impression que la communauté internationale, dans son souci de promotion de la démocratie en Afrique et ailleurs dans le monde, laisse la poutre qui est dans l'œil de certains pour s'occuper de la paille qui se trouve dans l'œil des autres.
Cette politique du deux poids deux mesures de l'Occident met mal à l'aise les démocrates d'Afrique. Ce comportement s'apparente à une véritable hypocrisie qui conforte les dictateurs africains dans leur volonté de s'accrocher au pouvoir, quitte à brûler leurs pays parce qu'ils savent que tant qu'ils vont défendre les intérêts de l'Occident dans leurs pays, celui-ci fermera les yeux sur leurs dérives anti-démocratiques. Kabila a eu le malheur de confier l'exécution des grands travaux de son pays aux entreprises chinoises. S'il les avait confiés à des entreprises occidentales, l'on peut parier qu'il aurait eu droit à un traitement spécial et il aurait eu carte blanche comme les autres pour charcuter sa Constitution quand il le voudra. C'est pourquoi l'Afrique ne doit pas forcément compter sur les autres, pour se débarrasser de ses dictateurs. Elle doit d'abord compter sur elle-même. Dans ce combat difficile mais noble pour la promotion de la démocratie, l'opposition, la vraie, et la société civile ont un rôle d'avant-garde, car aucune dictature, aussi féroce soit-elle, ne peut venir à bout de la détermination d'un peuple qui est prêt à tous les sacrifices pour goûter aux délices de l'alternance démocratique.
Pousdem PICKOU