L'avènement d'une monnaie dans l'espace CEDEAO entraînera des « grincements de dents » dans certaines capitales
A travers ces premières dispositions prises, l'on est tenté de croire que l'espoir est permis. Quoi qu'il en soit, l'on peut, d'ores et déjà, apprécier, de façon positive, cette initiative et dire qu'elle vient à point nommé. Une cinquantaine d'années après les indépendances, il était temps que les dirigeants ouest-africains prennent enfin leurs responsabilités au plan économique. La création d'une monnaie par les Africains et pour les Africains, permettra sans doute aux Etats membres de la CEDEAO de se libérer de la tutelle du Trésor français. Elle devrait permettre d'impulser une nouvelle dynamique de développement socio-économique dans l'espace sous-régional. D'où la nécessité pour les dirigeants des quinze Etats de la CEDEAO de faire front commun pour que le projet aboutisse. Les défis à relever pour y parvenir restent immenses, tant les enjeux politiques et économiques sont multiples et multiformes à différents niveaux. De fait, il est clair que l'avènement d'une monnaie dans l'espace CEDEAO entraînera des « grincements de dents » dans certaines capitales. On peut croire en effet, que certains dirigeants, occidentaux en particulier, verront d'un mauvais œil cette monnaie unique qui se profile à l'horizon.
Ce ne sont pas les ressources humaines, matérielles et financières qui font défaut au sein de la CEDEAO pour la mise en place d'une monnaie unique
Pour des raisons d'intérêts économiques, ils voudraient toujours voir les choses rester en l'état. Quoi qu'il en soit, les Etats membres se doivent d'aller jusqu'au bout et de remporter ce challenge. En dépit des difficultés, ils doivent s'armer de courage, d'audace et de ténacité pour que le projet aboutisse. Cela s'inscrit dans une démarche d'affirmation de soi. En fait de difficultés, le chemin ne sera pas sans embûches. Sur un continent habitué à des coups d'Etat dont les tripatouillages de constitution et autres entorses à la démocratie font le lit, comment régler la question des « critères de convergences » sans lesquels un tel projet serait voué à l'échec ? Il y a assurément bien des préalables à régler si l'on veut donner toutes les chances de réussite à un tel projet. Il faut surtout y croire car ce ne sont pas les ressources humaines, matérielles et financières qui font défaut au sein de la CEDEAO pour la mise en place d'une monnaie unique. En cela, les Etats de la CEDEAO doivent prendre en main leur propre destinée sur la route de leur développement socio-économique. L'idée développée doit se traduire en actes concrets et non se limiter à un simple effet d'annonce.
Saïdou ZOROME