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Quand on n’a pas les moyens de son orgueil....

| 26.05.2014
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Quand on n’a pas les moyens de son orgueil....
© DR / Autre Presse
Quand on n’a pas les moyens de son orgueil....
Au plus haut niveau, les autorités maliennes se sont rendues compte qu'elles n'ont pas, jusqu'à présent les moyens de leur orgueil. L'évidence a été faite quand l'armée malienne a décidé d'attaquer et de libérer la ville de Kidal. Devenue, depuis la partition du pays en deux en mars 2011 suite à l'invasion des mouvements djihâdistes un no man's land où ces mouvements dictent leurs lois, contraires à celles qui fondent la nation malienne.

Ainsi, les mouvements djihâdistes viennent d'administrer une véritable leçon de gouvernance, de maîtrise du terrain et de connaissance des questions touaregs à Ibrahim Boubacar Kéïta, le président élu après tous ces mouvements. C'est la preuve à lui ainsi faite que, malgré son score enregistré à la présidentielle et la légitimité qu'il détient, il n'est pas le seul chef du Mali. C'est aussi la preuve que le conflit malien n'est pas résolu définitivement malgré l'opération Serval de la France et l'intervention des armées africaines qui ont juste contribué à affaiblir les mouvements djihâdistes et non à les anéantir. C'est enfin la preuve palpable que malgré tout, le conflit malien ne peut se résoudre que par le dialogue, l'implication réelle des "envahisseurs" et la prise en compte des préoccupations majeures des peuples du Nord.

S'il en est encore besoin, cette intervention mal fondée et inappropriée de l'armée malienne à Kidal vient donner raison à tous ceux, dont la médiation de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) conduite par le Burkina, insistent pour dire que la crise malienne ne peut se résoudre dans la précipitation, encore moins dans la haine et l'exclusion. N'ayant pas vite compris cette dimension de la crise dans son pays, Ibrahim Boubacar Kéïta, son Premier ministre Moussa Mara et son gouvernement sont rattrapés aujourd'hui par la réalité et rassurés qu'ils ont encore du chemin à faire vers la solution définitive de ce conflit. Pour dire que l'accusation de nonchalance et connivence avec les mouvements touaregs qu'il portait contre le Burkina et son président est mal fondée.

Ramené donc à la table des négociations, il n'aura plus toutes les cartes en main pour négocier et s'imposer face à des mouvements qui, auréolés de leur victoire sur l'armée malienne, mettront désormais la barre haut. Le plus dur n'était donc pas d'essayer une quelconque reconquête de Kidal, mais de faire face aux conséquences de cette attaque malencontreuse qui a mis à nu le manque de clairvoyance au plus haut niveau de l'Etat malien par rapport à cette crise.

En même temps que le gouvernement malien complique sa tâche dans la résolution définitive, ou même partielle de la crise au Nord Mali, il rend la tâche difficile pour tous les médiateurs qui interviennent ou qui viendront à intervenir dans le conflit malien.
La seule bonne leçon qu'on peut retenir de cette intervention à Kidal, c'est que l'armée malienne s'est rendue compte qu'elle n'est pas toujours suffisamment armée et courageuse face aux djihâdistes. En outre, Ibrahim Boubacar sait désormais que le plus dur reste à venir dans cette crise et qu'il devra s'y prendre autrement. Enfin, le peuple malien doit retenir que la situation politique et sociale est encore fragile. D'où la nécessité d'éviter de travailler davantage à faire de la réconciliation une véritable question nationale. Le développement, la paix et la concorde nationale passent par la résolution de toutes ces questions.

Dabaoué Audrianne Kani

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