Mali : Kati, caserne- nécropole

| 25.02.2014
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Mali : Kati, caserne- nécropole
© DR / Autre Presse
Mali : Kati, caserne- nécropole
Kati, la petite ville de garnison située à un jet de pierre de la capitale malienne, se serait bien passée de la réputation qui est en train de devenir la sienne. Elevée à la faveur du putsch du 26 mars 2012 au rang de QG de l'ex-junte du capitaine Amadou Haya Sanogo et par conséquent de siège du pouvoir, la caserne-nécropole livre peu à peu ses secrets : en décembre dernier, on exhumait les corps de 21 bérets rouges, ces parachutistes restés fidèles au président Amadou Toumani Touré qui avaient disparu après une "contre-tentative de coup d'Etat". La découverte macabre avait entraîné une vague d'arrestations parmi les officiers de la junte au premier rang desquels le capitaine Sanogo, bombardé entre-temps général, son bras droit ainsi que l'ancien ministre de la Défense devenu chef d'état-major particulier du président Ibrahim Boubacar Keita.

L'affaire en serait restée là si l'on n'avait pas su compter sur la pugnacité du juge Yaya Karembé, chargé de l'instruction du dossier. Fermement décidé à faire toute la lumière sur les circonstances de ces multiples disparitions, il a découvert, dimanche, deux autres fosses communes contenant cinq corps vêtus du treillis réglementaire et avec cette particularité qu'ils avaient été ensevelis avec des crânes de caïmans. Quand on sait que Bamako, la capitale, a pour emblème ce saurien, on se demande à quel sinistre dessein pouvait bien répondre une telle mise en scène.

Mais peu importe, rituel fétichiste ou non, il est désormais certain que le juge d'instruction s'attèlera à retourner pierre par pierre les alentours de la caserne pour mettre à jour tous les secrets enfouis dans ses profondeurs.

Et pas besoin de s'appeler Sherlock Holmes pour se douter que toutes les pistes remontent vers un certain général frais émoulu. Inculpé seulement de complicité d'enlèvement et retenu à la gendarmerie, l'ex-capitaine continue de plastronner, tiré à quatre épingles dans son bel uniforme aux étoiles flambant neuves, en dépit de ses ennuis judiciaires. Ces nouvelles découvertes pourraient considérablement alourdir les charges qui jusque-là pesaient sur le détenu Amadou Haya Sanogo et ses complices.

Vivement donc que la lumière soit faite sur une affaire qui a empoisonné la transition et empoisonne encore cette fragile sortie de crise. Il faut que les militaires impliqués dans ces massacres, fussent-ils généraux étoilés, répondent de leurs actes afin que le Mali puisse enfin clore le ténébreux chapitre de la junte et de ses multiples excès.

H. Marie Ouédraogo

Mise à jour le Lundi, 24 Février 2014 22:44

 

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