Une conséquence de tout cela est que le climat demeure tendu par exemple dans le secteur d'Ansongo au nord-est du Mali. Même que, vendredi, la Minusma a déploré dans un communiqué «ces affrontements intercommunautaires pouvant entraver la réconciliation nationale» ; Bamako, de son côté, a qualifié le massacre de Tamkoutat d'acte terroriste, et le niveau d'alerte a été relevé dans la capitale malienne.
A l'origine de ces confrontations sanglantes, il y aurait les vols impunis de bétails allant de centaines de têtes à des troupeaux entiers.
Sur place dans la région du Djebok, si certains n'hésitent pas à expliquer ces pogroms par l'instrumentalisation des Peuls par le Mujao, d'autres les imputent à l'insécurité généralisée du fait de l'absence des forces de l'ordre, de la vacance d'Etat, car, si dans cette zone frontalière, les conflits intercommunautaires entre Touaregs et Peuls ne sont pas nouveaux, il y a désormais cette différence, et elle est de taille, qu'avec les armes abandonnées par le Mujao, les règlements de comptes sont plus nombreux et plus violents, a expliqué un grand connaisseur de la région.
Le fait est en tout cas là que, livrés à eux-mêmes, au Nord-Mali, Peuls, Songhaïs et Arabes se débrouillent pour se procurer des armes et se défendre quand ils ne recourent pas à l'intégration au Mujao «pour se protéger» selon le leader peul Abdoul-Aziz Souleymane qui, après l'explication des massacres par la proliférations des armes de guerre, appelle au désarmement de tous les groupes et à des retrouvailles entre Tamachecks et Peuls pour l'enterrement de la hache de guerre.
Le moins qu'on puisse dire est que ces massacres viennent se greffer à d'autres problèmes tout aussi cruciaux : les conflits armés sur fond de revendications indépendantistes du MNLA, qui a ouvert la boîte de Pandore.
Depuis, dans cette crise malienne à tiroirs, quand on règle un problème, un autre surgit ; à preuve, ces problèmes de vols de bétail qui ont toujours existé sans que, dit-on, il y ait jamais eu mort d'homme.
Nous souhaitons que ces confits soient vite circonscrits, surtout que, si le Mujao y est pour quelque chose, il faut redouter à la longue une guerre à la Boko Haran et craindre qu'IBK ne puisse pas faire face à beaucoup de fronts à la fois.
Ahl-Assane Rouamba